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Le triomphe de la vérité

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Editorial:La police et le bâton


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Avez-vous jamais été intercepté par la police ? Moi oui. Par certaines nuits d’étourderie où l’on oublie ses pièces, par certaines libertés que l’on s’accorde indûment, nous subissons d’une manière ou d’une autre la rude épreuve de la loi. Et elle est dictée du haut de leurs galons par des fonctionnaires de police dont bon nombre se montrent intraitables, arrogants, perfides et stupides. Disons-le tout de suite, il ne s’agit pas de tous les agents de police.

Une bonne partie des forces de police exercent leur métier avec honneur et fierté. Rendons-leur l’hommage qu’ils méritent. Ce sont ceux-là qui peuvent vous verbaliser pour une faute commise, sans vous traiter comme un vulgaire malfrat. Ce sont ceux-là qui vous disent ce qu’il faut faire en vous appliquant la stricte rigueur de la loi, avec le flegme des professionnels.

Malheureusement, cette race de fonctionnaires de police semble être en voie de disparition. Il n’est que de prendre ce qui est arrivé à mon confrère Aziz Imorou, passé à tabac dans la nuit de jeudi à vendredi derniers, pour la simple raison qu’il n’avait pas sur lui ses pièces d’identité. « Comme un colis ou un gangster, écrit Aziz, ils m’ont jeté dans le véhicule où se trouvent déjà deux motos. Mes pieds se sont raccrochés au rebord de la portière arrière du pick-up avec ma tête en bas ».

Et il indique plus loin : « Un agent de la police m’a mis à nouveau les menottes. Il m’a restitué mon téléphone portable éteint et mon argent. Ensuite, il m’a poussé dans le véhicule. Sans chemise au cou ni chaussures aux pieds, je suis conduit au palais de justice de Cotonou ». Emettons d’abord un doute : les faits ont peut-être été édulcorés par mon confrère, présentés sous un jour qui maquille sa propre inconduite. Peut-être. Mais, il serait impossible de me faire admettre qu’un Béninois qui n’a pas sa pièce d’identité mérite d’être traité de cette manière, au point d’être présenté devant le procureur !

Simplement parce qu’il a oublié sa pièce d’identité. Qu’un commissaire de police ayant étudié le droit accepte de faire traiter un Béninois de cette manière mérite réflexion. Une seule question se pose : s’il s’était agi d’un pauvre analphabète, un zém par exemple, quel aurait été son sort ? Ils en auraient disposé comme d’un gangster, lui auraient fait vivre mille tourments. Parce qu’il n’a pas sa carte d’identité !

Alors il se pose le problème de la formation de nos forces de police. Si l’on enlève la petite minorité vertueuse, pourquoi en effet tant d’agents de police sont arrogants, brutaux et violents dès qu’ils constatent une infraction, quelle qu’elle soit. Les usagers de nos commissariats peuvent se rendre compte non seulement de la violence physique qui est faite à tout le monde, du rançonnement systématique exercé presque sans distinction, mais aussi d’une violence morale et psychologique qui relève de la torture.

 Qui donc leur a appris à manquer de respect à leurs concitoyens qui se trouvent en faute ? La question reste posée. Il convient en réalité de faire comprendre aux agents de police que tout être humain peut tomber aux travers de la loi. Qu’il soit président de la république ou simple maçon, tout citoyen, même connaissant la loi, peut se rendre coupable de sa violation pour des raisons ou d’autre. Malgré cela, il mérite respect et considération, quels que puissent être son rang social et la faute commise.

Mais le comportement de l’autorité elle-même mérite réflexion à bien des égards. A la suite d’échanges de tirs entre la police et quelques malfrats présumés abattus du reste par ses agents en décembre dernier à Mènontin, le ministre de l’intérieur Benoît Dègla a eu ces mots sidérants : « Nous allons les tuer tous. » Ce fut sans doute une réaction épidermique, mais qui montre à suffisance l’état mental guerrier qui dirige les personnels de sécurité.

 On les prépare à l’arrogance au lieu de la courtoisie, à la brutalité au lieu de la fermeté, à la stupidité au lieu de la souplesse. S’il en était encore besoin, il faudrait leur rappeler de temps en temps que tous les citoyens ne sont pas des voyous et qu’il en est qui méritent d’être respectés. Même s’ils ont pu violer leurs sacro-saintes lois !

Olivier ALLOCHEME

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