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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec le Secrétaire général fédéral de la Fesyntra-Finances, Laurent Mètongnon sur la suspension des primes dans les sociétés et offices d’état:« Yayi veut régler les problèmes de primes aux repreneurs des sociétés à privatiser »


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La décision de suspension de primes et d’indemnités prise par le gouvernement sort une fois encore le Secrétaire général fédéral de la Fédération des syndicats des travailleurs du ministère des finances (Fesyntra-Finances) de son silence. Le Général de lutte comme beaucoup se plaisent à l’appeler, Laurent Mètongnon contrairement à beaucoup, pense que c’est une stratégie pour faciliter la privatisation des sociétés d’Etat avec les repreneurs qui auraient exigé des dispositions préalables avant d’en acquérir. En réfutant donc en tant que citoyen et défenseur des droits des travailleurs cette décision, il déclare que le problème qui se pose au niveau des offices et sociétés d’Etat se situent au niveau de la mauvaise gestion organisée depuis le sommet de l’Etat. Dès lors, il faut aller à un dialogue élargi aux travailleurs à qui il faut parler avec des preuves palpables.

L’Evénement Précis : Comment appréciez-vous la suspension par le gouvernement des primes et indemnités dans le rang des sociétés d’Etat et offices ?

SG/Laurent METONGNON : J’ai appris comme tous les Béninois cette décision du Chef de l’Etat qui demande la suppression des primes et indemnités des fonctionnaires des sociétés et offices d’Etat. Tout d’abord, je dois pouvoir dire que je suis surpris quand bien même je ne connais pas les motivations profondes de la prise de cette décision.

 Mais lorsque je vois et j’analyse le climat social aujourd’hui dans notre pays, je me demande si cette décision est opportune. Surtout en cette fin d’année où les besoins sont plus importants pour les fonctionnaires qui ont des droits acquis. Mais pas un communiqué on décide de supprimer et non de suspendre.

Selon les informations c’est de suspendre

Même si c’est le cas, ça vient comme une surprise pour les travailleurs. Car, la suspension devrait être précédée des rencontres, des motivations et des raisons profondes qui devront amener à cette décision. C’est cela le sens du dialogue même. Cela n’a pas été le cas néanmoins il est dit que nous avons un gouvernement qui prône le dialogue. Sans le dialogue sur les droits acquis on demande de suspendre sinon supprimer.

 Dans l’un ou l’autre cas, il se pose un problème? Cette première réflexion, m’a encore suscité une seconde. Quels sont les offices et sociétés d’Etat qui existent encore dans notre pays et qui ne sont pas déjà privatisés ou qui ne sont pas en voie de privatisation ? Est-ce qu’on veut vendre ces sociétés ou on veut les privatiser en bon état pour faire plaisir aux repreneurs. Est-ce que là, c’est encore les exigences de ces repreneurs ou de la Banque mondiale qui demandent un certain travail ? C’est dire qu’avant qu’ils ne les achètent, il faut que ces sociétés et offices soient en bonne forme ?

Ainsi une fois en procession, ils ne parleront plus de primes et d’indemnités avec les travailleurs. N’est-ce pas l’idée qui est cachée ? C’est tout comme on dit dans notre tradition de bien engraisser le mouton qu’on veut vendre avant de le faire. Notre gouvernement veut déjà régler les problèmes pour que les repreneurs n’aient pas de difficultés avec les travailleurs une fois les sociétés achetées. C’est une question que je me pose.

C’est bien parce que ces sociétés et offices ne participent pas au budget national

Si on me dit que ces sociétés ne participent pas au budget comme vous le dites, sous prétexte que tout le bénéfice est réparti. Et de suite, que dans la loi des finances 2012, après la réserve légale et autres, il est prévu des pourcentages pour ces sociétés pour participer à l’économie de notre pays, ce n’est pas nouveau pour le pays. Car même sous la révolution, c’est ce que nous avons comme sociétés qui participent pour une grande part au budget national.

 Je veux parler de la Sonacop, de la Sbee, de la Sonapra et autres. Mais il se fait que ces sociétés sont aujourd’hui moribondes et ceux qui les ont pillé existent, impunis. Mais notre gouvernement ne cesse de nous dire que c’est des sociétés qui devront être privatisées, vendues selon les exigences de la Banque mondiale.

