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Le triomphe de la vérité

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Un an après sa mystérieuse disparition:La famille et les proches convaincus que Pierre Urbain Dangnivo reviendra


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Depuis ce mardi noir qui a vu la disparition de Pierre Urbain Dangnivo, sa famille souffre le martyre. Au domicile des Dangnivo, à Tankpè, un quartier de l’arrondissement de Godomey à Abomey-Calavi, même les voisins continuent d’espérer son retour. Dans la tristesse et l’espoir.

Carrefour Tankpè, nous sommes le mercredi 10 août 2011. Un conducteur de taxi-moto communément appelé « Zémidjan » nous mène chez les Dangnivo. Il sonnait 16h34 mn. Après quelques dizaines de mètres sur une route sablonneuse, nous nous engageons sur une piste menant vers une zone de palmiers à huile. Après quelques minutes, la moto s’immobilise devant une maison toute simple : c’est le domicile de Pierre Urbain Dangnivo.

L’extérieur de la maison n’a rien d’extraordinaire et présente deux portails : un petit pour les hommes et les motos, et un autre plus grand, sans doute réservé au passage du véhicule du maître de la maison. A l’accueil, une dame. Elle nous reçoit poliment, dit s’appeler Julienne Dangnivo. Habillée d’une robe simple, la taille normale, visage triste et le regard lointain.

 Informée de l’objet de notre visite, elle refuse de s’épancher, soupire longuement et à la question de savoir si la famille espère revoir Dangnivo vivant un jour, elle répond sans sourciller et avec une très forte conviction par l’affirmative : « La famille espère. C’est tout ce que je peux vous dire ». On n’en tirera rien de plus. On n’aura même pas l’autorisation de parler aux enfants du disparu, ni de prendre des photos. Par pudeur et par respect pour la douleur presque palpable de Julienne Dangnivo (dont nous apprendrons après qu’elle est la femme du disparu), nous n’insistons pas.

 Le lendemain, jeudi 11 août, retour au quartier Zogbadjè Sèdonou Alomakoun. En cette matinée ensoleillée où nous sommes accueillis de nouveau par la même dame, nous avons la chance de rencontrer un autre proche parent du disparu. C’est l’un des oncles maternel qui consent à parler un peu. Teint noir, taille moyenne et la cinquantaine environ, il a le visage grave et se montre réservé. La mine affectée par des mois de doutes, d’incertitudes et de souffrances, il nous prie de faire preuve de patience car la famille est toujours à la recherche de la vraie information.

En présence de Julienne Dangnivo toujours perdue dans la douleur de ses pensées et qui de temps en temps doit se lever pour servir des clients de la boutique, l’oncle maternel consent tout de même à nous révéler que les enfants de son neveu, inscrits à l’université et au collège ont terminé l’année scolaire 2010-2011 « couci-couça ».

Interrogé sur les conditions de vie de la petite famille du disparu un an après, sur les immanquables difficultés rencontrées au jour le jour en l’absence de son pilier, il dira simplement que « la famille se démerde », ce qui n’a pas besoin de plus d’explications. Concernant leurs espoirs de connaître un jour la vérité sur cette ténébreuse affaire, l’oncle s’est simplement excusé de ne pouvoir satisfaire notre curiosité car selon lui, la famille a pris l’option de ne pas communiquer sur l’affaire.

La piste africaine

En insistant beaucoup, nous apprendrons que la famille reste en attente et poursuit les recherches sur le plan africain. Cette piste africaine selon notre interlocuteur révèle que Pierre Urbain Dangnivo est bel et bien vivant. Nous n’en saurons pas plus, l’oncle ayant évoqué la procédure engagée au niveau de la Justice. Du corps exhumé le 27 septembre 2010 à Womey Kangon dans la commune d’Abomey-Calavi et des tests ADN auxquels la famille aurait refusé de se soumettre, il dira n’avoir aucune information et ne rien savoir car « rien de cela ne nous concerne ».

