.
.

Le triomphe de la vérité

.

Troisième congrès du Parti du Renouveau Démocratique:Adrien Houngbedji réaffirme son statut d’opposant mais reste ouvert au dialogue


Visits: 1

Neuf mois après le K.O. qu’il a subi, le président du Parti du renouveau démocratique (PRD) a enfin rompu le silence. C’était samedi dernier 11 février 2012 au stade Charles de Gaulle de Porto-Novo à l’occasion de la cérémonie d’ouverture du troisième congrès ordinaire de sa formation politique. Dans son allocution d’ouverture, maître Adrien Houngbédji, comme il en a l’habitude, n’a pas hésité à réaffirmer l’appartenance du PRD à l’opposition.

 Toutefois, il a affirmé que son parti reste ouvert à un dialogue politique sérieux et ne refuserait pas une main tendue du régime en place à travers un gouvernement d’union nationale. Mais, il avertit que ce serait si et seulement si le gouvernement prend conscience de la triple crise, politique, sociale et économique que traverse le pays. En effet, le président du PRD a déclaré être habité par trois convictions.

 La première de ses convictions, c’est que le Bénin va mal, parce que déchiré par trois crises politique, économique et sociale. Ainsi pour lui, le changement brusque du slogan « Bénin émergent » en « Bénin de la refondation » est un aveu d’échec du régime actuel et peut être sûrement un complot contre la conférence nationale des forces vives de février 1990. La deuxième, c’est que le Bénin est en marche vers l’alternance et que la période actuelle est une période de transition. Mais, il compte sur la bonne foi du président de la République pour quitter le pouvoir au terme de son second et dernier mandat en 2016.

 La 3ème et dernière conviction exprimée par maître Adrien Houngbédji, c’est que la période qui s’ouvre sera marquée par une recomposition du paysage, et par un profond renouvellement de la classe politique. Il s’agit selon lui, d’une réalité incontournable qui s’impose à toutes les formations politiques du Bénin. Pour le président des Tchoco-tchoco, le PRD ne va pas se dérober à cette dure réalité. Signalons pour finir que par rapport à son échec à l’élection présidentielle de 2011, maître Adrien Houngbédji a déclaré ne pas en vouloir à qui que ce soit, car selon lui, « l’homme propose, Dieu dispose ».

Hugues E. PATINVOH

                                                    Discours d’ouverture du Président du PRD, Me Adrien Houngbédji

Rendons grâce au Seigneur qui a permis que nous nous rassemblions aujourd’hui, si nombreux dans la joie et l’allégresse, sains de corps et d’esprit, en toute sécurité et dans la paix, dans cette même ville de Porto Novo qui, il y a quelques mois seulement, renvoyait au monde entier, l’image d’une ville assiégée, traumatisée. Que tes œuvres sont belles, Seigneur ! Merci à toutes les personnalités et autorités d’ici et d’ailleurs, à tous les partis politiques et mouvements, venus nous consacrer leur temps si précieux, et nous témoigner leur amitié et leur solidarité.

 Je dis un grand merci aux délégations amies venues pour la circonstance d’Afrique, d’Europe et d’Amérique. Merci à tous les médias qui couvrent l’événement. Votre présence, aux uns et aux autres, témoigne de l’intérêt tout amical que vous portez à la démocratie béninoise. Aux vaillantes populations de Porto Novo et des communes environnantes, merci d’avoir accouru aussi massivement pour clamer votre joie d’avoir triomphé de l’adversité.

 Merci à tous les congressistes. Je dis un merci spécial à vous tous, cadres et personnes ressources, membres du PRD et de toute autre structure sympathisante, qui avez accepté d’offrir votre disponibilité, votre expérience et vos compétences pour la tenue de ces assises qui font suite à notre Université de Vacances du 14 septembre 2011.Ce congrès, le 3ème congrès ordinaire du PRD, vient à son heure, le plus normalement du monde, 5 ans après celui des 15, 16 et 17 décembre 2006. Signe de bonne santé, car on aurait pu imaginer, après le traumatisme d’il y a moins d’un an, qu’il ne se tînt point.

