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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Le joyau oublié


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On avait mis beaucoup d’espoir dans la zone franche industrielle (ZFI). Mais aujourd’hui, sept ans après l’installation de celle de Sèmè, peu de choses ont bougé. L’idée était pourtant bonne au départ : offrir aux industriels qui le désirent l’opportunité de bénéficier de facilités fiscales substantielles en vue de produire pour exporter.

Aujourd’hui, la ZFI de Sèmè compte deux entreprises industrielles réellement installées. L’administration du site même est installée dans le confort de Cotonou et la zone attend toujours ses commodités de base. Au milieu des hautes herbes, quelques ouvriers s’affairent sans conviction tandis que deux cadres devisent pensivement.

Des phrases tranchantes fusent sur les investissements étrangers qui ne pourraient jamais se faire sur un site pareil, sur l’administration corrompue, sur les infrastructures qui prennent du temps à se mettre en place… Dans la réalité, la ZFI en attente accuse les faiblesses de notre système national de production. Comme dans la plupart des pays d’Afrique. Il est vrai que l’Egypte fait exception à cette règle. Le pays possède plusieurs zones franches gérées par l’Etat et une par le privé. Des milliards y sont investis chaque année. Un rapport de la CNUCED parle d’un total de 10 milliards de dollars en décembre 2006.

 Une autre expérience édifiante, celle de l’Ile Maurice qui a commencé vers les années 80 avec des licences délivrées par la Central Zone Authority. Aujourd’hui 80% des exportations de l’île proviennent des zones franches. Cependant, quelques usines textiles ont commencé à migrer vers Madagascar où les salaires sont plus compétitifs. D’autres producteurs ont carrément cessé leurs activités à cause de l’élévation des charges sociales montées en flèche suite au boom touristique. Mais l’île conserve une dynamique remarquable qui lui permet de caracoler dans le peloton de tête des économies africaines.

Quelques zones franches qui avaient rencontré des difficultés au démarrage ont repris du service avec quelques motifs de satisfaction, notamment au Ghana, au Cameroun et au Soudan. Le Ghana a commencé en 1996 à Accra avant de s’ouvrir sur d’autres sites comme Gatorade et Tema.

Quant à l’Afrique du Sud, elle a rejoint le train en 1994 avec l’idée de valoriser des espaces non utilisés autour de certains ports et des gares. On ne saurait oublier la vive opposition faite aux projets de zones franches par les opérateurs locaux, notamment ceux de l’industrie textile inquiets des facilités accordées à la zone franche.

C’est dire qu’en fait, la zone franche est une arme à double tranchant. Permettre aux opérateurs nationaux qui exportent plus ou moins d’accéder à ces statuts de zones franches revient à autoriser l’évasion fiscale. Les autorités gérant ces zones franches ont donc besoin d’avoir des formations spéciales pour le management puisqu’elles sont appelées à négocier avec les investisseurs. La formation des officiers de douane aux règles des zones franches est aussi nécessaire. L’effort peut se révéler payant : selon la Banque mondiale, pour chaque emploi créé dans de telles zones, deux sont créés dehors.

C’est dire que la zone franche est un vecteur de croissance. Un rapport conjoint de la CNUCED et de l’ONUDI publié en juillet 2011 indique qu’ « aucun pays n’a enregistré une croissance élevée et soutenue sans connaître un processus de transformation structurelle caractérisé par la réorientation de la production et des exportations vers les produits à forte productivité au détriment des produits à faible productivité. Il s’ensuit que la production et les exportations d’un pays jouent un rôle important dans la croissance et le développement.» Nous n’avons donc pas le choix.

Face au paradigme du développement, les approches utilisées ont toujours tourné autour de la mise en place de facilités en vue de promouvoir l’initiative privée à tout prix pour encourager les exportations. L’exportation est notre salut et reste au cœur des projets de zone franche.

 En Chine, les zones industrielles et les zones économiques spéciales ont donné lieu à une dynamique nouvelle qui, combinée avec d’autres facteurs, a propulsé les exportations pour mettre aujourd’hui le pays dans la vague doucereuse des excédents commerciaux. Voilà donc le challenge.

La ZFI du Bénin peut aider à relever le défi si elle sortait de l’oubli, de la commune négligence qui fait actuellement sa léthargie.

Olivier ALLOCHEME

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