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Le triomphe de la vérité

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Vote de la loi portant prévention et répression des violences faites aux femmes: Les femmes leaders de la Société civile saluent l’aboutissement d’un combat de longue haleine


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Le vote, le  mardi 27 septembre 2011, de la proposition de loi portant prévention et répression des violences faites aux femmes en République du Bénin est accueilli avec liesse au sein de la gente féminine béninoise. Ainsi, en prélude au démarrage le 25 octobre de la campagne des seize jours d’activisme contre les violences faites aux femmes qui avait conduit, au cours de son édition 2010, les organisations de la société civile œuvrant pour la cause des femmes à organiser un meeting devant l’Assemblée nationale à Porto-Novo, plusieurs femmes leaders de la Société civile saluent le courage des députés de la 6ème législature. Pour la présidente de la Commission africaine des Droits de l’Homme et des peuples (CADHP), Me Reine Alapini Gansou, la Coordonnatrice de Social Watch Bénin, Huguette Akplogan, la directrice exécutive de l’Association Vinavo et environnement (Assovie), Gladys Marie-Elise Ayatodé, la Coordonnatrice de la Plate forme de instances de décision (Pfid), Eliane Kuadjo, de Rifonga-Bénin, Léontine Konou Idohou, la Coordonnatrice de Fawe-Bénin Marlène Babio…cette loi vient réparer une injustice sociale et favoriser un meilleur épanouissement des femmes béninoises.

Notons que la proposition de loi portant prévention et répression des violences faites aux femmes vient doter le Bénin d’un arsenal juridique pour combattre les violences conjugales, familiales, le harcèlement sexuel, le viol, le mariage précoce, le rapt, le mariage forcé, le lévirat, les mutilations génitales féminines, les interdits alimentaires en cas de grossesse ou d’accouchement, le rite de veuvage, l’internement des filles dans les couvents, la traite des filles, le rite de purification en cas d’adultère.

 PROPOS RECUEILLIS

 

Me Reine Alapini Gansou, Présidente de la Commission Africaine des Droits de l’Homme (CADHP)

« Sans préjuger des mérites qui sont attachés à son contenu, la loi portant répression des violences faites aux femmes qui vient d’être adoptée, est, il faut le reconnaître, une consécration des nombreuses luttes que la Société civile Béninoise en général ; les mouvements féministes et les défenseurs des droits humains de la femme en particulier mènent depuis deux décennies au Bénin, notamment dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux femmes.

Cette loi a longtemps attendu au parlement et on peut, sans risque de se tromper, affirmer que les hommes reconnaissent de plus en plus les droits de la femme au Bénin lorsque nous savons que le parlement est à plus de 80% composé d’hommes. Il convient de soutenir  au delà de cet aspect sociologique que ce n’est que juste récompense, car cette consécration légale confirme que la femme mérite une attention soutenue dans une société aussi fortement patriarcale que la nôtre. En effet, quoique jouissant des mêmes droits que l’homme, la femme, parce que soumise à des contextes culturels particuliers, reste exposée à des risques de violation de ses droits. Ce qui nécessite donc une prise en charge légale particulière. C’est à ce titre que l’adoption de cette loi est louable.

C’est donc une victoire dans la lutte séculaire contre les violences faites aux femmes, mais le chemin sera encore long, s’agissant de la mise en œuvre ».

 

Mme Marlène Séidou Babio, Coordonnatrice de FAWE-Bénin

« L’Assemblée nationale du Bénin a adopté une loi portant prévention et répression des violences faites aux femmes.

Mes impressions sont assez bonnes sur le vote de cette loi, je pense que ce n’est que justice rendue à la femme et c’est une avancée dans la promotion et la protection des droits humains.

Les femmes de part leur éducation subissent les violences en silence, sans pouvoir lever le petit doigt sans pouvoir ouvrir leur bouche pour dénoncer cet état de chose.

Le vote  de cette loi est devenu une nécessité pour protéger les femmes victimes de violences. Aujourd’hui, pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement, la lutte contre la violence aux femmes est devenue un impératif

Selon les chiffres disponibles au ministère béninois dela Famille69 % des femmes béninoises ont subi une fois dans leur vie des actes de violence, soit sous forme de propos injurieux, de coups et blessures laissant des cicatrices, sous formes de séquestration, de punition ou de scarification. Cette situation alarmante mérite qu’on s’y attarde afin de trouver les solutions pour soulager un temps soit peu les femmes victimes de violence.

Le vote d’une loi spécifique ne doit pas être interprété  comme la perte de domination de l’homme sur la femme, ni une victoire des femmes sur les hommes dans la mesure où il s’agit d’assurer le plein épanouissement de la femme, indispensable pour un développement équilibré du cercle familial.

Avec cette loi,  il est évident que les femmes seront mieux protégées, mais  je pense qu’il y a du travail à faire d’abord pour la vulgarisation de la loi, un travail de conscientisation des hommes et surtout sur les femmes afin qu’elles aient le courage nécessaire pour dénoncer ces actes de violence qu’elles subissent, car si elles ne dénoncent pas les auteurs des violences, la loi n’existera que de nom. Il faut aussi sensibiliser les praticiens de droits afin qu’ils appliquent effectivement la dite loi.

Il est important d’amener les hommes à accepter que les femmes ne sont  pas des bêtes de somme, qu’ils sont le devoir de les aimer et de les protéger, car bien que fragiles physiquement, elles sont une puissance dans la mesure c’est elles qui vont l’humanité.

Que vaudra alors une loi si les femmes doivent continuer à attendre tout de leur maris, cette interrogation nous interpelle tous et il est aussi nécessaire d’assurer à la femme une  autonomie financière, qui ne doit pas rimer avec l’irrespect et la rébellion dans le ménage. Nous sommes dans une société où depuis des temps immémoriaux, tous les pouvoirs ont été conférés à l’homme, et donc aujourd’hui où les femmes prennent conscience de leur situation d’asservissement  et veulent faire changer les choses, il faudra aller avec diplomatie, comprendre qu’il est difficile de changer les mentalités et aller tout doucement.

J’insiste aussi pour finir sur le faite que les femmes doivent briser le mur du silence, et oublier les « qu’en dira t’on » pour dénoncer haut et fort les auteurs des violences,  user de tous les voies de recours pour obtenir réparation.

Je félicite le législateur béninois et tous les acteurs à divers niveaux qui de part leurs actions ont rendu possible une telle initiative qui permettra à coup sûr à la nation béninoise d’avoir une société où règnent la paix et l’harmonie dans les familles ».

 

Propos recueillis par Jean-Claude DOSSA

 

 

 

 

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