Ce congrès, comme les précédents, délibérera sur nos actions passées, et décidera souverainement des réformes nécessaires et des options stratégiques et politiques du parti pour les 5 années à venir. Je vous sais jaloux de vos prérogatives et très conscients de vos responsabilités. Mon discours ne sera donc pas à proprement parler un discours d’orientation. Je veux seulement vous exprimer les quelques 3 convictions qui m’habitent au moment où s’ouvre notre Congrès.

 Ma première conviction, c’est que notre pays va mal, très mal. Il suffit de regarder ! Le pays va mal, au plan politique. Le concept du Bénin émergent a précipitamment cédé la place au Bénin de la Refondation. Il s’agit donc d’un aveu d’échec, et d’une fuite en avant. La République tout entière est instrumentalisée, les institutions sous contrôle, les espaces de liberté réduits, les élections calamiteuses. La pensée unique est en marche. Le Bénin va mal au plan économique.

Après la chute de la filière coton, la chute de la filière des véhicules d’occasion, le PVI dont chacun espère qu’il dopera les recettes douanières est en passe de devenir un boulet. Les opérateurs économiques sont asphyxiés, à l’exception notable de ceux qui sont affidés au gouvernement. Le Bénin va mal au plan social. La pauvreté gagne du terrain, car les Béninois ont de plus en plus de mal à se nourrir, à se soigner, à éduquer leurs enfants. Les frustrations des travailleurs se manifestent par des grèves de plus en plus fréquentes.

Le PRD, est contre cette politique qui conduit progressivement notre pays vers l’autocratie et la confiscation des libertés ; contre cette politique qui tue progressivement notre économie au profit de quelques-uns ; contre cette politique qui, loin de réduire la pauvreté, en étend les ravages. Contre la mystification permanente ! Où est passé le Bénin émergent ? ‘’La Refondation ne masquerait-elle pas une conspiration contre la Conférence Nationale et ses acquis ?’’

 Devant cette situation, la place du PRD (et nous osons l’espérer), la place de l’UN, est dans l’opposition. Comme dans toutes les démocraties, nous nous battons pour une autre politique et pour l’alternance. Quel autre choix avons-nous d’ailleurs ? A l’Assemblée Nationale, nous sommes dans la minorité… ignorée, humiliée, alors que désormais, dans toutes les démocraties du monde, la minorité est associée à la gestion du parlement, par des postes dans le Bureau et au moins une Présidence de Commission. Quel autre choix avons-nous ? Nous ne sommes pas au gouvernement et nous n’avons pas été invités à y participer. ‘’La politique de la main tendue ?’’ Elle s’est arrêtée à une force politique qui n’avait pas besoin qu’on la lui tende : elle est de tous les gouvernements Yayi Boni ; seuls les titulaires ont changé. Quel autre choix avons-nous ?

 Nous ne sommes représentés dans aucune institution de l’Etat et les rares opérateurs économiques, les rares cadres dirigeants, les rares journalistes suspectés de sympathie pour nous sont l’objet de toutes les brimades, brisés, condamnés à disparaître ou à se délocaliser. Oui, nous sommes dans l’opposition. C’est une évidence. Mais qu’on m’entende bien. Nous avons mal au Bénin, car c’est notre Pays.

Le mal que nous dénonçons est un mal qui frappe notre pays dans son ensemble, qui frappe nos populations : Si le régime prend enfin conscience de ce mal (et nous espérons qu’il en prendra conscience), s’il prend conscience que pour guérir, le Bénin a besoin d’un sursaut national qui rassemble toutes ses forces politiques et sociales autour du chantier de la reconstruction, bref, s’il prend conscience qu’il y a une crise nationale larvée, et qu’il appelle l’opposition à prendre sa part de responsabilité dans un gouvernement d’union nationale, est-ce que nous pourrions nous dérober ? Je l’ai dit par avance depuis le 19 mai : nous ne nous déroberons pas.

