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Le triomphe de la vérité

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Déclaration du Front:La grève continue sur le tas


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Dans une déclaration rendue publique ce vendredi 16 mars 2012, le Front des Enseignants des Trois Ordres d’Enseignement indique qu’il entend continuer la grève de 96 heures. Cette fois-ci, les enseignants affirment que « pour des raisons de stratégie et de sécurité », l’orientation du mouvement a changé. Les enseignants veulent une grève « qui se traduira par [leur] présence dans l’espace scolaire, loin des salles de classes, soit à la salle de réunions, soit dans la salle des professeurs… »

Il s’agit simplement d’une grève sur le tas qui n’est pas différente des autres formes de débrayage, étant dit que le résultat est le même : il n’y aura pas cours. Cet appel au débrayage fait front à d’autres déclarations publiques de syndicats comme la COSEN et le SYMPER qui se sont désolidarisés la semaine dernière, appelant à la reprise des cours. Voici l’intégralité de la déclaration lue, ce vendredi 16 mars à la Bourse du Travail.

Olivier ALLOCHEME

Déclaration du Haut Conseil Syndical de l’Education sur l’Evolution de la crise qui oppose au Gouvernent au Front- FESEN/CSTB-FESEQ

Depuis bientôt deux mois, le Front d’Actions des Syndicats des Trois Ordres d’Enseignement avec la Fédération des Syndicats de l’Education Nationale(FESEN) s’est engagé dans un combat non seulement pour un peu plus de justice distributive mais également pour la sauvegarde de la démocratie, largement menacée.

Le lundi 12 Mars 2012, le Chef de l’Etat a convoqué au palais de la république une séance qui a mobilisé un beau monde que la presse a appelé la rencontre de la dernière chance. Au fait quelles sont les raisons de l’échec de ladite rencontre? Quelles sont les causes de la poursuite du mouvement et de notre volonté de changer de stratégie à partir du lundi 19 Mars 2012 ? Enfin, à quel niveau se trouve la porte de sortie de crise qui aidera à sauver l’année scolaire 2011-2012 ?

I. Les raisons de l’échec de la rencontre du 12 Mars au palais

Conformément aux positions de l’article 3 de la loi portant exerce du droit de grève en République du Bénin, « les litiges collectifs intervenant dans tous les secteurs de la vie professionnelle font l’objet de négociation» mais quelle peut être la qualité des négociations lorsque «tout le village» est appelé à négocier en violation des normes élémentaires de la négociation collective? Dans quel état les délégués syndicaux étaient appelés à discuter lorsque le Président de la République choisi l’occasion de la rencontre pour faire grief de tout ce qu’il ruminait aux représentants des travailleurs en proférant des invectives contre eux, dans le souci de les humilier publiquement?

A quel résultat pouvait ou aboutir lorsque le Chef de l’Etat n’avait aucune proposition à soumettre au début en vue de la recherche d’une porte de sortie de crise? A la lumière de ce qui précédé, il est évident que le Chef du Gouvernement à tout mis en œuvre pour faire échouer la rencontre du 12 Mars au Palais de la République.

II. Les causes de la poursuite du mouvement et du changement de la stratégie

Aucun dirigeant syndical responsable ne peut lever le préavis de grève en cours sans rendre compte à ses mandants de tout ce qui s’est passé au Palais de la République et leur permettre de faire les analyses nécessaires avant de débaucher sur les perspectives. Le Front, ensemble avec la FESEN, s’est acquitté de ce devoir les Mercredi 14 et Jeudi 15 Mars 2012.

La synthèse des comptes rendus révèle que les enseignants sont profondément indignés du fait que le Président de la République et les membres de son gouvernement continuent d’avoir des difficultés à avoir le langage et le comportement des débiteurs face à leurs créanciers à qui ils doivent des mois d’arriérés de l’allocation d’incitation à la fonction enseignante, du salaire pour ce qui concerne les éducatrices et éducateurs, d’indemnité de responsabilité pour les censeurs adjoints et les enseignants sont de plus en plus inquiets du fait que le Président de la République, garant du respect de la constitution, des traités et accords internationaux éprouve le plaisir à développer une gouvernance administrative approximative qui met en danger notre Etat de droit.

