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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Les révoltes intérieures


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Nicaise Fagnon n’est plus le chaud yayiste que l’on a connu. L’ancien ministre des transports, réputé « garçon » du Chef de l’Etat, s’est démarqué la semaine écoulée par une prise de position plutôt inhabituelle en ce qui le concerne. Il a appelé à la prudence face à la révision de la Constitution, montrant par là-même une certaine liberté de ton peu répandue au sein de la mouvance présidentielle. Il fait même partie de ceux qui, dans la mouvance, utilisent ouvertement le discours de l’opposition qui estime qu’il y a une course vers une révision opportuniste de la loi fondamentale.

Il y a donc une volonté de se démarquer du discours officiel, volonté déjà perceptible chez Candide Azanaï. L’opposition clairement exprimée du président de Restaurer L’espoir au président de l’Assemblée Nationale n’est plus à débattre. Il n’a pas hésité à user de son style le plus caustique pour tourner en dérision le discours d’ouverture de Mathurin Nago la semaine dernière.

 Les appels au calme et à la sérénité lancés par Mathurin Nago sont pour lui le signe qu’il est « toujours dans les vaps », pensant disposer comme en 2011 d’une majorité confortable qui s’effrite déjà selon lui. Voilà un discours d’un politique qui pense déjà à d’autres échéances, du moins celui d’un homme qui ne veut plus marcher sur la droite ligne tracée depuis le palais de la république. Et derrière Azanaï se cachent d’autres voix toutes aussi discordantes.

La véhémence des propos de Nicaise Fagnon traduit inévitablement une longue fermentation orageuse. Il suffit de voir que depuis quelque temps, l’ancien ministre des transports fait partie de ceux qui n’hésitent pas à résister à l’exécutif même sur des dossiers sensibles. Le cas de la révision constitutionnelle n’est que l’un des révélateurs.

En clair, la mouvance commence à se mouvoir. Un an seulement après la victoire écrasante du camp présidentiel, cette situation est une preuve, supplémentaire s’il en fut, des fragilités frappantes du camp présidentiel. Il y a ici une fragilité aggravée, du fait que la révision était une réforme majeure de Boni Yayi. Promesse électorale fondamentale du candidat en 2011, elle a eu une place essentielle dans son discours d’investiture ce 06 avril 2011.

Et si le Chef de l’Etat s’est engagé à plusieurs reprises à ne pas rester en poste au-delà du terme constitutionnel de 2016, il n’appartient pas aux députés de son propre bloc de douter de sa bonne foi. D’autant qu’eux-mêmes, pour avoir fait campagne pour lui il y a seulement un an, ont presque tous usé de cette promesse pour montrer à leurs électeurs les bonnes vertus démocratiques de leur héros de l’époque. Un an après, les mêmes doutent ouvertement de cette même bonne foi. Ils donnent raison presque entièrement à l’opposition dont l’un des leitmotivs les plus récurrents est précisément cette absence de sincérité du discours présidentiel sur le thème des deux mandats éliminatoires.

Paradoxe saisissant, une RB hier dubitative est aujourd’hui l’un des chantres de la révision, après avoir passé ces dernières années à vilipender la mauvaise foi de Yayi. Aujourd’hui, c’est pratiquement la même RB qui pourrait supplier un Fagnon Nicaise par exemple de croire en la sincérité de son ancien patron. Il faut assurément vivre longtemps pour voir une chose et son contraire.

Cet univers politique versatile et potentiellement délétère traduit ainsi les disfonctionnements de la majorité parlementaire. La communication, l’un de ses talons d’Achille au premier quinquennat, en est aujourd’hui marquée par des murmures et rodomontades connus au Bénin comme les signes annonciateurs des grands chambardements. Tous attachés à la personne du Chef de l’Etat, les députés de la mouvance présidentielle actuelle rappellent ce qu’a été sous Kérékou l’Union pour le Bénin du Futur (UBF). Elle a fini dans la déconfiture, avant même la fin du second mandat du Général.

C’est ce même destin éphémère qui attend les FCBE et l’UMPP. La perte de sens de l’action unitaire chez un nombre toujours croissant de parlementaires, est synonyme chez nous de changement de stratégie. Il ne faut donc pas s’étonner. Le parlement béninois ne sera certainement plus une caisse de résonnance de l’exécutif.

Olivier ALLOCHEME

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