 Nous n’en sommes peut-être pas loin. Mais nous n’en sommes pas là. Pour le moment, nous avons entendu parler d’un appel au dialogue. Trois mois après le lancement de cet appel, aucun signe visible. Je le dis et le souligne, appel au dialogue et appel au gouvernement ne sont pas synonymes. Le PRD est prêt au dialogue, à tout moment. Le PRD est pour l’heure dans l’opposition.

Il se bat pour une autre politique. Ma seconde conviction, c’est que le Bénin est en marche vers l’alternance et que la période actuelle est une période de transition. Oui, je crois que nous sommes en marche vers une alternance démocratique et je la souhaite en tout cas, de toutes mes forces. Oui, nous rentrons dans une période de transition vers cette alternance : cette transition sera plus ou moins réussie, plus ou moins apaisée, selon le degré de sincérité du régime, mais aussi selon le niveau de détermination et d’organisation des forces de l’alternance.

Cette conviction que l’alternance est en marche, que la transition est ouverte, je devrais normalement la tirer de notre Constitution qui n’autorise pas plus de 2 mandats, et m’en tenir à elle. Malheureusement, les déviances, les tripatouillages, les interprétations assassines qui s’observent ailleurs en Afrique frappent peut-être à notre porte. La Constitution apparaît aujourd’hui comme un rempart bien fragile. Mais YAYI BONI ne peut pas avoir dit devant le peuple réuni, puis à la Maison Blanche, puis devant le Pape, récemment encore dans son Message à la Nation et enfin devant le Corps diplomatique, il ne peut pas avoir dit et répété devant toutes ces instances que ce mandat est le dernier, puis le moment venu, s’accrocher, et ne pas partir.

La bonne foi est, dit-on, toujours présumée. Je suis enclin à présumer celle de Yayi Boni. Il est facile d’imaginer le discrédit qu’une marche arrière jetterait sur le régime, et les risques auxquels se trouveraient exposées la paix et la stabilité, en cette période de l’histoire des peuples, marquée par le rejet universel des présidences à rallonge, et les soulèvements populaires victorieux.

 Je salue l’appel au dialogue. A condition que cet appel soit conséquent. On ne peut pas inviter les forces politiques d’opposition au dialogue, en supputant qu’elles ne poseront pas les vraies questions. : Celles que se pose tout un peuple, relatives à la gouvernance économique, à l’extension de la pauvreté, aux droits fondamentaux que sont la liberté de la presse, le droit de grève, le statut de l’opposition, le droit de vote… etc.

Au sujet du droit de vote, droit inaliénable, et c’est de cela qu’il s’agit, je considère comme très positive l’initiative prise par le Président Boni Yayi de réaliser un audit de la LEPI, sous réserve que soient réunies les conditions d’un audit participatif impliquant étroitement l’opposition, et faisant recours à des partenaires techniques sérieux et non partisans.

Au total, la marche de notre pays vers une nouvelle alternance démocratique précédée par une transition réussie, suppose une réelle volonté politique du pouvoir en place. Mais elle exige aussi de nous, je veux dire de l’ensemble de la classe politique et de la société civile, outre la vigilance, la détermination, une organisation adaptées à cette phase de la lutte de notre peuple. Il s’agira en effet d’une lutte, car tout pouvoir est toujours tenté de se maintenir au-delà de ce que la loi, la nature ou la raison commandent.

C’est de cette dernière exigence que je tire ma 3ème et dernière conviction. Ma 3ème conviction et ce sera la dernière, c’est que la période qui s’ouvre sera marquée par une recomposition du paysage, et par un profond renouvellement de la classe politique. La recomposition du paysage politique me paraît inévitable. Inévitable parce que les partis vont devoir s’adapter et adapter leurs stratégies à la perspective de l’alternance. –

La spécificité de la démocratie au Bénin, c’est que jamais un parti politique n’a accédé seul au pouvoir, mais toujours en coalition : on peut le déplorer ; mais on ne peut le nier. -L’autre spécificité, c’est que le vainqueur de l’élection présidentielle fédère autour de lui les formations qui ont concouru à son succès, les constituant en un parti dominant ou majoritaire selon les cas ; ce parti dure ce que dure le régime, et lorsqu’approche la fin du règne, chacun reprend ses billes, et s’inscrit dans une nouvelle dynamique de regroupement.

