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Le triomphe de la vérité

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Editorial:En attendant l’espoir


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Le Bénin, spectateur de la CAN. Pour la deuxième édition consécutive, les Béninois vont regarder la plus grande compétition panafricaine depuis leurs postes téléviseurs. C’est un non-événement pour ceux qui ne croient plus du tout au Onze national. Nos Ecureuils ont si souvent déçu que le public sportif en est blasé, résolument pessimiste sur ses performances. Nos champions, devant ceux des autres pays se révèlent si souvent de piètres héros qu’ils ont fini par devenir de faux dieux.

Il n’est que de voir comment ils se sont enfoncés au creux des championnats respectifs de leurs clubs européens. Même s’il brille de mille feux, la star Sèssègnon de Sunderland mériterait mieux que ce club si souvent au bord de la relégation. A contrario, les autres effectifs africains sont bourrés de talents venant de Chelsea, Arsenal, Manchester (les deux), Real ou encore directement sortis de la Bundesliga. Ce sont les grands noms des championnats européens qui inondent nos écrans de leurs exploits combien nombreux.

 Et la CAN 2012, une fois de plus, sera l’occasion d’une exhibition médiatique mêlant l’action la plus spectaculaire aux joies les plus folles. En même temps, les déchirements inouïs des occasions de buts avortées ou des défaites inadmissibles redonnent aux populations un supplément d’âme. La CAN, ce n’est pas seulement une balle qui roule sur un rectangle vert. C’est assurément autre chose que ces joueurs tout droit venus des eldorados européens où ils ont su, grâce à leurs immenses talents, amasser Porsche et Navigator, colliers en or et chaussures de grande marque. En dehors des individualités excentriques qui s’expriment durant la compétition continentale, il y a surtout les Etats qui projettent leurs égos à travers le prisme du ballon rond.

 La valeur d’un Etat se ramène ainsi à sa puissance de jeu. Stars et spectateurs se laissent captiver par le jeu et sa variante médiatique, déferlement d’images chocs, de passements de jambes, de coups de pattes rageurs et autres dribles de génie qui soulèvent les stades. Pour deux semaines, le foot rendra l’Afrique folle, folle de cette passion que rien ne peut contenir ni expliquer, sauf l’âpre ferveur des foules de fanatiques déchaînés.

Sur ce terrain où les peuples se donnent deux semaines de rêve, on ne parlera pas de nos Sèssègnon, de nos Mouri ni de nos Omotoyossi. Nos stars locales ne manquent pourtant pas de mordant sur le rectangle vert. Ils sont les victimes des jeux de pouvoirs qui se jouent au sein des fédérations. Face à la folie des foules fanatisées, il n’y a pas pire commerce que celle de la récupération du sport roi à des fins de pouvoir et d’argent.

Le jeu est sorti de son univers ludique pour revêtir les habits de la politique et de l’argent. Trivialement, ce sont nos passions qui nourrissent ces présidents de fédérations et autres magnats de clubs qui se paient nos têtes. Les peuples hébétés suivent de loin le noyautage et se prennent à rêver de vengeance divine ou de vengeance tout court. Qui sanctionnera tant de bassesses si ce n’est Dieu lui-même qui saura certainement pardonner le mercantilisme sportif de ses enfants ?

Mais les Béninois peuvent se réjouir. Un peu. Comme tous les pays absents de cette édition décidément fade, le nôtre peut se targuer d’être logé à la même enseigne que les grandes nations de foot, à commencer par le tenant du titre continental, l’Egypte. Que ce soient le Cameroun, le Nigeria, l’Algérie ou la grande Afrique du Sud, tous ces pays connus pour être des bastions du beau jeu, ont fait les frais du mauvais sort qui s’est chargé de vider la CAN 2012 de toute substance. Que représente une CAN sans Eto’o, sans Obafèmi Martins, sans Mido ? Pas grand-chose.

Les grands classiques n’auront pas lieu cette année, sauf un improbable Ghana-Côte-d’Ivoire porteur de bien des étincelles. C’est une consolation pour le Bénin. Il lui faudra préparer 2013 avec plus d’engagement dans un contexte où la crise au sein de la Fédération se tasse visiblement. Car les Béninois ont droit au beau jeu, comme les autres peuples du monde. Et l’occasion de ces deux semaines nous donne à espérer (ou à rêver en tout cas) d’une nouvelle aube qui se lèvera bientôt sur notre ballon rond.

Olivier ALLOCHEME

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