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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL:Le PRD à l’heure de vérité


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L’université de vacance du Parti du Renouveau Démocratique (PRD) se tient vendredi prochain dans une ambiance de morosité et de tension. Morosité parce que les résultats électoraux de ces derniers mois ont anéanti les ambitions du parti. Parti pour remporter l’élection présidentielle de mars grâce à l’union sacrée qui s’est faite au sein d’un bloc unitaire de l’opposition, le candidat Adrien Houngbédji n’a pu que subir le KO de Yayi.

Ses cris de résistance aux lendemains de la proclamation des résultats de l’élection présidentielle n’ont pas reçu l’écho escompté. Ils se sont éteints sur l’autel des dissensions propres à l’Union fait la Nation qui a avalisé les résultats et désavoué les objurgations de son candidat. Pour Houngbédji, ce ne peut être qu’une profonde déception d’avoir été lâché en ce moment précis.

La morosité, c’est aussi l’entrée de la RB au gouvernement, une entrée qui consacre la cassure du groupe et met au grand jour les luttes d’intérêt consubstantielles à la création de l’Union fait la Nation (UN). C’était donc un attelage hétéroclite qui s’effondre à la première grande tempête. Cette espèce de trahison s’est réalisée contre le PRD ainsi ridiculisé par l’un de ses principaux partenaires au profit duquel Maître Houngbédji avait fait les plus grandes concessions, allant jusqu’au pardon historique que l’on sait. Le parti des Soglo, comme pour se laver de toute faute, ne rate aucune occasion pour dire qu’il demeure encore dans l’UN, c’est-à-dire qu’il se paie le luxe d’être à la fois de la mouvance et de l’opposition. Peut-on trouver moyen plus dangereux de narguer ses partenaires ?

Il y a également morosité avec la démission du Secrétaire général du parti, Moukaram Badarou. Fin juin, il a déposé le tablier précédé et suivi d’autres membres influents partis dare-dare ou en fanfare en clamant leur adhésion « inconditionnelle » à la nouvelle idéologie de la refondation. « Tu quoque fili… » dirait César. Lui aussi n’a pu échapper en effet à la tentation du découragement, même s’il évoque toute autre raison pour justifier son geste.

L’échec de leur idole marque la fin d’une époque, l’anéantissement de tous les projets. C’est surtout la fin de sa marche inexorable vers le palais, marche définitivement enrayée par le poids de l’âge et les prescriptions constitutionnelles. C’est une parenthèse de plus de deux décennies qui se ferme brutalement, et surtout au moment où l’on s’y attendait le moins. Si proche du but…L’échec de Maître Houngbédji aura sonné le glas du PRD. Le parti ne pourra plus jamais être comme avant, à moins de changer de leadership afin de redonner espoir à la masse des militants en quête d’un nouvel horizon.

Il y a enfin tension. Il ne suffit que de lire la lettre de démission du SG démissionnaire pour s’en rendre compte. Le PRD est un patchwork d’ethnies aux aspirations contradictions. C’est ce que révèle du moins la lettre de démission qui parle des « équilibres fondamentaux des deux grandes communautés qui constituent la plus grande base électorale du parti à savoir les goun et les yorouba. »

Et de stigmatiser les positionnements sur les listes de candidatures lors des législatives passées, positionnements qui n’auraient pas assez tenu compte de ces « équilibres fondamentaux.» En clair, au-delà des apparences, le PRD reste miné par des considérations d’ordre identitaire laissées à l’état latent. Elles peuvent exploser et faire éclater le parti en mille morceaux à la faveur de la fragilisation du leadership de Maître Houngbédji.

C’est pour toutes ces raisons qu’en dépit de son affaiblissement relatif, la présence d’Adrien Houngbédji est encore utile pour maintenir le parti à flot et lui éviter l’inévitable naufrage que provoquerait son départ. Cette présence pourrait n’être qu’à titre symbolique et honorifique, de façon à permettre la mise en place urgente d’un leadership absolument significatif qui servirait de moteur pour les combats politiques à venir.

Autrement dit, contrairement au PSD qui peine à se remettre sur pied après les 70 ans de Bruno Amoussou, un nouveau PRD pourrait surgir de l’ancien si Maître Houngbédji décidait de s’effacer au profit d’une nouvelle équipe. Et c’est là que réside toute la problématique du départ à l’heure où le parti est plus que jamais sur la corde raide.

Olivier ALLOCHEME

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