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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec Sabaï Katè, ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche:« Nous voulons revenir au premier rang des producteurs de coton »


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Sabaï Katè, ministre de l’agriculture : «Il faut faire valoir la fibre patriotique et travailler pour que le Bénin devienne un pays véritablement émergeant»

A peine a-t-il pris service, qu’il est déjà dans les champs de coton. Sabaï Katè, le nouveau ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, en bon fils de paysan, ayant l’expérience de la culture de coton en tant que progéniture de producteur de coton, il descend sur le terrain pour encourager et soutenir les producteurs qui s’emballent à nouveau pour l’or blanc. La semaine dernière, il a parcouru les communes productrices de coton du Borgou et de l’Alibori. Avant la seconde étape dans les communes de l’Atacora-Donga, nous avons profité d’une rencontre qu’il a eue avec les anciens responsables des Ucpc au Cerpa Borgou Alibori pour lui accorder cet entretien. L’ancien maire de Banikoara et agronome de profession sait où il va. Dans son fauteuil de ministre de l’agriculture, il se sent dans son univers et veut aller très loin. Le terrain et les producteurs sont ces priorités.

L’Evénement précis: Monsieur le ministre, je vais être un peu plus curieux. Comment se sent un fils de paysan, de producteur de coton dans le costume de ministre de l’agriculture ?

Sabaï Katè: Je me sens dans ma peau. Il y d’abord ce qu’on appelle le savoir-faire du producteur lui-même c’est-à-dire l’expérience paysanne. Il faut être paysan pour connaître cela. C’est quelque chose qui ne s’apprend pas à l’université. J’ai cela d’abord. Ensuite j’ai une formation agronomique au Bénin et au Mali. Enfin, j’ai géré la commune de Banikoara, la première commune productrice de coton graine. Avec tous ces paramètres, je me retrouve en position de relever le défi que le chef de l’Etat m’a demandé.

Parlons de vos ambitions. Vous visez à moyen terme 600 000 tonnes de coton comme production. N’est pas trop grand comme objectif ?

Nous visons ce chiffre comme défi à relever parce que simplement nous avons installé des usines d’égrenage au plan national. Et ces usines ont une capacité estimée à 600 000 tonnes. Pour ne pas sous exploiter ces usines, il faut produire en quantité et en qualité pour les mettre au travail.

Quels sont les moyens dont vous disposez pour atteindre les 600 000 tonnes ?

Il y a d’abord le savoir-faire de nos paysans. Ensuite il y les facteurs de production et il faut aussi compter avec les aléas climatiques. Le coton n’a pas besoin de beaucoup d’eau. Une répartition équitable suffit. Ma présence sur le terrain est un moment propice pour vraiment soutenir ces producteurs-là pour qu’on puisse augmenter la production.

A quand remonte le dernier pic en matière de production agricole au Bénin ?

Le dernier pic remonte à 2004 sous le président Kérékou. La production est allée jusqu’à 427 000 tonnes. Mais depuis ce temps la production a évolué en dents de scie et a une tendance baissière. L’année dernière, on n’a produit que 136 000 tonnes de coton graine. C’est très inquiétant.

Est-ce que le Bénin peut vraiment parvenir à relever le niveau de la production ?

Bien sûr. C’est l’objectif du ministre de l’agriculture que je suis. Nous voulons revenir au premier rang des producteurs de coton dans la sous-région.

Vous avez choisi les communes productrices de coton comme votre première destination au lendemain de votre prise de service. Quel message se cache derrière cette initiative ?

La démarche est très simple. Nous avons un objectif à atteindre. 600 000 tonnes de coton graines. Et nous avons des statistiques depuis la nuit des temps. Nous connaissons la capacité de production de chaque commune. Il y a aussi le calendrier d’installation des cultures. Si je prends le cas d’Aplahoué, de Klouékanmè, ce n’est pas la période de semis.

 Il faut attendre d’abord un mois pour leur rendre visite. Si je prends le cas de Banikoara qui produit plus des deux tiers de la production nationale, il faut vraiment aller leur parler très rapidement puisque c’est où nous devons réussir. Si on échoue là vous voyez comment les statistiques seront faussées.

Il y a ensuite la commune de Kandi, Bembèrèkè, Sinendé, tout le bassin cotonnier jusqu’à Kérou. Ces communes occupent une place importante dans le dispositif. C’est pourquoi je suis allé dans ces communes-là d’abord et progressivement descendre dans les localités du Sud.

Vous disiez la semaine dernière à Parakou, que vous allez transformer le terrain en un ministère de l’agriculture bis et qu’il s’agit d’un défi que vous devez relever. En quoi c’est un défi d’avoir des résultats ?

Nous avons un ennemi commun qui est la pauvreté. La seule arme pour le combattre, c’est le travail. Il faut donc travailler pour avoir des résultats. Il faut aller chercher les résultats sur le terrain. Pendant longtemps, il y a eu trop de séminaires, de fora et d’ateliers. Le moment est venu d’opérationnaliser toutes les belles idées qui sont issues de ces rencontres et les traduire en actions concrètes.

