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Le triomphe de la vérité

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Pauvreté féminine:Voici comment se débrouillent les concasseuses de pierre de Parakou


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La pauvreté ronge les femmes rurales. Exemple, les concasseuses de gravier de la « carrière Coteb », à l’entrée de la ville de Parakou.

Parakou, entrée de la ville.Nous sommes au lieu dit « Carrière Coteb », l’un des nombreux sites d’exploitation de gravier de la zone. L’endroit, assez vaste, est parsemé de dizaines d’abris de fortune, c’est à dire une ou deux feuilles de tôles habilement maintenues par des poteaux de bois. Ainsi « protégées » des rayons ardents et mordants du soleilen ce début d’après-midi, des femmes concassent sans discontinuer des blocs de pierre que leur ramènent les enfants présents sur le site, leurs enfants.

L’objectif visé par l’opération est d’en faire du gravier, un matériau qui sera ensuite vendu par tonneau aux acheteurs qui ne manquent pas, la demande en gravier étant réelle.Son tonneau étant loin d’être plein, une très jeune femme, Gracia, s’active, redoublante d’ardeur, car elle a besoin de cet argent pour vivre. Elles sont d’ailleurs toutes dans la même situation, les femmes de ce site. Pour subvenir aux besoins de leurs familles, elles se sont vues dans l’obligation de casser la pierre au sens propre du terme.

Travaillant à la main, sous un soleil ardent, à la limite du supportable parfois, elles sont présentes sur le site le matin vers 8 heures, et y restent jusqu’au soir, vers 17 heures au moins, avec comme seul repas, un peu de nourriture et un peu d’eau. Exposées à de graves accidents de travail,notamment à la crevaison d’un œil et aux blessures des mains, ces femmes préfèrent s’en remettre à Dieu. Certaines, pour éviter de se broyer les doigts par un coup de marteau mal placé ont cru trouver une solution en « habillant » leurs doigts de bouts de tuyaux. Protections dérisoire. Sous l’abri de fortune qu’elle s’est construit, Gracia concasse. Mère d’un petit enfant endormi près d’elle, elle accepte de se livrer à quelques confidences sur son activité.

« Je concasse depuis que je suis petite. Mais ça fait cinq ans que c’est devenu mon travail » commence t-elle par dire, un brin timide, avant de faire part de la difficulté qu’elle éprouve à trouver « quelquechose » de stable et meilleur. « Il m’arrive de trouver d’autres travaux mais ça ne dure pas et je suis obligée de revenir ici derrière laCoteb» finit-elle par lâcher ensuite, esquivant de peu un éclat de granite qui manque de lui atterrir en pleine figure. Interrogée sur la Journée internationale de la femme, elle dit n’être au courant de rien et se montre plutôt préoccupée par le tonneau qu’elle doit remplir, garantie pour elle de rentrer avec au moins 1200 francs CFA sur les 3750 que coûte le tonneau. 1200 francs, contre près de 10 heures de pénitence.

Le reste de cette somme, soit 2550 francs CFA, est réparti entre les nombreux autres « acteurs » impliqués dans la chaîne, de la concasseusequi fournit l’essentiel du travail, au propriétaire du site, en passant par les pointeurs assis à l’ombre de quelques bananiers chétifs. Ainsi va la vie des femmes concasseusesde la « carrière Coteb » de Parakou.

Flore S. NOBIME

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