Le compte rendu du conseil des ministres du 14 Mars 2012 indique que les enseignants sont coupables de faute lourde en allant en grève ni l’article 131 du statut général des APE, ni l’article 23 de la loi portant exercice du droit de grève ne pen11et au gouvernement de faire une telle affirmation. Les dispositions de l’article 31 de la constitution stipule que « l’Etat reconnait et garantit le droit de grève» à tous les travailleurs.

Il est alors paradoxal que le conseil des ministres sous la présidence du Chef de l’Etat, affirme qu’il prépare à violer les textes réglementaires et législatifs de 1 République en radiant de la fonction publique les enseignants communautaire et contractuels reversés et les responsables administratifs exerçant des fonctions d’autorité, actuellement en grève. Mieux dans sa conception brouillonne de la gestion du dialogue social et en méconnaissance des normes établies par l’OIT, le gouvernement croit qu’on négocie au même rythme en période de crise qu’en temps d’accalmie.

Par ailleurs, dans sa culture des amalgames et des confusions, doublé d’une banalisation de la fonction enseignante, il oublie que n’est pas enseignant qui veut et que la reprise de l’encadrement pédagogique des apprenants après près de deux mois de rupture, passe par le un travail de remise à niveau qui est plL1S un travail de professionnels que de profanes. Le Pape Benoit XVI l’a si bien compris qu’il l’a souligné dans son message pour 12.

Journée Mondiale de la Paix 2012 en disant « l’éducation est l’aventure la plus fascinante et difficile de la vie … Ce processus se nourrit de la rencontre de deux libertés celle de l’adulte et celle du jeune … Plus que jamais sont nécessaire pour cela d’authentiques témoins et non de simples dispensateur de règles et d’informations ». Sur la base de tout ce qui précède, les enseignants grévistes ont de façon consensuelle recommandés la poursuite de la grève.

Pour des raisons de stratégie et de sécurité pour le mouvement, ils ont l11ajoritairement demandé que du lundi 19 au jeudi 22 Mars 2012 nous changeons l’orientation de la grève en observation une grève sur le tas qui se traduira par notre présence dans l’espace scolaire, loin des salles de classes, soit à la salle des réunions, soit la salle des professeurs, pour nous occuper de façon collective ou individuelle.

III. La porte de sortie de crise (en guise de conclusion)

A la date d’aujourd’hui, les enseignants qui militent au sein du Front restent convaincus qu’il est encore possible de sauver l’année scolaire 2011-2012. Pour gagner ce pari, les deux parties en conflit doivent s’engager à consentir des sacrifices. L’Etat employeur avec à sa tête le Président de la République, doit:

1. reconnaître publiquement qu’il est débiteur vis-vis des enseignants de la maternelle, du primaire et du secondaire pour ce qui concerne le paiement des arriérés d’allocation d’incitation à la fonction enseignante;

2. arrêter toutes les invectives à l’endroit de tous les dirigeants syndicaux en particulier et des enseignants en général; continuer à le faire c’est commettre un sacrilège qui peut être puni par le tribunal des hommes ou à défaut, le tribunal divin;

3. arrêter la confiscation des libertés individuelles et collectives garanties par la constitution, de même que les menaces sans aucun fondement juridique;

4. ouvrir les négociations sur la base du principe de bonne foi établi par l’OIT;

5. reconnaître qu’il n’a jamais rien fait pour les enseignants sans un minimum de pression.

De leur côté, les représentants des enseignants sont prêts pour faire toutes les concessions possibles, face aux propositions du gouvernement, en vue d’une sortie de crise qui honore l’Ecole et la nation béninoise toute entière. Au besoin, les enseignants au vue des efforts particuliers que le gouvernement pourrait déployer face à une crise majeure comme celle que nous gérons actuellement, sont disposés à sacrifier une partie de leurs vacances pour sauver l’année scolaire fortement menacée.

Vive les enseignants qui sont encore dans le combat!

Vive l’école Béninoise!

Vive la Démocratie !

Cotonou, le 16 Mars 2012

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