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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL:Les six éléphants blancs


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La refondation a aussi pris ses quartiers sur le front industriel. Le ministre de l’agriculture a confié au Génie Militaire l’installation de six usines acquises début février. Mais en l’espèce, un problème de bon sens se pose.

Tout le monde a pu voir en effet hier, l’ambassadeur de Chine et celui de l’Inde reçus à la présidence. A celui de l’Inde précisément, le Chef de l’Etat a demandé d’agir pour faire envoyer des ingénieurs en vue d’assurer le montage desdites machines. Ceci se passe une semaine après la remise de site au Génie militaire, huit mois après la réception officielle des pièces desdites usines, et deux ans et demi après que Boni Yayi eût négocié lesdites usines à la partie indienne lors de sa visite à Delhi en mars 2009.

 Que se passe-t-il donc pour qu’il y ait tant d’anachronisme ? C’est après huit mois que les usines vont enfin être installées ! Et après tant de tapage, nous apprenons qu’il n’y a pas de technicien pour le faire ! Et qu’il faut maintenant les diligences de l’ambassadeur de l’Inde pour que des spécialistes soient sollicités et pour qu’ils arrivent effectivement au Bénin. Un peu comme s’il n’y en avait pas, ni dans le Génie Militaire ni au Bénin. Huit mois après…Deux ans et demis après !

Mais cette incohérence ne serait que relative s’il n’y a pas des zones d’ombre autour de l’exploitation des unités en cours d’installation ( ???). La première est relative au mode de gestion de chacune des unités. Ce n’est pas la première fois que l’Etat s’engage dans l’activité économique au Bénin.

 La période révolutionnaire nous a fourni un fleuron d’usines de toutes catégories installées et gérées par l’Etat et qui ont fait faillite une à une. La plupart sont devenues des éléphants blancs pour n’avoir jamais répondu efficacement aux exigences du marché. Se retrouvant loin des zones de production de leurs matières premières, elles n’ont pas pu supporter le poids de cette erreur. C’est pourquoi, la nouvelle politique a choisi de remédier à cette faille en installant les unités dans des zones réputées pour leur capacité de production en orange (Za-Kpota), acajou (Bantè et Parakou), Tomate (Kpomassè), ananas (Allada) et mangue (Natitingou).

Quelques-unes de ces usines du temps révolutionnaire ont pu résister à la vague de la privatisation, mais trainent encore les séquelles de leur ancrage dans le secteur public : Sitex, Sonapra, Onab … Elles montrent simplement que l’Etat est un mauvais entrepreneur au Bénin. A moins de mettre en place une gérance privée, les usines en question n’ont pratiquement aucun avenir, sauf à devenir bientôt les vrais éléphants blancs du régime Yayi.

Ceci est d’autant plus plausible que le mode opératoire utilisé déjà pour l’installation de ces usines est tout ce qu’il y a de plus anachronique. Pendant que le ministre Sabaï Katè a promis que les unités seront prêtes dans trois mois, le Chef de l’Etat en est encore à demander des spécialistes que l’Etat indien prendra son temps pour envoyer.

Et si l’on ne devrait s’en tenir qu’à ce qui a été dit en février lors de la réception desdites usines au port de Cotonou, il faudra environ 300 millions de FCFA par usine, soit environ 1,296 milliard de francs Cfa pour construire les six unités. Apparemment, le ministre de l’agriculture va plus vite que les procédures administratives de notre pays.

Ceci dénote simplement de l’impréparation de cette opération, aussi salutaire qu’elle puisse paraître à première vue. Mais ceci n’est que la face émergée de l’iceberg. En situation de concurrence, les produits à fabriquer ne seront pas sur un terrain vierge, loin s’en faut. Au contraire, ils devront faire face à la pression concurrentielle que l’Etat devrait prévoir dès maintenant en revoyant son dispositif tarifaire au cordon douanier.

Avec l’avènement du PVI, on peut espérer que cet impératif sera partiellement résolu, d’autant que les subventions déguisées utilisées pour déverser des produits importés au Bénin continuent encore sous le couvert de l’utilisation des valeurs dites consensuelles de dédouanement. Dans tous les cas, la mise en route de ces unités industrielles est un atout qui est en cours d’être sabordé à petit coup.

Olivier ALLOCHEME

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