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Le triomphe de la vérité

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Editorial:La fisc et la hache


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Ainsi donc, le gouvernement se retrouve le dos et ne peut plus faire face à ses propres engagements souscrits devant les travailleurs. Le risque d’une année blanche est plus que jamais d’actualité parce que les syndicats enseignants ne se laisseront pas faire. Que n’a-t-on mesuré l’infaisabilité d’une mesure proprement antiéconomique et surtout suicidaire à terme pour tout le monde?

Mais, à vrai dire, ce ne sont pas les fonctionnaires qui vont sentir les contrecoups de l’augmentation des 25%. Non, au contraire, ils verront l’amélioration substantielle de leurs fiches de paie. Ceux qui vont être mis à contribution, sucés et pressurés, ce sont les entreprises et les milliers d’employés du secteur privé. Pourquoi donc ?

Parce que l’Etat, obligé de trouver des fonds pour honorer ses engagements, n’aura rien d’autre à faire qu’à accentuer la pression sur les entreprises pour recouvrer les impôts et élargir l’assiette fiscale. Ce sont donc les entreprises qui, comme toujours, pourront financer les 25%. Cela ne tient pas seulement à la base fiscale du budget national. Il y a à cela deux raisons fondamentales que les spécialistes n’ont de cesse de rappeler. Premièrement, le secteur privé formel est la première cible de tout agent des impôts.

Ramené à sa portion congrue du fait de la force de l’informel, il n’en est pas moins un contributeur de poids dans les recettes de l’Etat. Deuxièmement, et c’est le plus important, la faiblesse de la productivité nationale née des crises agraires de ces dernières années, a privé l’Etat d’importantes rentes. La lente agonie de la filière cotonnière, la mort du palmier à huile et la rareté de l’investissement étranger secouent durement les caisses de l’Etat.

Contrairement à des pays comme le Ghana, la Côte-d’Ivoire ou encore le Nigeria et bientôt le Niger qui sont fortement appuyés sur un secteur productif relativement prospère, le Bénin doit clairement sa survie à ses performances fiscales et à l’aide extérieure. De Malanville à Cotonou, de Grand-Popo à Sèmè, rares sont les routes que l’on peut construire sans tendre la main aux fameux partenaires techniques et financiers. Et de plus en plus, nos « partenaires » chinois se positionnent sur ce créneau, conscients des failles béantes qui gangrènent nos finances publiques.

Les conditionnalités accompagnant cette fausse générosité ne sont inconnues de personne, même si quelques-uns, éternels attardés, continuent à croire encore aux mirages de l’aide extérieure. Nous voici donc tenus en laisse ! On dira un mot plus tard des conséquences de cette massification prononcée de la présence chinoise dans nos Etats à genou devant Pékin. Mais, il y a que la chine, comme bien d’autres puissances avant elle, profite largement des difficultés de nos finances publiques pour imposer ses choix, en tuant simplement notre secteur privé et une initiative nationale déjà fragile. Reste à savoir si les syndicalistes qui négocient avec nos gouvernements sont informés de cette vulnérabilité marquée de nos Etats.

Au regard de ceci, le secteur privé formel constitue la vache à lait du budget national. Dans le budget 2012, les prévisions de recettes des Administrations de la Douane, des Impôts et du Trésor se chiffrent à 680,1 milliards de Fcfa, soit près de 70% des prévisions de recettes. Et pourtant, les conditions d’existence du secteur privé à qui tous ces efforts sont demandés, sont des plus précaires.

Entre autres chiffres alarmants, il faut savoir que le Bénin figure au nombre des dix pires pays au monde où un investisseur peut fructifier ses avoirs. Le dernier classement Doing Business en dit long à ce sujet. Et cela n’a rien à voir avec l’étroitesse du marché national. Une autre information : si en 2011, l’Etat a exonéré d’impôt les entreprises nouvellement créées, cette facilité a été abandonnée en 2012 parce que jugée trop difficile pour les finances publiques…

Parlons peu, parlons vrai. Il ne faut pas chercher trop loin le fait que tout le monde considère la fonction publique comme le seul refuge sûr. Mais surtout, il faut y voir la source principale de la multiplication presque cancéreuse de l’informel. Le problème est maintenant de savoir comment le gouvernement pourrait créer les conditions d’une fiscalité plus rationnelle dans un environnement aussi pénible. Il est surtout de savoir comment l’entreprise au Bénin cessera d’être la vache à lait d’un Etat qui vit au-dessus de ses capacités réelles de production.

Olivier ALLOCHEME

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