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Le triomphe de la vérité

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Déclaration du député Charlemagne Honfo sur la crise dans l’enseignement et la révision constitutionnelle:« Nous avons un devoir de responsabilité, de vérité, d’équité et de justice, d’éthique et de morale vis-à-vis de notre pays»


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L’actualité au Bénin et sur le continent africain ne laisse personne indifférente. Dans un entretien qu’il a accordé au journal ’’ l’Evénement Précis’’, l’honorable Charlemagne Honfo, délégué général chargé de la communication et de la liaison entre les membres de la direction exécutive nationale et porte-parole du PRD n’a pas caché ses opinions par rapport aux diverses scènes politiques en cours. Du coup d’Etat malien aux dernières activités parlementaires en passant par la crise qui entrave le secteur de l’enseignement, le député PRD n’a pas marchandé les mots avant de livrer ses appréciations.

L’Evénement Précis : Honorable Charlemagne Honfo, actualité oblige, dites-nous votre appréciation sur le coup d’Etat intervenu au Mali ?

He Charlemagne Honfo : C’est avec un sentiment de consternation que j’ai appris cette triste nouvelle qui a fait tomber la démocratie malienne car qu’il vous souvienne que depuis un certain nombre d’années, ce pays s’est inscrit sur la voie démocratique et sa démocratie a commencé par forcer l’admiration de tout le continent surtout que nous autres, dans notre pays le Bénin, nous avons commencé par tricher avec notre conscience et que nous avons aussi commencer par jouer avec notre démocratie qui était le modèle en Afrique. C’est avec un cœur très gros que j’ai appris la nouvelle qui, doit interpeller la conscience de l’ensemble des gouvernants africains et primordialement celui de mon pays.

Quelle est la position de votre parti politique par rapport à ce coup d’Etat puisque c’est la remise en cause des institutions démocratiques qui s’en suit directement ?

Le PRD est un parti démocratique. Mais à l’heure où je vous parle, je ne saurai exprimer le point de vue de mon parti puisque nous ne sommes pas encore réunis là-dessus. Mais je ne connais pas également la position de mon pays. J’ai appris que le Président de l’Union Africaine en exercice si cette union là existe encore s’est dépêché de se rendre là-bas. Mais jusqu’à présent nous n’avons pas encore la position de notre pays. Mais au niveau du PRD, nous ne nous sommes pas encore penchés sur le sujet

Revenons au Bénin où depuis plusieurs mois, les élèves sont à la maison et même s’il y a une reprise timide suite aux menaces proférées par le pouvoir en place, il demeure que les syndicalistes ont adopté une stratégie de grève sur le tas. Quelle est votre appréciation de cette situation et quelle porte de sortie entrevoyez-vous?

Une fois encore, vous avez-vous – même constaté la limite de notre gouvernement à gérer sainement les différents problèmes sinon les différentes crises que lui-même entretient et provoque parce que si le gouvernement devrait mieux faire, il allait emprunter la voie que nous avons suggérée dans notre communiqué.

Vous savez que le PRD a sorti un communiqué pour demander aux différents acteurs de s’entendre afin que les enfants reprennent les cours. Pour nous, l’idéal serait d’emprunter la voie de ce communiqué que nous demandons au gouvernement de relire attentivement puisque nous avons déjà tout dit dedans.

Mais depuis la sortie de ce communiqué l’école est toujours fermée?

C’est le management des ressources humaines qui pose problème. Nous avons demandé au gouvernement de prendre un engagement vis-à-vis de ses partenaires sociaux ou autrement de les rassurer de ce que même s’il n’a pas de disponibilité, de prendre un engagement écrit afin de les rassurer quitte à poursuivre les négociations pour que dans un mois, dans deux mois, ils puissent se rasseoir sur le sujet et trouver une solution parce que la revalorisation de la fonction enseignante est une évidence et reconnue par tous les partis politiques, tous les acteurs politiques et même, souhaitée par la constitution du Bénin en ce sens que l’on a fait de la fonction enseignante une fonction spécifique.

 On ne peut plus revenir dire que la revalorisation de la fonction enseignante est à globaliser dans la motivation sur l’augmentation sur salaire des fonctionnaires. C’est vrai que les enseignants sont des fonctionnaires mais la spécificité ici est que la constitution du Bénin à la conférence nationale a demandé de traiter leurs cas à part. Donc si tous les acteurs politiques l’ont reconnu et l’ont dit au cours des différentes campagnes des joutes électorales qui sont passées, ce n’est pas aujourd’hui que le gouvernement va le dévier.

Mais le gouvernement parle d’indisponibilité financière ?

