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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec Bio Tourou Bani Gouda, président du comité consultatif national des producteurs de coton du Bénin:« L’avenir du coton est radieux au Bénin »


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Il est optimiste. Il ne doute point de la nouvelle santé que va avoir bientôt la filière coton. L’espoir de Bio Tourou Bani Gouda est aussi celui de la plupart des producteurs de coton béninois. C’est pourquoi le comité consultatif national des producteurs de coton dont il est le président accompagne l’Etat dans ces objectifs et initiatives visant à relancer la filière.

 Depuis une semaine il est aux côtés du nouveau ministre de l’agriculture en tournée auprès des producteurs de coton des départements du septentrion. Appréciant à sa juste valeur, cet intérêt pour le monde paysan, il exprime, dans cet entretien, quelques attentes de la part des élus locaux, du pouvoir central. Il n’oublie pas de parler des réformes et des changements qu’il y a eu dans le secteur et du nouveau dispositif en place.

Bio Tourou Bani Gouda, président du comité consultatif national des producteurs de coton du Bénin

L’événement précis

: Il y a actuellement des réformes en cours dans la filière coton au Bénin. Il y en a qui sont pratiquement déjà terminées. Est-ce que vous pouvez nous expliquer la différence qu’il y a entre le nouveau système et ce qui se faisait auparavant ?

Bio Tourou Bani Gouda : Vous m’amenez avec faire un tour d’horizon de l’ensemble des axes de la réforme. Avant qu’on ne procède à la réforme, une étude diagnostique a été faite pour déterminer les maux dont souffre la filière coton au Bénin. Il ressort de cette enquête trois grands problèmes. Il y a d’abord la mauvaise gestion des intrants en milieu paysan au niveau des organisations de producteurs. Ensuite la nécessité de renforcer le dispositif d’encadrement.

Il y a enfin l’importance de réorganiser les organisations paysannes. Je crois que nous avons déjà par rapport à l’ensemble de ces problèmes trouvé des solutions. La question de la mauvaise gestion est réglée à travers le recrutement des agents d’appui à la gestion des coopératives que nous appelons des Agc. Ils sont au niveau des coopératives et aident les administrateurs des coopératives à gérer autrement des intrants et même l’ensemble des ressources de chaque coopérative.

Je voudrais que vous mettiez l’accent sur les coopératives villageoises. Auparavant on parlait de la caution solidaire qui créait beaucoup de difficultés. Avec les nouvelles coopératives, qu’est-ce qui va changer ? Et qu’est-ce que cela peut apporter à la filière coton ?

Au niveau de l’encadrement, l’Aic qui est l’Association interprofessionnelle du coton, avec l’appui des partenaires au développement, a encore recruté des techniciens qui s’occupent du suivi de l’itinéraire coton c’est-à-dire de la production du coton. Maintenant au dernier point c’est la réorganisation.

 Nous avons dû susciter la création des coopératives au niveau des producteurs. Désormais, ce n’est plus groupement villageois des producteurs de coton, mais des coopératives villageoises des producteurs de coton. Ce qui a changé est que la gestion ne se fait plus aujourd’hui comme avant. Les coopératives, à travers leurs administrateurs, sont suivies dans leur gestion par les agents d’appui à la gestion des coopératives. Le souci majeur qui soutient cette initiative est de diminuer le ratio d’endettement.

 Au moment où nous-mêmes étions aux affaires, on distribuait les intrants comme nous voulons. Nous n’avions aucune vision sur ce que peut être le surendettement par rapport au revenu que le producteur attend. Ce qui a fait qu’on faisait face à un certain nombre de dettes internes qu’on n’arrivait pas à récupérer auprès des producteurs. La conséquence est que les gros producteurs ne rentraient pas possession de leurs sous. C’est pour cette raison qu’on assiste depuis quelques années à la baisse drastique de la production cotonnière.

Ces réformes que vous êtes en train de mettre en œuvre suscitent déjà de l’intérêt dans d’autres pays où vous avez été invité comme expert pour en parler. Est-ce que vous pouvez rassurer les Béninois que ces réformes vont véritablement relancer la filière ?

A ce niveau, il n’y même pas à se poser des questions à propos de l’issue positive de ces réformes. Vous avez suivi le responsable communal à la production agricole de Banikoara, la première commune productrice de coton au Bénin, disait tout à l’heure que cette localité a produit plus de 134 800 tonnes pour un revenu de plus de six milliards. Mais les intrants nous ont coûté plus de cinq milliards qui ont été rapidement payés. Il reste juste un peu.

 En début de campagne au moment de la commercialisation du coton, il y avait une intoxication selon laquelle, même si vous récoltez votre coton et que vous vendez, vous n’aurez pas votre argent. Cela a fait que beaucoup n’avaient pas vite commencé la commercialisation. Mais quand je leur ai dit que nous ne sommes plus à cette époque où la caution solidaire influait sur les revenus des producteurs. Il faut que les producteurs sachent qu’avec les coopératives, il n’y a plus de caution solidaire. Au niveau des coopératives, les membres qui se sont réunis pour constituer le groupe se connaissent.

