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Le triomphe de la vérité

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En réponse aux exigences des magistrats:Marie-Elise Gbèdo s’explique et s’oppose à des excuses publiques


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Le ministre de la Justice, de la Législation et des Droits de l’Homme, Marie-Elise Akuavi Gbèdo est sortie de son mutisme hier, dimanche 22 janvier 2012. En effet, à la faveur d’une déclaration de presse, elle a livré sa part de vérité dans le bras de fer qui l’oppose depuis quelques semaines aux magistrats réunis au sein de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab).

 Ainsi, réagissant à l’occasion à la polémique suscitée par ses propos du 08 décembre dernier à l’occasion de la célébration de la Journée nationale de lutte contre la corruption, Me Marie-Elise Gbèdo a plaidé la bonne foi en désignant uniquement une frange de magistrats comme ceux visés par ses propos. Ainsi, prenant appui sur diverses études notamment le Livre Blanc de l’Observatoire de lutte contre la corruption (Olc), l’enquête diagnostique réalisée par le cabinet CERTI etc. la ministre de la Justice justifie ses propos par sa volonté d’attirer l’attention sur l’impact du fléau au sein du système judiciaire béninois et d’inviter tous les acteurs à le combattre. Dès lors, pour elle, ses propos ne visent nullement à ternir l’image de la justice béninoise.

Répondant en outre aux exigences d’excuses publiques de la part de l’Unamab, Marie-Elise Gbèdo y affiche son opposition d’autant plus que, dira-t-elle, « Je veux leur dire que j’ai trop de respect pour la Justice de notre pays et pour les magistrats, pour venir faire ce déballage public auquel ce syndicat m’invite ».

Jean-Claude D. DOSSA

                                                    Déclaration du Ministre de la Justice

MESDAMES ET MESSIEURS, CHERS CONCITOYENS

Depuis ma déclaration le jeudi 8 décembre 2011, en marge de la cérémonie marquant la « Journée de lutte contre la corruption », certaines personnes ont voulu comprendre que je mettais en cause toute la magistrature de notre pays, oubliant un peu vite que, depuis ma prise de fonctions à la tête de ce ministère, j’ai nommé des magistrats pour me seconder dans l’accomplissement de ma mission, certains comme collaborateurs directs au sein même du cabinet ministériel, d’autres dans les différentes juridictions de notre pays.

Certains des magistrats appelés par moi pour me seconder directement sont même membres du Bureau exécutif de l’Union Nationale des Magistrats du Bénin (UNAMAB).

Je ne peux donc, ni de près ni de loin, juger que toute la magistrature de notre pays, ni que tous les magistrats, sont touchés par la corruption.

Cependant le livre blanc édité par l’observatoire de lutte contre la corruption en 2009 dont le Président de l’UNAMAB est membre, indique que, de 2007 à 2009, si la corruption a stagné à la douane et au niveau de la fonction publique, le secteur de la justice est l’un des secteurs dans lequel elle s’est aggravée.

Dans le même sens, l’enquête diagnostique réalisée par le cabinet CERTI en 2007 pour le compte de l’Institut de la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement sur la corruption et la gouvernance au Bénin, a révélé que 66% des béninois n’ont aucune confiance dans le système judiciaire béninois. Les enquêtés trouvent le système judiciaire discriminatoire au détriment des pauvres (85%), injuste (82%), manipulé par des intérêts économiques (82%).

Les entrepreneurs, ceux-là mêmes à qui toute l’attention requise devrait être accordée étant donné que c’est l’entreprise qui crée des emplois, distribue des revenus et produit donc la richesse trouvent que l’influence de la corruption sur les décisions de justice relevant de nos tribunaux s’élève à 75%.

En conséquence, à tous mes collaborateurs magistrats, à tous les magistrats de notre pays qui, en toute conscience, avec dignité, abnégation, honnêteté et probité, accomplissent chaque jour et dans des conditions difficiles la dure mission qui est la leur, et qui ont pu se croire injustement mis à l’index, je réitère ici toute ma confiance. Mes propos du 08 décembre 2011, n’ont jamais été adressés à cette race de magistrats intègres et soucieux d’une justice indépendante et proche des populations.

