.
.

Le triomphe de la vérité

.

Editorial:Peut-il quelque chose ?


Visits: 0

Nous voici donc à la tête de l’Union Africaine. Au-delà de Boni Yayi à qui l’on doit une fière chandelle pour cette diplomatie agressive dont il voit ici le couronnement, il y a avant tout le Bénin. Notre pays est récompensé pour sa démocratie apaisée et le modèle de gouvernance qu’il incarne sur le continent.

Mais ce disant, il ne faut pas oublier que, ironie du sort, Boni Yayi succède à un certain Teodoro Obiang N’Guéma Mbasogo qui est pour ainsi dire le contre-modèle parfait de la démocratie et de la bonne gouvernance sur le continent. Les critères ayant donc milité en faveur de notre pays ne sont peut-être pas vraiment ceux que l’on clame sur les toits. La diplomatie de coulisse, appuyée de surcroît par quelque puissance tutélaire occidentale, n’a pas sa pareille pour dégoter des strapontins honorifiques. Boni Yayi prend les rênes de l’institution au moment où sa commission traverse sa plus grave crise de leadership depuis 2002.

 Ensuite, il y a les deux grandes humiliations de 2011 : l’intervention des puissances étrangères en Côte-d’Ivoire et en Libye et la mort de Kadhafi. Elles ont démontré que l’institution née en 2002 sur les cendres de l’OUA n’est pas encore sortie de sa détestable inefficacité. La mort du guide libyen, révélatrice à plusieurs égards, sonne du reste la fin des subventions que la Jamahiriya avait l’habitude de verser pour la grande cause de l’unité africaine. Ce sont environ 15% du budget global de l’UA qu’il faudra compenser à tout prix. A tout ceci, s’ajoutent les maladies congénitales de l’Afrique : pauvreté, famine, violence, mauvaise gouvernance, dictature…

Face à ce tableau peu reluisant, Boni Yayi se trouve en face d’un défi herculéen : redorer le blason de l’institution tout en traçant des pistes d’une Afrique qui gagne.

Redorer le blason de l’UA, il n’y a rien de plus périlleux si l’on voit comment le grand Obiang N’Guéma Mbasogo, figure emblématique des luttes d’indépendance en Afrique, même du haut de ses barils de pétrole, s’est cassé la figure sur les graves crises qui ont secoué le continent en 2011. En même temps, il n’y a non plus rien de plus simple si Boni Yayi reste fidèle aux idéaux de démocratie et de bonne gouvernance désormais inscrits au fronton de l’UA. Transiger une seule fois avec ses principes en coalisant avec les chefs d’Etats voyous, les présidents corrompus ou encore les dictateurs sénescents, et il s’inscrira dans la même logique que son médiocre prédécesseur.

C’est surtout sur le front économique que l’Afrique l’attend. Aura-t-il le courage, lui le grand économiste venu de la BOAD, de lancer les chantiers que nous espérions tous ? Voilà la grande question. Il peut déjà s’attaquer au défi énergétique qui s’enlise depuis, malgré la mise en place d’une commission africaine de l’énergie. Sans énergie de qualité et à coût accessible en effet, l’industrialisation du continent sera toujours conjuguée au futur simple.

 La sécurité énergétique est la source d’eau qui génère les investissements durables. En la matière, l’on sait que les potentialités régionales et sous-régionales sont immenses et même largement sous-exploitées. Il ne s’agit pas seulement des hydrocarbures, mais surtout de l’énergie électrique qui peine à entrer dans les villages. Mais il y a aussi le défi des transports avec la dégradation des routes inter-Etats qui freine le commerce au sein du continent.

De 10% environ, le commerce intra-africain est très faible. Les grands chantiers ouverts par le NEPAD sont restés à cet égard, dans les bureaux. Boni Yayi devra les dépoussiérer afin de favoriser une réelle intégration économique et commerciale, fers de lance de l’unité elle-même. Au moment où le commerce au sein de l’Union Européenne culmine à 70% et fait 47% au sein des Etats asiatiques, la stratégie devrait consister à fluidifier les liens économiques et commerciaux qui donnent du sens à l’union africaine véritable.

Ce sont autant de défis à relever pour faire du mandat du Bénin un réel succès. Mais tout cela n’est rien devant l’impératif de la paix qui ne s’est jamais révélé aussi aigu. La première menace reste à cet égard les fondamentalismes islamiques qui font feu de tout bois. Mais c’est sur ce brasier qu’il faudra avancer.

Olivier ALLOCHEME

Reviews

  • Total Score 0%



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page