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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Ils doivent être punis


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La junte malienne est sur le départ, et c’est bien. Le quarteron de militaires ayant pris le pouvoir à Bamako ne croyait certainement pas devoir quitter le palais de Koulouba de sitôt. C’est surtout les coups de boutoir de la CEDEAO qui ont convaincu Amadou Haya Sanogo et ses pairs de s’en aller dans leurs casernes et sur les fronts pour combattre l’ennemi qui a assiégé le Nord.

Malgré le légitime sentiment de fierté pour l’organisation sous-régionale dont le rôle a été déterminant dans ce dénouement, l’action de l’institution laisse cependant un goût amer. L’accord-cadre conclu entre les nouvelles autorités de Bamako et la CEDEAO trace le cadre logique de la normalisation de la situation politique du pays à travers la mise en place d’une transition à la tête de laquelle se trouverait le Président de l’Assemblée Nationale devenu Président de la République par intérim. Il sera flanqué d’un premier ministre, le temps de mettre en place un fichier électoral transparent et un calendrier électoral consensuel.

 Il est surtout proposé « une loi d’amnistie générale au profit des membres du CNRDRE et de leurs associés ». C’est une grave erreur. Ces militaires qui ont réussi à mettre le pays à genou auront donc droit aux honneurs de la république malienne. Quel exemple pour les soldats de la sous-région qui pensent peu ou prou comme eux ?

L’état lamentable du Mali est foncièrement un sujet de grave inquiétude. En dehors de l’impasse politique que la bande à Sanogo a créée, il y a la déstabilisation de l’intégrité territoriale du pays désormais livré au nord à des groupes armés provenant du désert. En dehors du MNLA qui a proclamé l’indépendance de l’ « Azawad » vendredi dernier, il y a aussi l’Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) et Ansar Dine, deux groupes islamistes.

Dans les faits, ce sont des groupes de bandits qui se livrent à toutes sortes de trafics dans le désert : trafic de drogue (surtout), de cigarettes contrefaites, de boissons alcoolisées, braquage de voyageurs et kidnapping des Européens échangés contre de juteuses rançons. Ils se sont réarmés au contact du conflit libyen, grâce aux armes vendues au noir ou récoltées par les mercenaires arabes et touarègs ayant combattu aux côtés de Kadhafi l’année dernière.

Ils n’ont donc d’ « islamistes » que le nom, semblables en cela à leurs compères de la Somalie (les Shebaab) et de l’Afghanistan (les Talibans), adeptes du trafic de drogue, des prises d’otage et de braquages en tout genre. A tous ces groupes vient s’ajouter un certain Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), dissident d’AQMI. Dimanche, il a revendiqué « officiellement sa responsabilité dans l’enlèvement du consul algérien et six (membres) de son équipe à Gao », dans un court message.

Il y a enfin le Front de libération nationale de l’Azawad, opposé au MNLA et à ses menées. Composé d’Arabes de Tombouctou, il revendique 500 hommes armés déterminés à protéger les Arabes de ce territoire. Avec cette mosaïque de mouvements armés opposés les uns aux autres, le risque est d’assister à la somalisation du pays, dans un contexte où, déjà, la Libye a joué le rôle de pourvoyeuse d’arme et de répétition générale pour la conflagration.

Dans ce contexte, que dire de ce sombre énergumène, Amadou Sanogo, qui prétend laisser le pouvoir suivant «ses» conditions ? Il réclame de la logistique pour attaquer par les airs, parce que la situation actuelle ne nécessiterait pas, selon ses analyses de putschiste, de troupes étrangères au sol. En voilà un expert qui a su décapiter le commandement militaire de son pays, jouant aujourd’hui le fier-à-bras au moment où la situation s’est totalement dégradée ! Auréolés de l’amnistie générale offerte par la CEDEAO, lui et ses compères veulent maintenant dicter la stratégie militaire et avoir leur mot à dire.

Demain, ils revendiqueront aussi quelque strapontin au sein de la hiérarchie militaire ou une place de… député. Et leurs frères d’armes de la sous-région, observant tout ceci avec satisfaction, du haut de leurs galons, s’en iraient déstabiliser leur pays, en comptant sur une amnistie générale de la CEDEAO pour commettre leur crime.

Non ! Sanogo et compagnie méritent la Cour martiale ! Même s’il faut comprendre la prudente diplomatie de la CEDEAO, ces militaires ne méritent pas l’impunité.

Olivier ALLOCHEME

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