L’un des beaux-frères du disparu présent au domicile de Pierre Urbain Dangnivo aux premières heures de sa disparition, nous apprend que la famille gère très difficilement cette disparition qui semble durer depuis des années. Selon lui, la seule certitude, c’est que Pierre Urbain reviendra vivant un jour, étant donné que l’idée de sa mort n’a jamais été acceptée. Très affecté comme toutes les personnes rencontrées dans le cadre de cette enquête, il s’est dit sidéré par le flou de l’histoire, accentué par ce qu’il a appelé « l’Inconnu ». Il refuse de se résigner à ne plus revoir un jour celui avec qui il entretenait des relations amicales et familiales.

 « Imaginez toute une famille, tout un réseau de relations en train de se poser la question ‘’est-ce que… ?’’, sans jamais en arriver à une réponse », dira-t-il pour faire part de l’immensité de la douleur et du vide créé en eux depuis un an. Pour lui, en faisant croire à l’opinion que la dépouille de Womey est celle de son parent, l’Etat a commis une grave erreur. En évoquant ce douloureux passé, ses yeux s’imbibent de larmes et sa voix se brise plus d’une fois . Il dit prier pour que les auteurs de cette « cabale » de Womey organisée à grand renfort médiatique soient confondus un jour avec le retour de Pierre Urbain Dangnivo vivant.

Des voisins encore sous le choc

« Pierre Urbain Dangnivo est vivant ». C’est également la thèse soutenue par les habitants du quartier qui se sont dits terrifiés par la disparition de celui qu’ils considèrent toujours comme un frère, refusant de parler de lui au passé. Encore sous le choc un an après, les hommes et femmes du quartier Sèdonou Alomakoun de Tankpè ne comprennent pas que leur voisin, un homme sain d’esprit et en bonne santé, responsable d’une famille, ait disparu de la sorte, sans laisser de traces.

 « Ce n’est pas lui qui est enterré à Womey » soutient d’ailleurs une voisine vivant à quelques mètres seulement de la maison du disparu. D’une voix chargée d’émotion, cette vendeuse de divers objets utilitaires de l’artisanat local parle de son voisin comme d’un homme affable, « sans façons », qui se rendait régulièrement chez les habitants du quartier pour prendre de leurs nouvelles et deviser avec eux. « Il nous invitait même à son domicile », se souvient-elle.

 Chef du quartier Sèdonou Alomakoun, Laminou Vigan pour sa part a confirmé l’humilité et la simplicité d’un homme avec qui il entretenait des relations fraternelles. Se souvenant comme si c’était hier du 17 août 2010, il n’a pas oublié la longue, difficile et inquiétante attente au domicile de Pierre Urbain Dangnivo cette nuit-là. Dans une dernière communication téléphonique, le disparu annonçait aux siens qu’il rentrerait mais pas dans l’immédiat. Une attente qui n’a pas cessé un an après. Il n’a pas oublié non plus toutes les démarches entreprises par la famille, les parents et amis de Pierre pour le retrouver.

Laminou Vigan ajoute ne pas comprendre le silence des autorités judiciaires depuis que la procédure a été enclenchée. Selon lui, même au niveau des collègues de service, la disparition de Pierre Urbain Dangnivo ne semble plus être une préoccupation. Un avis que partage le beau-frère qui dit ne plus voir les mêmes personnes au front. Et de se demander si les mouvements menés au plus fort de l’affaire l’étaient vraiment avec conviction.

Comme on peut le constater, un an après sa disparition, Pierre Urbain Dangnivo reste plus que présent dans l’esprit et le cœur de ses proches qui n’ont jamais perdu l’espoir de le retrouver vivant, malgré la terrible épreuve de l’attente et du sentiment de vide et d’incertitudes créé en eux depuis le mardi 17 août 2010.

Flore NOBIME et

Hubert BIYAOU

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One thought on “Un an après sa mystérieuse disparition:La famille et les proches convaincus que Pierre Urbain Dangnivo reviendra

  1. Arnaud Dagbégnon

    ILS SONT CERTAINEMENT EN CONTACT AVEC LUI ; C’EST VRAI QU’ON NE MEURT JAMAIS D’ESPOIR…

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