Est-ce que les enseignants ont demandé à ce qu’on les paye sur-le-champ ? Ils ont dit de prendre un engagement, de les rassurer. Si vous êtes un père de famille et que vous supposez que ce que réclament vos enfants, vous n’en avez pas, ce n’est pas en les menaçant, ce n’est pas en les tapant que vous réglez le problème. Vous donnez d’assurance à vos enfants de ce que vous ne l’avez pas aujourd’hui mais ils l’auront une autre fois et vous les exhortez même à la prière.

Ce n’est seulement que par les menaces qu’on peut gagner quelque chose, je crois que c’est regrettable pour l’école béninoise. Dans le même temps, nous avons demandé dans notre communiqué aux enseignants de ramener la balle à terre et de comprendre qu’aujourd’hui, ce n’est pas l’attitude du gouvernement qu’il faut regarder mais les parents d’élèves qui ont investi sur leurs enfants et qui attendent un bon résultat à la fin de l’année.

Mais nous avons vu, nous autres, sauf cas de mauvaises appréciations, les enseignants dans cette disposition de ne pas blanchir l’année, de travailler ; le reste c’est aux gouvernants de mieux discuter avec eux pour que cela puisse aller dans de bonnes conditions pour sauver l’école béninoise, qui, aujourd’hui n’a aucune assurance de résultats parce qu’en les renvoyant dans ces conditions, dans les classes, même s’ils font semblant de travailler pour une semaine que le gouvernement voudra les surveiller, et après. C’est les policiers, les militaires qui rentrent désormais dans les établissements et qui malmènent les instituteurs devant les élèves.

Quelle est votre opinion sur cette situation?

Je dis que le gouvernement a très mal fait d’impliquer les corps habillés dans la résolution du problème qui l’oppose aux enseignants. Il abuse de tout aujourd’hui. Ce n’est pas comme- ça qu’il faut régler une crise. On n’a plus l’impression qu’on est dans un pays démocratique mais à petit coup, c’est la dictature qui s’installe et personne ne dit rien.

Etes-vous d’avis avec ceux qui pensent que le gouvernement veut obtenir une année bâclée en évitant une année blanche ?

Le gouvernement, en cherchant à sauver la face pour dire que l’année n’est pas blanche ne favorise pas le bon savoir à nos enfants. Donc tous les parents doivent se dire donc que le gouvernement qui a le droit constitutionnel d’aider à une bonne éducation, à une bonne émancipation des enfants, ne fait rien pour favoriser cette éducation parce que tout le monde voit que dans cette condition, les enseignants ne vont pas bien donner. Les gouvernants en sont conscients. Les gouvernants ont été éduqués par ces enseignants, les policiers eux aussi. Mais ils ne doivent pas voir leurs positions aujourd’hui pour malmener ceux à qui ils doivent des redevances. Le faire, c’est péché contre la nature et ça rattrape. On ne voit pas mais ça rattrape.

Après l’ouverture de la session extraordinaire lundi dernier, dites – nous comment vont les travaux à l’hémicycle ?

Après l’ouverture, traditionnellement ou habituellement, c’est les travaux en commission qui démarrent pour les différents dossiers inscrits à l’ordre du jour. Les dossiers qui sont inscrits à l’ordre du jour de la présente session extraordinaire sont des dossiers politiques et qui intéressent tout le peuple à la fois. Qu’il s’agisse du code de la procédure pénale en ce que cela retrace le domaine de la liberté, la vie carcérale et l’ensemble de tout ce qui peut y avoir sur la voie de la justice de notre pays, vous devez vous dire que c’est important.

Qu’il s’agisse de la loi sur l’identification de la personne physique pour compléter la Liste Electorale Permanente Informatisée, LEPI, que nous tous savons, bâclée. Qu’il s’agisse de la loi du découpage territorial, vous savez que cela touche les fibres sensibles de notre pays et enfin de cette loi dont on ne doit plus parler, je veux parler du décret portant la révision de la constitution du Bénin. Ces différents dossiers intéressent l’ensemble du peuple.

 Mais ce qui est à regretter simplement c’est que nous ne savons pas les motivations pour lesquelles on les a introduits en session extraordinaire. C’est cette ruse qu’il faut déplorer parce que nous sommes conscients que nous ne pouvons pas étudier ces dossiers là au cours d’une session extraordinaire.

Le code de procédure était à l’Assemblée Nationale depuis plusieurs législatures, depuis au moins la quatrième législature. A en croire les juristes, c’est une loi très importante, vous l’avez déjà adoptée, est-ce que vous pouvez nous parler de quelques innovations dans la nouvelle mouture de cette loi ?

