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Boni Yayi déjoue in-extrémis une grève de pourrissement à la justice. Alors que les magistrats, convoqués par leur organisation, l’UNAMAB, étaient sur le point de prendre des décisions graves en protestation contre les dernières déclarations du Gardes des Sceaux, ministre de la justice et des affectations contestées dans le secteur judiciaire, le Président de la République, Dr Boni Yayi a appelé d’urgence les responsables du syndicat des magistrats qu’il a reçu en urgence. En suspendant leur assemblée générale, les responsables de l’UNAMAB ont répondu à l’appel du Chef de l’Etat. Très importantes pour les lendemains du bras de fer, les décisions de ce conclave seront d’ailleurs connues de l’ensemble des magistrats à l’occasion de l’assemblée générale urgente convoquée pour ce matin pour discuter de la suite du mouvement.

Selon des sources concordantes, le Chef de l’Etat n’a pas ménagé son ministre Garde des Sceaux, ministre de la justice et porte parole du gouvernement. Devant les responsables de l’UNAMAB qu’il a appelés d’urgence, Boni Yayi a reconnu que les propos tenus par son ministre sont mal venus et qu’il ne revenait pas au ministre de la justice de faire des déballages du genre qui ternissent plus l’image de la justice.

Ces genres de déclarations n’encouragent pas l’investissement au moment où on s’échine à trouver des voies et moyens pour la relance économique, a avoué le 1er magistrat du pays qui a dit qu’il comprend parfaitement la colère et la révolte des magistrats. Il s’agit de trouver des mesures efficaces pour faire disparaitre le mal, s’il gangrène réellement la justice, a commenté le chef du gouvernement qui a appelé à la compréhension des magistrats qu’il sollicite d’ailleurs dans le sens d’une application de la loi contre la corruption votée par le parlement.

Réaffirmant son engagement à aider la justice à l’aider dans l’amélioration des services judiciaires, Boni Yayi a, après avoir écouté les représentants des hauts gradés de la justice, reconnu que les dernières affectations doivent être revues. En effet, les responsables de l’UNAMAB ont soutenu devant la haute autorité que le dernier redéploiement dans la maison justice est émaillé de règlement de compte et de chasse aux sorcières ainsi que de la promotion de gens qui ne méritent pas.

Prenant en compte ces observations, Boni YAYI a promis corriger le tir, en ne signant pas les décrets d’affectation, lui ont suggéré les responsables de l’UNAMAB qui ont promis rendre compte à la base qui en décidera.

L’UNAMAB méfiante, mais décidée à aller jusqu’au bout

Les responsables syndicaux des magistrats se sont montrés prudents avec le Chef de l’Etat. Devant Boni Yayi qui sollicitait leur concours pour un apaisement afin de ne pas engager un bras fer dans le secteur justice, les porte- paroles des magistrats ont été prudents. Ils n’ont rien promis, pas même d’amener la base à ne pas décider d’action d’envergure pour exiger la démission du ministre de la justice qui les a choqué par ses déclarations.

Onésine Madodé et son équipe ont dit au Chef de l’Etat qu’ils vont aller à la base poursuivre l’assemblée générale et rendre compte de l’audience et des souhaits du Chef de l’Etat. Cette démarche prudente des responsables de l’UNAMAB agrée plusieurs magistrats d’après les commentaires qui ont suivi cette audience qui s’est tenue loin des caméras. Selon ces commentaires d’ailleurs, l’AG de ce jour va donner un sursis au Chef de l’Etat, le temps qu’il ne pose des actes probants de ses promesses.

Dans ce cadre, la grève qui devrait être décidée à l’AG de vendredi sera gelée et il sera clairement notifiée au Président de la République que l’UNAMAB attend la remise en cause des dernières nominations, donc la non passation de service dans les juridictions et au besoin un moyen de demander au Garde des Sceaux de ménager désormais ses propos en tant qu’autorité.

En clair, la rencontre générale de ce matin des magistrats sera moins coléreuse, du fait de l’humilité du Président de la République, Président du Conseil supérieur de la magistrature, autorité à même de donner une suite favorable aux doléances des magistrats.

Wandji A.