Oui, si le phénomène se reproduit, nous pourrions bientôt conjuguer la FCBE au passé, comme nous l’avons fait de l’UBF. C’est pour répondre à la 1ère de ces spécificités (celle de regrouper pour se donner ensemble des chances de gagner) que nous avons créé l’UNION FAIT LA NATION. Il s’agit du plus grand rassemblement de forces politiques d’opposition jamais réalisé dans notre pays, voire en Afrique. L’UN a été accueilli avec enthousiasme par les populations que nous représentons, qui la voulaient depuis si longtemps et qui désespéraient de nous voir y parvenir : leur rêve devenait réalité ; la symbolique de la jarre a fait le reste.

Je veux ici rendre hommage à tous ceux qui, de quelque manière, ont contribué avec nous à la germination, à l’éclosion et à l’envol de l’UN. Hommage aussi à tous ceux qui nous ont rejoints par la suite, animés par la même volonté de vaincre la fatalité de la division. Je remercie particulièrement les uns et les autres d’avoir fait de moi leur candidat aux élections présidentielles.

Chacun de nous sait en son for intérieur quel sacrifice il a dû consentir ; quelles contraintes il a dû lever ; quel reniement il a dû concéder. Je les remercie tous sans distinction. Les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. La victoire ne fut pas au rendez-vous : c’est tout. Je ne fais grief à qui que ce soit, de quoi que ce soit. Cette UN, accueillie avec ferveur par les populations que nous représentons, a été combattue avec la plus grande détestation par ceux qui, au dedans de nos frontières comme au-delà, y ont vu à tort ou à raison, une menace pour l’ordre établi, une sorte de révolution tranquille comme le fut en son temps la Conférence Nationale.

Ils l’ont combattue avec méthode et application ; de l’intérieur et de l’extérieur, par tous les moyens. Et ils l’ont fait avec succès, malgré l’adhésion populaire qui nous était acquise. D’où nos interrogations. N’avons-nous pas sous-estimé l’enjeu ? Notre discernement, notre détermination et notre organisation étaient-elle à sa taille ? N’avons nous pas d’une manière ou d’une autre, laissé champ libre à l’offensive adverse ? En son état actuel, marqué par l’échec et les désaffections, l’UN constitue-t-elle encore une réponse appropriée aux préoccupations qui l’ont fait naître ? Quelles perspectives ? Quelles capacités de mobilisation ? Quelles ressources humaines ? Quel type d’alliance ? Quelles règles de fonctionnement ? Le PRD est membre de l’UN.

Il reste certes attaché à ce rêve d’union ; ses militants continuent d’y croire. Mais en même temps, le PRD est soucieux de son propre devenir, à l’heure où s’amorce pour l’ensemble du Bénin, une nouvelle recomposition du paysage politique ; à l’heure où il doit lui-même relever le défi du renouvellement et de la modernisation. C’est le rôle de ce congrès de conduire librement la réflexion. Des questions que vous poserez et des réponses que nos partenaires apporteront, dépendront nos choix stratégiques et nos orientations.

Dans la loyauté et dans le respect mutuel. Que nos amis nous comprennent. Que nos adversaires ne s’y trompent pas. Ce vieux parti, né il y a 27 ans sur les bords du Lac Ebrié, le plus ancien du renouveau de notre pays, veut poursuivre sa route. Son histoire se confond avec la lutte du peuple béninois pour la liberté. Ponctuée sous le PRPB pas les arrestations arbitraires, les déportations, l’exil, la torture : Je ne saluerai jamais assez le courage et la mémoire de Moucharaf GBADAMASSI, Thiamyou ADJIBADE, Gafari BADIROU, Salomon BIOKOU, Jeannot AGOSSOU, et tous ceux qui en janvier 1985, furent du voyage à Abidjan, au nez et à la barbe du PRPB.