Je les félicite particulièrement pour la sérénité dont ils ont fait preuve, ces dernières semaines, dans l’accomplissement chaque jour de leur mission, et je veux y voir la certitude qu’ils n’ont jamais douté de la réalité de mes sentiments à leur égard.

Nous devons cependant, et ensemble, tirer toutes les conclusions de ces indicateurs publiés sur la Corruption en milieu judiciaire et j’ai la ferme conviction que tous les magistrats intègres de notre pays devront, de l’intérieur même de leur institution, contribuer à changer l’image de cette profession.

Aucune réforme durable et de fond ne se fera sans eux et je leur demande de m’assister, dans cette œuvre de refondation morale, spirituelle et éthique à laquelle nous invite le Président de la République, Dr Yayi Boni et son gouvernement.

En effet, bien avant ma déclaration, des affaires avaient éclaboussé la magistrature de notre pays aussi bien sur le plan national que sur le plan international : ICC Services et consorts, Groupe Betsaleel, Shelter, Fonds OPEP, Puzey et toutes les affaires domaniales ou autres dont les règlements posent problèmes à nos pauvres et paisibles populations.

Certaines de ces affaires ont coûté plusieurs milliards de francs CFA à l’Etat béninois et à nos concitoyens ; d’autres, en plus du coût en argent, ont eu pour conséquences le retard dans la réalisation d’infrastructures capitales pour notre peuple comme, par exemple, l’épi de Siafato.

Dans son point de presse du 13 décembre 2011, le Bureau exécutif de l’Union Nationale des Magistrats du Bénin m’invitait à produire des dossiers devant le peuple béninois, comme preuve de mes déclarations.

Je veux leur dire que j’ai trop de respect pour la Justice de notre pays et pour les magistrats, pour venir faire ce déballage public auquel ce syndicat m’invite.

Je veux leur dire que la Justice n’est pas un spectacle qui se déroule dans les médias.

Je veux leur dire enfin, ma conviction, que nous avons tous intérêt à éviter tout ce qui peut contribuer à encourager la vindicte populaire et que des noms de magistrats ne peuvent être jetés en pâture au public, au motif seul qu’ils seraient mêlés à des affaires.

Je vous confirme donc que des dossiers impliquant des magistrats sont en traitement et seront soumis au Conseil Supérieur de la Magistrature dans les prochains jours.

Je sais pouvoir compter, dès à présent, sur le soutien total du Bureau exécutif de l’Union Nationale des Magistrats du Bénin, car il m’a convaincu de son souci de maintenir propre et sans tache le blason de la magistrature.

Ce ne sont sûrement pas mes déclarations qui pourraient faire fuir des investisseurs, étrangers ou nationaux, mais plutôt la capacité ou non des magistrats à faire le ménage au sein de leur profession.

Je les y invite en tout cas et ma porte leur est toujours ouverte, au cas où ils souhaiteraient me rencontrer.

Pour terminer, je veux dire ici, solennellement, au peuple béninois, qu’aucune décision d’affectation de magistrats ne se prend sans l’avis du Conseil Supérieur de la Magistrature.

Le dernier redéploiement du personnel judiciaire ne déroge pas à la règle ; le Président de la République, Président du Conseil Supérieur de la Magistrature, ne l’aurait d’ailleurs jamais permis.

Et je veux rendre ici un hommage particulier aux Sages du Conseil Supérieur de la Magistrature qui ont accompli, à cette occasion, un travail considérable.

Je profite de l’opportunité qui m’est offerte aujourd’hui pour souhaiter à tout le corps judiciaire de notre pays, ainsi qu’à toutes les béninoises et à tous les béninois, une année de Réconciliation, de Justice et de Paix comme l’a proclamé le Pape Benoît 16 lors de sa visite au Bénin.

Que Dieu, le Tout Puissant, le Très Haut, vous bénisse tous.

Je vous remercie.

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