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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec Paul Gnimagnon, inspecteur des douanes à la retraite, Président du parti Nep-Mixalodo sur la crise à la Douane:« Je suis en harmonie avec ma conscience en affirmant que je soutiens le Dr Boni Yayi et la Refondation »


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Paul Gnimagnon, «Le PVI est un bon programme et je félicite le gouvernement de l’avoir mis en œuvre.»

L’inspecteur des Douanes Paul Gnimagnon sort du silence. Désormais admis à la retraite, le président du Parti NEP-Mixalodo se prononce pour la première fois sur le bras de fer qui a opposé le gouvernement à la corporation des douaniers et conduit à la suppression du droit de grève aux acteurs de cette corporation. Dans cet entretien, l’ancien chef brigade par intérim de la Douane Brigade Port et ancien Chef de la brigade Douane aéroport se fonde sur le comportement des cadres de l’administration douanière pour justifier la suppression du droit de grève aux disciples de Saint Mathieu.

L’Evénement Précis : votre corporation traverse en ce moment une crise. Quelle est votre appréciation de cette situation ?

Paul Gnimagnon: Je voudrais préciser d’entrée que je n’interviens pas ici en qualité de Président de Nep-Mixalodo. Vous m’avez invité pour intervenir sur les derniers évènements intervenus au sein de la corporation à laquelle j’appartiens. J’interviens donc en tant qu’Inspecteur des Douanes à la retraite. En avant-propos, je voudrais dire trois choses. Premièrement, prenant en compte l’intervention de l’Inspecteur des Douanes Catherine Egounlety, Secrétaire Générale du SYDOB, je voudrais saluer mes collègues Douaniers pour avoir évité le bras de fer avec le gouvernement.

Cela est aussi un signe de patriotisme qui a consisté à ne pas refléter la ligne pure et dure propre au mouvement syndical, une ligne pure et dure qui ne règle pas toujours les problèmes. Deuxièmement, je voudrais respectueusement suggérer au Président de la République de prendre acte de cet esprit patriotique et puisqu’il connaît le rôle et l’importance de la Douane et donc des Douaniers dans l’économie de la Nation, il saura en tant que père de famille remettre en confiance cette corporation.

Troisièmement, je souhaite que l’on enterre définitivement la suspicion et certaines formes de soutien au père de famille qui en réalité consistent à remuer le couteau dans la plaie et qui en définitive opposent le fils au père. Nous n’avons pas besoin d’opposer notre frère à notre père même si nous avons bénéficié ou cherchons à bénéficier de la bienveillance de notre père commun.

Que pensez-vous de l’interdiction de la grève aux Douaniers ?

C’est une question à controverses qu’on ne peut apprécier que par rapport au statut qui régit la corporation et c’est sur cette question que ma perception est différente de celle de beaucoup de collègues. Juridiquement, les personnels de l’Administration des Douanes et Droits Indirects sont régis à compter du 18 Juin 1990 par la loi N° 86-013 du 26 Février 1986 portant Statut Général des Agents permanents de l’Etat complétée par le décret N° 93-103 du 10 Mai 1993 portant Statut particulier des Corps des personnels de l’Administration des Douanes et Droits Indirects.

 A partir de là, point n’est besoin de prendre en compte les désirs de quelques cadres supérieurs qui en définitive n’ont fait que compliquer les choses. Sur la base des textes évoqués ci-dessus, le Douanier est un agent permanent de l’Etat, c’est-à-dire un agent civil, la notion de paramilitaire se définissant principalement et fondamentalement en fonction de la mission assignée par les lois de la République et non pas simplement en fonction de l’uniforme, du galon et des armes. Je souligne que la douane béninoise n’a jamais une mission de sécurité publique, de maintien d’ordre, de défense nationale.

La douane est un corps civil tout simplement en raison donc de ses deux principales missions traditionnelles : la mission fiscale et la mission économique auxquelles s’ajoutent des missions de protection. Je précise ici que les missions de protection ne sont pas des missions de sécurité publique ; il s’agit d’un ensemble de missions dévolues à d’autres administrations mais qui ont été confiées à la douane en raison de son positionnement aux frontières.

 Un paramilitaire n’est pas un militaire même s’il manipule des armes. Ainsi, les personnels des douanes ont le droit de grève. L’usage qu’ils doivent faire de ce droit en fonction du rôle sensible qu’ils jouent est un autre problème. Les choses ont été perçues autrement à partir du moment où quelques cadres supérieurs des Douanes, nostalgiques du séjour dans les Forces Armées Populaires ont voulu bénéficier des mêmes considérations ou privilèges que les Gendarmes et les Militaires et ont commencé à se faire appeler subrepticement Capitaine, Commandant, Lieutenant-colonel et Colonel en violation des lois de la République.

Conséquemment, ils se trouvent diminués de ne pas avoir comme chez leurs collègues des autres composantes le grade de Général. C’est sur la base de ces considérations subjectives que parlant d’un principe de décrochage dont ils n’ont pas mesuré les conséquences, toute une corporation a été induite en erreur par l’introduction d’un avant- projet portant statut spécial tout comme si la loi N° 86-013 et le décret N° 93-103 ne suffisaient pas. Prenant en compte cette exigence d’assimilation venue des douaniers eux-mêmes, l’interdiction du droit de grève par l’Autorité se trouve ainsi justifiée.

Voulez-vous dire que les douaniers n’ont pas raison d’observer la grève de 72 heures ?