Histoire ponctuée aussi sous le renouveau, par la détermination farouche de tous les régimes qui se sont succédés, à détruire ce parti, à défaut d’avoir pu l’annexer et l’asservir. Son histoire se confond aussi avec la lutte de notre peuple contre la pauvreté : les écoles que nous avons bâties, les routes que nous avons tracées, les ponts que nous avons construits, les centres de santé que nous avons ouverts, les puits que nous avons forés, la taxe civique que nous avons fait supprimer : tout cela apparaît aujourd’hui lointain, voire dérisoire. Mais placées dans le contexte de délabrement économique et social de l’époque, ces actions ont scellé la solidarité entre nos populations et nous qui aspirions à les diriger.

Le PRD est un atout pour la démocratie au Bénin : par son dynamisme, par sa capacité de mobilisation, par son aptitude à résister à l’oppresseur, par son exemplarité dans la gouvernance, par les valeurs de tolérance et de paix qu’il incarne aux yeux de tous. Le PRD est aussi un atout pour l’unité nationale. Notre ambition était d’en faire un grand parti national autour des idées de liberté et de respect de l’état de droit, autour de l’initiative privée et de la libre entreprise, autour de la bonne gouvernance et de la solidarité.

Nous avons dû remiser cette ambition. Mais ce ne fut pas faute d’avoir essayé et même partiellement réussi. En témoignent nos 19 députés à l’Assemblée Nationale en 1995, élus dans 5 départements sur les 6 de l’époque. Le retour insidieux du sectarisme et du régionalisme en 1996 a eu raison de cette ambition. Il nous a contraints à nous adapter à la logique des alliances régionales. Mais nous avons continué d’animer et d’entretenir partout dans le pays, avec plus moins de succès, un vaste réseau de militants et de sympathisants. Leur présence à ce Congrès nous est d’un grand réconfort. Le PRD croit à l’unité nationale.

Aujourd’hui et bien malgré nous, notre parti se confond essentiellement avec une ère géographique. Il en va de même du reste avec les autres partis dits nationaux. J’ai dit tantôt que 20 années durant, les régimes successifs ont échoué à vouloir nous détruire. Mais 20 années durant, inlassablement et massivement, les populations nous ont accordé et renouvelé leurs suffrages.

Ce sont là, les marques d’une conscience politique collective. C’est pourquoi, chaque fois que nécessaire, nous revendiquerons notre identité. Ignorer le PRD, le marginaliser, l’exclure des centres de décision, c’est ignorer ces populations, c’est les marginaliser, c’est les exclure. C’est ainsi qu’elles le vivent. La cécité de ceux qui nous gouvernent peut à terme devenir dangereuse pour la paix et la stabilité. Un tel parti, le PRD, ne peut se résoudre, ni à fusionner, ni à disparaître, aussi longtemps qu’un substitut crédible ne lui est pas proposé. Il peut s’associer, nouer des alliances, participer à des fronts, concéder une partie de son autonomie.

Mais il ne peut pour l’instant renoncer ni à son identité, ni à sa visibilité. Ainsi s’explique entre autres, la constitution de notre groupe parlementaire ; tel en est le sens profond. C’est à votre Congrès justement qu’il appartient de tirer les leçons et conclusions de 20 années d’animation de la vie politique. Deux présidences d’Assemblée Nationale, cinquante-quatre députés, quatre ministres et une seule participation au gouvernement. Nous avions fixé la barre plus haut.

L’objectif n’est pas atteint. Eh bien, la lutte continue ! Le hold-up électoral d’avril 2011, vous l’avez vécu comme la plus terrible des épreuves morales, comme un choc qui ébranle votre foi dans la démocratie, comme un vol et comme un viol. Il venait s’ajouter à l’injustice que vous avez subie en 2006, où, quoi que seuls contre tous, vous avez été privés de la campagne du second tour, privés ainsi de toute chance de l’emporter. Pour ses auteurs, ce hold-up sonnait le glas du parti.