Le code de procédure pénale est une ancienne proposition déposée près de la commission des lois. J’avoue qu’on pouvait même présenter ce seul point à l’ordre du jour ou un autre point qui concerne la vie parlementaire et laisser les autres. Mais je puis vous rassurer que cette loi a été l’objet de séminaire et au cours de son étude dans les commissions, il y a des experts qui étaient venus nous exposer les méandres de cette loi. A l’étape d’aujourd’hui, il y a beaucoup d’innovations mais je peux vous parler essentiellement de deux ou trois.

Vous savez qu’avant, il n’y avait pas un juge de liberté. La vie carcérale de nos concitoyens ne plaît à personne, ni aux magistrats, ni aux gouvernants, ni aux législateurs. Par rapport à ça, il y aura désormais un juge de liberté dont les rôles étaient pour la plupart confiés aux juges d’instructions. S’agissant de la deuxième innovation, je dirai que tel que le mécanisme de programmation des dossiers est fait, aucun dossier ne peut plus dormir aujourd’hui dans le tiroir d’un magistrat.

Troisième innovation, il y aura moins d’immixtion du procureur dans les débats. Tout présumé, condamné à quelque sujet que ce soit, a la possibilité de faire recours à un avocat à partir de la brigade. Il faut vous dire aussi que selon le nouveau code, un Officier de Police Judiciaire, doit avoir un minimum de niveau du baccalauréat. Voilà donc quelques innovations dans ce texte que nous allons peut-être voter au cours de la présente session.

Venons à l’un des points de cet ordre du jour qui focalise pratiquement l’attention de toute la Nation et qui fait couler beaucoup d’encres et de salive : la révision constitutionnelle. On apprend déjà que le consensus est entrain d’être fait sur cette révision, êtes- vous de cet avis ?

Vous savez que toute constitution porte en elle-même, les germes de sa révision. Donc réviser une constitution aux fins d’y introduire des innovations participe au bon fonctionnement du système démocratique dans notre pays. L’initiative est à encourager. Je vous ai dit que c’est la précipitation avec laquelle ce dossier a été introduit en session extraordinaire que nous n’avons pas comprise.

 Cette loi est une loi fondamentale qui régit la vie du fonctionnement de notre rôle d’animation de la vie politique nationale, nous avons pris la mesure de la chose et en tant qu’éclaireur de conscience des populations, le PRD a initié une journée de réflexion qui se tiendra le 31 Mars prochain au stade Charles -de- Gaule de Porto-Novo et qui réunira le bureau politique, les membres de la direction exécutive nationale, les cadres, les maires, les députés du parti pour réfléchir sur la question afin de voir l’opportunité de la révision.

Au moment où nous avons la crise économique, la crise sociale entretenue par le gouvernement et provoquée par lui-même, la crise politique, au moment où, en somme, notre pays est malade, est-ce qu’il urge, puisque nous sommes conscients que le président Boni Yayi veut s’accrocher au pouvoir, de procéder à une quelconque révision actuellement ? Le PRD va réfléchir sur cette question, l’analyser et aider à ce qu’à la base, les organes soient préparés à la décision que prendra le bureau exécutif dans ce sens.

En tant que député, ne voyez- vous pas que c’est opportun de corriger certaines insuffisances de la constitution ?

Je vous ai dit que toute constitution porte en elle-même les germes de sa révision. C’est-à-dire que réviser la constitution n’est pas un problème. Mais qu’est ce qu’on veut réviser ?

Voulez- vous dire que jusque là vous n’avez pas encore en main le texte à étudier en tant que député ?

On nous a distribué un faux texte, c’est -à-dire un décret qui a été introduit depuis 2009 portant révision constitutionnelle alors qu’en 2011, le chef de l’Etat a réuni les constitutionnalistes, les hauts magistrats afin de lui faire des propositions allant dans le sens de la révision de la constitution.

Le rapport de cette commission dirigée par le ministre Joseph Gnonlonfoun n’est même pas encore déposé. Comment est-ce que vous comprenez qu’on ait introduit un projet de loi à l’assemblée et qu’au même moment, on monte un comité pour dire de faire des propositions. Cela veut dire que le texte qui sera soumis à l’examen des députés est ailleurs. Autrement, il y a comme une incohérence dans cette démarche. Il y a du flou, et nous ne savons pas où est-ce qu’on veut conduire le pays.

 Le texte que nous avons en main aujourd’hui, c’est le texte de 2009. Que deviendront alors les conclusions et les recommandations qui seront issues des travaux de ce comité ? Cela veut dire clairement que le ver est dans le fruit.

Vous êtes membre de la commission des lois, selon les programmations au cours de cette session extraordinaire, l’examen de ce point inscrit à l’ordre du jour est programmé pour le mardi prochain, êtes vous sûrs que vous pouvez aborder ces points de l’ordre du jour, notamment la révision de la constitution ?

