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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Jeunesse sacrifiée


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Aujourd’hui 24 octobre, le monde célèbre la journée mondiale de l’information sur le développement. Instituée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1972 pour appeler l’attention de l’opinion publique mondiale sur les problèmes du développement, elle a donné lieu cette année à quelques messages d’alerte sur les enjeux de développement au Bénin et en Afrique. Mais tous les messages ne rendront pas compte du drame qui se noue à bas bruit au sein de la jeunesse. La question cruciale en effet est celle de l’emploi dans un contexte où la création de richesse se fait à pas de caméléon.

Ne dramatisons pas tout. Les efforts de développement sont visibles, et le Bénin de 2011 est loin de celui d’il y a dix ans. Et pourtant, il suffit d’être attentif aux mutations pour constater que la marche actuelle est trop lente pour nous épargner les crises inévitables d’un développement très fragile. Les universités (publiques et privées) qui comptent au bas mot 130 mille étudiants cette année sont une image de ce qui nous attend : un déferlement de jeunes diplômés de l’université sur un marché du travail atrophié.

 On s’en rappelle, la Révolution de Jasmin a démarré en Tunisie par un diplômé qui s’est immolé pour protester contre ses souffrances de chômeur. L’effet boule de neige de cette opération kamikaze a déstabilisé la société tunisienne. Son onde de choc ne cesse de faire des ravages aussi bien dans le monde arabo-musulman devenu depuis lors un volcan en ébullition, que dans les autres parties du monde où le maître mot est à l’insurrection.

Espagne, Etats-Unis, Italie, Grèce, France, Sénégal ont déjà connu où connaissent leur part d’insurrection liée au mal-être. Partout, le flambeau est tenu par des jeunes sacrifiés par les politiques d’austérité et l’imprévision des Etats. La surchauffe sociale née d’une absence de perspectives pour les jeunes, est un signe de la décadence de notre civilisation.

Les jeunes arrivent dans un monde où la technologie et ses applications sont reines. Leurs besoins sont d’autant plus coûteux que les moyens pour les acquérir sont de plus en plus rares. Et le déploiement de luxe des uns doit rencontrer la misère des autres dans des espaces politiques accaparés par les plus nantis. Ceux-ci sont pour la plupart au seuil des soixante ans d’âge, pour ne pas dire plus.

Ils monopolisent l’espace public, au point qu’on peut se rendre compte d’une gérontocratie (gouvernement des vieux) et d’une ploutocratie (gouvernement des riches) d’autant plus insultantes que la majeure partie de la population est jeune et pauvre. Comment peuvent-ils penser à ceux qui n’ont que 24 ou 30 ans quand leurs enfants ont plus de quarante ans et travaillent déjà pour avoir étudié dans les meilleures universités ?

Mais en dehors des étudiants, il y a aussi la masse des autres diplômés (élèves des écoles professionnelles, apprentis et autres) qui accourent sur le même marché de l’emploi devenu étriqué. Celui-ci ne fonctionne même plus sur des bases claires. C’est un engrenage où Il faut plaindre les femmes diplômées harcelées sexuellement, tentées par l’oisiveté des MadameSalon mais désireuses de s’en sortir ou confrontés à des maris intraitables qui leur refusent le droit d’aller travailler. Le chômage a de plus en plus un visage féminin.

Mais la véritable question est de savoir si tous ces chômeurs ne seront pas les pires fossoyeurs de la paix et de la sécurité demain. En initiant des recrutements (massifs) dans la fonction publique ces dernières années, l’Etat semble jouer sa partition. Mais que l’on ne s’y trompe pas. Le flot ininterrompu des jeunes détenteurs d’un diplôme de Bac plus deux , plus quatre ou plus cinq ne peut être absorbé efficacement que par les entreprises privées.

Et lorsqu’on sait qu’avec le dernier rapport Doing Business publié la semaine dernière par la Banque Mondiale et la SFI, le Bénin se classe dans les dix économies les moins attractives au monde, on se demande combien de Béninois ont encore le courage de créer leur propre entreprise. Autant le faire en Afghanistan ou en Irak ravagés par la guerre mais moins difficiles que l’environnement béninois !

 Ceux qui tentent quelque chose doivent faire face à des pesanteurs créées de toutes pièces. L’économie de demain sera centrée sur l’entreprise ou ne sera pas. Et c’est un doux euphémisme que de compléter : le Bénin de demain sera résolument engagé pour les entreprises ou ne sera pas.

Olivier ALLOCHEME

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