Or à quoi assistons-nous ce midi ? Vos regards, votre enthousiasme, votre engouement jamais atteint par aucun de nos congrès, sont le signe que le PRD est debout. Le saccage moral et physique de nos militants a échoué. Le coup de grâce est devenu un état de grâce !

Un état de grâce, parce que, en chacune de ces deux occasions, nous avons pris, vous et moi, la responsabilité d’épargner à notre peuple les lendemains sanglants, et les pertes de vies humaines. Vous êtes ainsi devenus des acteurs de paix. Ce congrès est la preuve de votre maturité. Un élan de renouveau. Un événement fédérateur. Chers frères et sœurs, vous êtes guéris. Vous êtes debout. Nous sommes plus unis, plus forts.

Oui, c’est gagné ! Chers congressistes, comme vous pouvez le voir, le terreau est fertile. Il vous appartient maintenant de fixer les nouvelles règles de fonctionnement de nos activités. Je vous invite à des réformes hardies. Votre principal défi, c’est de réussir à faire de ce parti, profondément enraciné dans nos populations, non plus seulement un parti de masse, mais aussi désormais un parti moderne, un parti d’élite, avec des structures plus opérationnelles, avec des animateurs qui soient des militants avérés et non des transhumants ou des étoiles filantes; mais qui soient en même temps des hommes et des femmes aptes à appréhender et à résoudre les problèmes de plus en plus complexes, multisectoriels et multidimensionnels, auxquels nous serons fatalement confrontés .

Je ne doute pas que vous y parveniez, car l’élite est nombreuse en notre sein ; ce qui nous a manqué, c’est une bonne communication et une bonne organisation débouchant sur une meilleure implication de tous. Enfin, votre congrès devra aborder l’incontournable question du renouvellement de la classe politique. Il nous faut passer les leviers de commande à la jeune génération, chaque fois qu’elle paraît apte à les manier ?

Cette question, vous l’aborderez en toute liberté, avec lucidité, avec pour seuls guides, l’intérêt du parti et l’intérêt du Bénin.

Le passage de relais, c’est nous qui les premiers en avons donné le signal.

Au sortir de notre Congrès des 15, 16 et 17 décembre 2006, nous avons donné à notre capitale Porto-Novo, le plus jeune maire élu d’une capitale de la sous-région, à notre Assemblée Nationale le plus jeune Président de Groupe Parlementaire, et aujourd’hui le plus jeune député du Bénin ; à notre Parti lui-même, le plus jeune Secrétaire général, le plus jeune Directeur de Cabinet …, et j’en passe. L’homme propose, Dieu dispose. Il appartient à votre Congrès, de faire l’évaluation du chemin parcouru en ce domaine, et d’apporter en toute responsabilité, les accélérations ou les rectifications nécessaires. Vous le ferez à la lumière de l’expérience que nous avons ensemble vécue, mais avec la ferme volonté de poursuivre sur cette voie.

L’impatience, la cupidité, le défaut d’humilité et la duplicité de quelques-uns ne sauraient nous détourner de cette voie : l’avenir appartient aux jeunes. Pour ce qui est de ma modeste personne, ‘’T’inquiète !‘’, pour employer le vocabulaire des jeunes. J’ai anticipé le mouvement. J’ai renoncé librement à briguer un nouveau mandat de député.

Je peux servir mon parti et mon pays sans rechercher ni les honneurs, ni les avantages, ni les positions. A 70 ans bientôt, je redécouvre le bonheur d’être un homme libre.

Que tes œuvres sont belles, Seigneur !

C’est dire que si vous êtes prêts, je suis prêt. Quand vous voudrez ! Où vous voudrez ! Comme vous voudrez ! En toute responsabilité !

Je déclare ouverts les travaux de notre 3ème Congrès ordinaire.

Vive le PRD !

Vive l’UN !

Vive la Démocratie !

Vive la Paix !

Vive le Bénin !

Reviews

  • Total Score 0%



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page