Je n’interviens pas ici en tant qu’homme politique. En outre, je n’ai jamais fait l’option d’être syndicaliste. Je ne mets donc pas en avant des considérations politiciennes et syndicales. Lorsque je lis la motion de grève de mes collègues, ils exigent la transmission sans modification à l’Assemblée Nationale pour adoption de l’avant projet de loi portant statut spécial des personnels de l’Administration des Douanes et Droits Indirects.

Sur ce point, je comprends qu’ils sont dans leur rôle syndical mais, je ne suis pas d’accord avec eux. En effet, dans d’autres documents, ils ont reconnu et écrit ce qui suit : « sont du domaine de la loi, les règles concernant le statut du personnel militaire des Forces de Sécurité Publique et Assimilés ». Et j’ajoute que cette citation est un extrait de l’article 98 de la Loi N° 90-32 du 11 Décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin.

Je pense qu’il ne faut pas faire une lecture parcellaire de la loi et qu’il convient de se référer à l’article 54 de la même loi qui dispose que le Président de la République est le Chef de l’Administration. Cela veut dire qu’il appartient tant au parlement qu’au Gouvernement d’avoir l’initiative. La corporation douanière étant sous l’ordre du Gouvernement et donc du Président de la République ne peut pas intimer l’ordre de faire passer tel quel son avant-projet traitant ainsi l’Autorité gouvernementale et l’Autorité parlementaire comme étant à ses ordres.

Le Gouvernement a du reste le droit et peut décider d’autorité du statut juridique (civil, paramilitaire ou militaire) de la corporation douanière. Quant aux autres points de leurs revendications, j’en ai déjà parlé plus haut sans les évoquer.

Pourquoi n’avez-vous pas répondu à l’appel du Président de la République ?

Le communiqué n’a pas indiqué que les Agents des Douanes à la retraite sont appelés par le Président de la République. Si c’était le cas, je me devais de répondre à l’appel de l’Autorité. Le communiqué a bien précisé «…les agents des douanes à la retraite désireux de signer un contrat de service… ». Je ne suis pas forcément désireux de travailler à la Douane quand bien même pour moi la retraite est un changement d’activité et non une période d’inactivité.

 En outre, il ne s’agissait pas d’une instruction pour nécessité de service. Je devrais chercher dans ces conditions une solution aux côtés du père de famille dans l’intérêt de la famille au lieu de me substituer à mon frère pour ainsi aggraver le conflit familial qui en définitive n’arrangerait ni le père ni les enfants chassés de la maison ni ceux qui se seraient substitués à ceux qui sont chassés de la famille.

Que pensez-vous du Programme de Vérification des importations ?

Le programme de vérification des importations est un bon programme et je félicite le gouvernement de l’avoir mis en œuvre. Je précise que le sous-bassement de ce programme a été élaboré par certains cadres de la douane avec la collaboration des partenaires techniques. En tant que réforme, il aurait dû être mis en œuvre plutôt même si ce n’est avec la même appellation, s’il n’y avait de résistances aux changements au niveau de certains cadres supérieurs de la douane.

Que pensez-vous des conflits répétés entre douaniers et leurs collègues des forces armées et de la police ?

C’est vraiment regrettable d’assister à ces genres de scènes. Lorsque vous analysez les différents cas intervenus dans le passé, vous vous rendez compte aisément qu’à la base des conflits, il y a des incompréhensions. Si les chefs et les directeurs généraux des différentes composantes veulent que ces comportements cessent, ils cesseront et on n’aura même pas besoin de recourir au Président de la République.

Vous dites que vous n’intervenez pas en tant que Président de parti, mais dîtes nous au moins si Paul GNIMAGNON est de l’Opposition ou de la Mouvance ?

Je dois d’abord commencer par faire quelques rappels à savoir que je suis le Président du parti NEP-MIXALODO qui à sa création, s’est fixé comme objectif de contribuer à mettre en œuvre une « politique alternative » dans notre pays à partir de 2011, à opérer une « alternance porteuse d’une alternative crédible », une « alternance républicaine ». Cette alternance, pour nous, ne signifiait pas un simple changement d’homme à la tête de l’Etat.

 Pour nous, elle signifiait que tous ceux qui ont été aux affaires dans notre pays et à qui est imputable la régression sont disqualifiés pour porter un nouvel espoir pour notre peuple. En tant que citoyen, je suis en harmonie avec ma conscience, ma conviction patriotique et en accord avec l’objectif initial de mon parti en affirmant depuis un certain temps que je soutiens le Président de la République le Docteur Boni Yayi et la Refondation parce que celle-ci se veut être un correctif aux erreurs du changement.

Je n’avais jamais entamé mon combat dans le but de contribuer à faire revenir les politiciens qui ont tout le temps déçu notre Peuple et qui ont été rejetés par lui en 2006. Ils ne sont pas meilleurs au Président Boni Yayi et je me refuse de faire de l’Opposition aveugle et rétrograde.

Engager, le Bénin dans la rotation, c’est sacrifier plusieurs générations, c’est arriérer notre pays encore pendant cinquante années et je voudrais contribuer à barrer la route à la politique politicienne qui a retardé le Bénin pendant un demi siècle. Mes compatriotes ne pouvaient le comprendre ainsi vu le contexte et parce que je n’ai pas fait non plus de la communication.

A quoi vous occupez-vous? Que faites-vous maintenant à la retraite ?

Je travaille toujours en politique car elle est pour moi une passion. En dehors de la politique, je suis à mon propre compte et je travaille aussi en tant que consultant dans un cabinet de Jurisconsulte.

Votre mot pour conclure cet entretien

Je souhaite vivement la volonté et la compréhension de part et d’autre ; je remercie tous ceux qui à quelque titre que ce soit œuvrent ouvertement ou dans l’ombre pour la paix.

Entretien réalisé par A. Wandji

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