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Entretien avec la vedette de la musique béninois, John Arcadius:« Je réserve de nombreuses surprises à ceux qui viendront à mon concert »


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La vedette de la musique béninois, John Arcadius

La vedette de la musique béninoise, Avaligbé Comlan Arcadius alias John Arcadius est en concert ce samedi 10 février 2012 à l’Institut français de Cotonou. Dans cet entretien, il évoque le lancement de son troisième album intitulé « Ouidah Blues », parle de ses relations avec les artistes béninois et lève un coin de voile sur la place du Vodoun dans sa musique.

L’Evénement Précis: Quelle surprise réservez-vous au public qui viendra à votre spectacle ce samedi ?

John Arcadius: Ah ! Surprise, moi j’adore d’abord la surprise. Donc du coup, il y aura de nouveauté, j’inviterai beaucoup de musiciens. Il y aura un concert acoustique de différents styles. C’est deux styles différents. L’acoustique sera surtout la surprise.

Vous allez profiter de ce concert pour lancer votre troisième album. Quelle est la particularité de ce nouveau-né ?

Le troisième album sera beaucoup plus authentique, car il ramène à tout mon séjour depuis trois ans au Bénin où j’ai eu le temps de m’initier dans le Bénin profond, dans ma propre culture, d’aller chercher ce qui est exploitable pour être accepté à l’étranger. La musique béninoise doit être exportée.

Quels seront les musiciens locaux qui seront à vos côtés pour ce concert ?

C’est une surprise, je vous laisse découvrir pour ceux qui seront au spectacle. Une surprise reste une surprise.

Dites-nous quelles sont vos relations avec les musiciens béninois?

J’ai un très bon rapport avec les musiciens de la place surtout les instrumentistes, les chanteurs et chanteuses qui viennent souvent dans mon studio que j’ai installé il n’y a pas longtemps. Avec eux, on fait beaucoup de choses. C’est vrai qu’il n’y a pas encore un disque d’or, mais ça va venir.

Vous arrive-t-il de venir en aide aux jeunes musiciens béninois comme l’avait fait l’artiste Nawadja avec vous il y a quelques années?

Avec Nawadja c’est autre chose. On a travaillé ensemble. Je l’ai rencontré en Europe. Il a été mon manager pendant un moment et on a beaucoup travaillé ensemble. Quand on parle d’aide, je dis que c’est un mot très sensible dans le monde du showbiz. Aider un artiste, pour moi, je n’aime pas entendre ça. On ne peut aider quelqu’un qui n’a pas de talent. Vous ne pouvez pas venir en aide à quelqu’un qui ne vous apportera rien. Si vous misez sur un artiste, vous attendez un retour. Surtout dans le showbiz, on veut tous gagner. Quand je travaille avec des artistes, je leur prodigue des conseils. Je les amène plutôt sur une direction qui va être bien pour eux.

Certains vous reprochent d’utiliser un « Fon » inaccessible à une certaine frange de la population. Que répondez-vous à cela ?

C’est super ! (rire). Il est vrai que je suis né de deux Fon, un Fon d’Abomey et un Fon de Ouidah par ma mère. J’ai beaucoup d’autres origines que ça mais je suis Fon. Le fon que je parle, c’est le même Fon. Mais je prends le temps pour écrire mes poésies. C’est tout. Donc, je ne sors aucun mot qui n’est pas connu ou qui n’est pas parlé sur la côte. Mais, ce n’est même pas un Fon d’Abomey en fait ce que les gens croient.

Ce n’est pas du tout un Fon d’Abomey ce que je dis. C’est vrai qu’il faut bien prêter l’oreille pour comprendre ce que je chante. Mais je crois que mon grand voyage a dû jouer parce que chaque fois, vous tombez dans un pays, vous rencontrez d’autres cultures, d’autres manières d’aborder la langue, la musique et tout ça vous amène à corriger vos défauts. Donc, on peut bien chanter en fon sans problème.

Vous chantez l’amour, la tristesse, la famille…Est-ce parce que vous avez été marqué par une enfance malheureuse ?

(Long silence…). Lorsque j’étais enfant, j’étais un grand bègue. Je prenais au moins 15 minutes pour dire un mot. C’est beaucoup. On disait même que j’étais un cas pour le laboratoire. Tout cela m’amenait à me replier sur moi-même. En plus, au Bénin, comme en Afrique généralement, les enfants sont toujours ignorés. On ne les entend pas. On ne les écoute pas. Cela peut amener beaucoup de frustration chez certains et ça a été le cas pour moi. Quand vous passez votre enfance dans ces conditions-là, cela laisse forcément des traces. Aujourd’hui, c’est effacé. On me dit souvent que mes chansons sont tristes. Mais je crois que c’est dans la tristesse qu’on écrit les meilleures chansons.

Qu’est-ce qui explique la présence du Vodoun dans votre musique ?

Ce qui m’intéresse du vodoun, c’est le côté positif de la chose. Ce n’est pas le culte vodoun en tant que tel qui m’intéresse. C’est pourquoi, j’ai été cherché dans le vodoun et dans les couvents, un point qui pourrait être à la portée de tout le monde. Je voudrais dire que j’ai été puisé ce qui n’est pas sacré ou même ce qui est même considéré comme sacré pour toucher le sensible.

Et de voir comment le rendre à la portée de tout le monde pour que le vodoun ne fasse plus peur. Je peux vous dire qu’il y a cinq ans je donnais un concert à Bruxelles où j’annonçais que je vais faire un chant vodoun. Et quand j’ai commencé, ils étaient tous comme effrayés et à la fin, ils me disaient qu’ils s’attendaient à des mystiques. Or ce n’était pas ça.

De quoi était-il question alors ?

Moi, je vais chercher l’esthétique dans les chants, dans les manières de voir les choses de la vie. Pour être plus précis, quand on rentre au couvent, il y a une langue que les gens parlent qu’on entend nulle part. Pour moi, c’est similaire à certaines religions où on parle et l’on désigne les choses avec plein de bazar qu’on raconte. Chacun a sa manière. Avec le Vodoun, j’ai un lien qui m’amène à trouver une autre langue pour m’exprimer. Il s’agit d’une langue codée que vous allez entendre et vivre à mon spectacle.

En tant qu’originaire d’Abomey, quel lien établissez-vous entre le Vodoun et la musique ?

Abomey est une ville que je connais très peu. J’y ai été cinq ou six fois dans ma vie. Mais il y a quelque chose qui se passe dans cette ville qui est très profond pour moi. Pendant toute ma carrière mon meilleur concert dans ma vie, c’est à Abomey. Avec des matériels qui nous faisaient peur, mais on n’a jamais compris, mes musiciens et moi de tout ce qui s’est passé. J’ai été joué encore une autre fois à Abomey. C’était pareil. Et pour moi cela m’interpelle et je ne sais si c’est l’une des raisons qui fait que je suis rentré pour me rapprocher de ma culture et de mes origines.

Entretien réalisé par

Jean-Claude DOSSA

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