C’est ça qui va changer le terrain. C’est pour quoi, j’ai parlé de ministère de l’agriculture bis sur le terrain. Je serai en permanence dans les exploitations agricoles que ce soit au nord ici, à Klouékanmè, Kétou ou partout ailleurs sur le territoire national, je vais répéter la même chose.

Le ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, c’est dans toutes les fermes, sur les plans d’eau et sur les chemins de pâturage et les lieux d’élevage. C’est vrai qu’il faut régler les questions administratives au bureau, mais il faut surtout être régulièrement aux côtés des producteurs, des éleveurs et des pêcheurs.

Vous rencontrez également les agents d’encadrement. Quelles missions et quels objectifs leur confiez-vous ?

Cela fait partie des buts que vise ma descente sur le terrain. Je leur dis de se remettre véritablement au travail puisqu’il y a beaucoup à faire. Ce défi de 600 000 tonnes, on ne pourra l’atteindre qu’avec la détermination de ces experts-là qu’ils sont. C’est pourquoi à chaque étape, il y a des séances de travail avec les conseillers en production végétale qui doivent doubler d’efforts. Je les invite à éviter de s’adonner à l’absentéisme, à l’alcoolisme. Il faut faire valoir la fibre patriotique et travailler pour que le Bénin devienne un pays véritablement émergeant.

Partout où vous êtes passés, les élus locaux se sont mobilisés pour vous réserver un accueil exceptionnel. C’est peut-être tributaire du fait que vous étiez leur collègue, il y a encore quelques semaines. Certains maires sont allés jusqu’à vous dire que votre nomination est un clin d’œil du Chef de l’Etat aux élus locaux et que la mission qui vous est assignée est celle de tous les élus locaux. Dites-nous ce que vous attendez d’eux comme actes palpables pour vous rassurer de leurs engagements

Je dois d’abord les remercier pour cette exceptionnelle mobilisation dont vous venez de faire cas. En réalité, nous avons intégré une nouveauté dans cette tournée. C’est l’implication effective des élus locaux. Nous parlons d’une tournée de sensibilisation et il serait injuste qu’on ne prenne pas en compte les élus locaux. J’étais élu local. J’ai été le maire d’une commune qui a fait sa renommée grâce à l’agriculture surtout le coton.

 Vous ne pouvez pas imaginer l’apport des gros producteurs de Banikoara dans le développement local notamment la construction des infrastructures et l’animation des certains services en faveur de la population. C’est une manière de vous dire que la contribution des élus locaux est déterminante dans l’atteinte de nos objectifs. S’ils participent bien à ce travail commun, ils parviendront à convaincre et encourager les gros producteurs et même des investisseurs privés à venir faire des réalisations comme des exploitations agricoles et pourquoi pas des installations agro-industrielles dans leurs localités.

C’est évident que leur intérêt est engagé dans l’accroissement de la production cotonnière dans les zones de prédilection. Il n’y a pas que les maires et les conseillers. Il y a aussi les préfets qui ont un rôle important à jouer dans cette sensibilisation. Les têtes couronnées aussi. Ce sont les gardiens de nos traditions. Ils ont encore beaucoup d’influence auprès des populations. Ce sont des leaders d’opinion qui peuvent inverser la tendance. C’est pour cela que je leur conserve leur place et leur accorde les considérations dues à leur rang.

 Chaque fois que je me rends dans une commune, je vais saluer les têtes couronnées pour leur expliquer ma démarche et l’importance de leur soutien. Je les remercie tous de m’avoir reçu et écouté. Je compte sur eux. Le Bénin tout entier compte sur eux.

Les prévisions pour cette année, c’est environ 324 000 hectares, est-ce que les observations que vous faites sur le terrain, vous donnent espoir que cet objectif sera atteint ?

Bien sûr que l’objectif sera atteint. Le terrain nous rassure. Partout où nous sommes passés, il y beaucoup d’engagement de la part des producteurs. Le seul problème est qu’il y a des ruptures de semences. Cela veut dire que les prévisions sont déjà dépassées. J’ai aussitôt pris contact avec l’Association interprofessionnelle du coton qui va mettre très rapidement des stocks tampon dans ces communes qui en ont besoin.

Vous avez certainement des ambitions pour les autres spéculations aussi…

Bien sûr. Nous avons un plan stratégique de développement pour le secteur agricole. Et ce plan prévoit le développement des filières. Le Bénin a retenu cinq filières prioritaires dont le coton. Lorsque je vais finir avec le coton, vous pourriez me voir la semaine prochaine avec peut être la filière lait, filières palmier à huile, filière cultures maraîchères et ainsi de suite.

Pour conclure, monsieur le ministre…

C’est encore et toujours aux producteurs que je vais réserver ma conclusion. Ils nous sont trop chers et compte beaucoup pour le président de la république. Qu’ils sachent que nous avons assez de défis à relever. Et nous comptons sur leur détermination et leur savoir-faire pour atteindre des résultats.

Propos recueillis par

A. P. Virgil HOUESSOU

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