Je ne suis pas l’initiateur de ce projet de constitution. Je ne suis pas membre du bureau de l’Assemblée Nationale. Enfin, je ne suis pas non plus dans le bureau de la commission. Nous allons voir comment le gouvernement et ses alliés au parlement vont procéder surtout qu’ils ont la possibilité de convoquer mille sessions extraordinaires. Peut être qu’à la fin de cette session, ils vont introduire une autre session extraordinaire avant la session ordinaire.

 Ce n’est pas la période qui est mon problème mais c’est l’opportunité actuellement à introduire un tel projet de loi qui touche à la vie fonctionnelle du pays. Qu’est-ce qui urge et pourquoi pendant qu’on nous a demandé d’étudier un texte, on a un autre comité qui travaille parallèlement. Je demande à tout le peuple de rester vigilant et à vous journalistes.

Que contient la proposition de loi portant identification de la personne physique en république du Bénin et quel sort, vous lui réservez ?

Essentiellement, c’est la procédure et la méthode à utiliser pour identifier les personnes physiques dans chaque localité. Cette étude a été programmée pour le 22 de ce mois mais la difficulté que nous avons rencontrée est de deux ordres. Le premier, le règlement intérieur du parlement dit qu’une proposition de loi ayant une incidence financière doit être accompagnée de proposition de recette.

La présente proposition de loi ne respectant pas cette exigence, nous avons ajourné son examen en commission afin que le gouvernement puisse prendre un engagement de savoir qu’une fois fait, il peut aider à mobiliser les ressources. Deuxième chose, il faut vous rappeler que c’est un découlant de la loi sur la LEPI, c’est l’une des attributions de la loi sur la LEPI. Aider à parfaire la LEPI, c’est une bonne chose. Mais je vous avoue que c’est une bouffe que les gens veulent se créer.

On a fait le RAVEC dans ce pays et il a été déclaré non efficace car il y a environ 30% des étrangers résidant au Bénin qui ont été pris en compte. Ce sont les gouvernants mêmes qui l’ont dit. La LEPI a été déclarée bâclée alors qu’on sait que c’est près de vingt- six milliards qu’on a mis dedans. C’est une bouffe qui se crée tout en reconnaissant l’opportunité de cette proposition de loi. Mais il reste la sincérité des hommes qui seront appelés à animer les différentes structures pouvant conduire à cette opération.

En tant que député de l’opposition, si éventuellement, le gouvernement vous donnait la garantie qu’il y a les disponibilités financières pour voter et pour faire appliquer cette loi, la voteriez-vous ?

D’abord, en identifiant une personne physique dans une localité, dans une commune, ce n’est pas question de l’opposition, ni de la mouvance. C’est une question de la responsabilité d’une Nation et c’est le pouvoir de tout élu ou représentant des populations d’encourager la chose. Au fond ce n’est pas une mauvaise chose, c’est une question de souveraineté nationale. Il n’y a pas de raison que, quand c’est juste et bon, qu’on n’y participe pas. C’est lorsque ce serait biaisé que nous serons obligés d’avoir de réserves. C’est ce que nous crayons connaissant ceux qui nous gouvernent et leurs modes de fonctionnement.

Honorable, votre mot de la fin

Je dirai trois ordres. Le premier, que le gouvernement prenne conscience que l’enseignant est pour un pays ce qu’est le sel pour une sauce. S’il n’y a pas d’enseignants dans un pays, il ne peut pas y avoir un président de la république parce que nos différents textes disent qu’il faut savoir lire et écrire le français.

 C’est eux qui nous l’apprennent alors que cela fait partie des conditions pour être candidat à une joute électorale. Que les gouvernants cessent alors de torpiller, de malmener les enseignants. Deuxièmement, je dis à toute la classe politique béninoise que nous avons un devoir de responsabilité vis- à –vis de notre pays. Le devoir de vérité, d’équité et de justice, d’éthique et de morale. Nous sommes aujourd’hui, de par notre position, les privilégiés de la république et qu’il y a d’autres qui vont venir.

Il ne faudrait pas qu’ils trouvent trop à nous reprocher. Nous avons été une véritable gangrène pour notre population. Troisième chose, je demande à tout le peuple béninois d’être attentif à tout ce qui se passe et aux députés enfin de savoir que la révision de la constitution telle que introduite actuellement est totalement opportune et cette opportunité est que nous devons y introduire des choses mais le principe ou la méthode utilisée est inopportun.

 Donc ce n’est plus une urgence pour nous. L’opportunité est là mais la méthode utilisée la rend inopportune. Je demande à tous les députés de rejeter le principe pour qu’on puisse ouvrir un débat national autour afin que le consensus à valeur constitutionnelle soit la porte d’entrée à cette véritable révision.

Entretien réalisé par

Hugues PATINVOH et transcrit par Esckil AGBO

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