C’est là où, je ne comprends plus rien. Est-ce qu’on a fait le bilan pour voir si c’est les primes ou autres indemnités octroyés aux travailleurs qui ont affaibli ces sociétés ? Est-ce qu’on a prouvé au peuple que c’est parce que les travailleurs prennent trop de primes que les sociétés ne marchent pas ?

Mais des directeurs de sociétés et offices d’Etat sont à quatre voire cinq millions de francs Cfa le mois au détriment d’autres cadres du pays. Ne pensez-vous pas que c’est de l’injustice ?

C’est possible. Moi, je n’ai pas de preuve. Mais dans un pays où l’on veut la transparence, ce sont ces aspects qu’il faut exposer aux populations et travailleurs d’abord. Tenez vous tranquille, dans les 36 réformes en 5 ans que la refondation a entamées, il y a aura de problème telle que les choses se passent.

La crise sociale dans le rang des travailleurs n’est pas encore à sa fin et on ouvre un autre front. Mais on constat que le Président de la République ne veut pas la paix. J’ai comme impression que c’est quand il crée les problèmes qu’il est content. Et c’est là qu’il pense qu’il est en train de faire de réforme. C’est bien dangereux.

Vous souhaitez donc le dialogue avant la prise de cette décision ?

Mais c’est eux-mêmes qui parlent de dialogue. Et je ne vois pas encore qui prouve qu’avec la suspension les primes et les indemnités la saignée va cesser. Est-ce que c’est cette décision qui va permettre aux offices et sociétés d’Etat de se redresser ? Est-ce que c’est en ouvrant encore cette fronde que les problèmes vont se résoudre, ou bien il faut poser les problèmes et chercher les solutions avec les partenaires sociaux ?

Ce n’est même pas un problème qu’on devrait résoudre en deux ou trois ans. Ce n’est pas en les posant sous cette forme qu’on va régler les problèmes de notre pays. Il a fait cinq ans à ne penser qu’à comment il va revenir. Tout le problème se pose au niveau de la disposition des hommes pour gérer ce pays. Le problème qui se pose est plutôt une affaire de gestion du pouvoir et du bien public. En réalité, avant qu’il n’y ait la paix, il faut d’abord établir la justice. Il faut arriver à savoir si la disposition des hommes répond aux critères qu’il faut pour une bonne gestion ?

Mais vous savez plus que moi comment les gens sont nommés. Lorsqu’ils sont nommés sur des critères qui ne sont pas fondés, la société ne peut que dégringoler. C’est la politique du même parti, de la même ethnie, la même religion, la même région. Cela est connu dans notre pays. Et ceci met à mal l’économie. Les valeurs éthiques et la compétence ont déserté le forum. C’est ce que j’appelle la mauvaise gestion. Demandez-vous pourquoi on ne remplace pas ceux qui gèrent mal les sociétés. Donc, je pense que si un bilan a été fait, on ne serait pas à ce niveau.

Le Chef de l’Etat a quand même initié le dialogue en rencontrant les directeurs des différentes sociétés et offices ce week-end?

Vous pensez que ces directeurs vont dire la vérité quand ils ne pensent à leur fauteuil ? Le dialogue doit se situer au niveau des travailleurs. C’est quand l’Etat va parler avec preuve que les travailleurs vont mieux appréhender la situation pour être réellement convaincues de ce qui se passe dans la société. Il y a plein de choses qui se passent dont les travailleurs ne sont pas informés. Qu’on sorte les états financiers et voir les critères sur lesquelles les primes ont été octroyées dans certains cas.

 Il faut chercher à cet effet à savoir ce qui puise dans les caisses des sociétés car ce n’est pas seulement les travailleurs. C’est le moment de nous le dire livre ouvert et on saura sur quelle base les primes ont été souvent octroyées. Tant qu’on n’aura pas à faire cela, les décisions vont toujours surprendre. Il faut donc rétablir d’abord la justice. Il faut un minimum d’équité. C’est dire que les réformes auraient dû commencer lors du premier mandat.

 Si on faisait dix reformes au premier mandat et dix au second, cela ferait vingt réformes. C’est mieux que de nous dire qu’on veut faire 36 réformes. En réalité, pour qu’une réforme soit bien pensée, il faut qu’il y ait l’encrage. Qu’elle soit acceptée de tous. On ne peut pas faire le bonheur de quelqu’un à sa place. C’est vrai que les hommes sont réfractaires à des réformes, mais lorsqu’elles sont pensées avec des objectifs clairs dans la tête des populations, c’est facile à réussir.

Propos recueillis par

Emmanuel GBETO

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