Ils se font donc réciproquement confiance et se comprennent. Ils savent donc que faire pour ne pas avoir des problèmes. Avant donc d’accepter que quelqu’un adhère au groupe pour faire du coton, on doit tenir compte de sa moralité et de sa capacité à respecter les règles du jeu. Et dans ce cas, si nous l’acceptons, c’est dire qu’en cas de non remboursement, nous sommes tous prêts à endosser la responsabilité et payer quitte au défaillant de nous régler sa dette plus tard. C’est cela qui fait que le poids de la caution solidaire n’est plus tellement perçu.

Cela ne constitue plus un handicap pour la production cotonnière. Les inquiétudes aujourd’hui sont souvent liées à la pluie ou d’autres choses autre que ce que je viens de vous expliquer. Il y a aussi la politique qui se mêle parfois à travers les intoxications…

Monsieur le président, nous allons éviter de glisser sur le terrain de la polémique politique. Nous allons plutôt nous intéresser au rôle des élus locaux dans le développement de la filière coton. Vous qui êtes producteurs, vous êtes apparemment prêts à vous lancer, il reste à savoir ce que vous attendez des élus locaux.

Nous attendons d’eux un appui conseils. Ils n’ont qu’à nous soutenir dans notre production. C’est tout. Car en réalité, plus nous produisons, plus nous donnons la chance aux mairies et aux maires de disposer de beaucoup de ressources pour s’occuper du développement des différentes localités.

Et de la part des autorités administratives en charge de la gestion du secteur agricole ? Vous avez la chance de côtoyer depuis quelques jours le nouveau ministre qui est d’ailleurs un fils de producteur coton…

Qu’est-ce qu’on peut attendre de lui si ce n’est pas l’appui aussi, mais à une échelle supérieure. Dans tous les cas, c’est appuis qu’il s’agit. Il faut que chaque décideur à quelque niveau où il se retrouve apporte ses appuis aux producteurs. Il s’agit d’abord de nous écouter par rapport à nos doléances. Les producteurs ont parlé tout à l’heure de tracteurs. Voyez la fréquence des pluies en début de campagne.

Travailler à la main ou avec des bœufs et la charrue, c’est loin de la réalité et des performances pouvant nous conduire à une production maximale. Si le ministre peut déjà nous appuyer à trouver des tracteurs et du minimum qu’il faut pour bien produire, nous irons loin. Pour parler dans un cadre global qui inclue tous les produits agricoles, il peut nous aider également à vendre nos produits, il aurait beaucoup fait pour le secteur agricole. Pour le coton, je crois l’interprofession joue déjà son rôle et avec un peu plus d’attention et de collaboration de la part de l’Etat, tout ira bien.

Puisque vous parlez de l’interprofession, sautons sur l’occasion pour évoquer les cas de bradages des intrants et d’utilisation de produits phytosanitaires douteux frauduleusement mis sur le marché que dénonce le secrétaire permanent de l’Aic. Qu’est-ce que votre association fait pour aider à combattre cette pratique.

Nous avons déjà commencé une sensibilisation contre pratique. Le vendredi dernier j’étais à Parakou avec les représentants de chaque commune. Ensemble avec les membres du comité consultatif national nous avons discuté de la question. Nous avons compris que l’un des facteurs qui a véritablement joué sur la production de coton l’année dernière est l’utilisation abusive des produits frauduleux mis sur le marché. Or ces produits ne sont pas appropriés pour détruire les types de parasites du cotonnier que nous avons. Cela fait donc qu’on a assisté à une chute drastique des capsules.

 De ce fait la production a considérablement baissé. Avec l’expérience amère de la campagne dernière, les producteurs sont conscients qu’ils doivent suivre les indications et les recommandations des encadreurs. L’interprofession, elle-même, a pris des dispositions au niveau de chaque commune. Nous y avons créé des comités de veille qui contrôlent l’entrée frauduleuse de produits prohibés ou non autorisés dans les bassins cotonniers. C’est cette disposition qui nous a aidés, il y a deux semaines, à procéder à une opération de saisie de ces produits.

Nous en avons suffisamment saisi. L’opération continue. Nous allons le faire jusqu’à la fin de la campagne pour éviter que des producteurs de coton indélicats utilisent encore ces produits peut-être parce que c’est moins cher, sans percevoir son impact sur la production.

Les prévisions d’emblavures pour la campagne cotonnière en cours sont d’environ 324 000 ha. Est-ce que avec votre expérience dans ce domaine, vous travaillez réellement pour qu’on aille dans ce sens ?

Si ce n’est pas ce facteur limitant de la pluie, rien ne peut empêcher d’atteindre cet objectif. Depuis quatre jours où la tournée a commencé vous avez vu le niveau d’engagement et l’engouement qu’affichent les producteurs. Malheureusement, ils sèment, mais il ne pleut pas. Le sol devient sec et les travaux ne se poursuivent pas, le temps avance.

Cela dissipe l’espoir parfois des producteurs. Nous espérons toutefois que les pluies vont venir dans deux ou trois jours et continuer jusque vers la fin du mois de juin. Je suis quand même optimiste. Je sûr que si on ne parvient pas à faire les 324 000 ha, nous ne serons pas loin de ce chiffre.

Les producteurs s’inquiètent de l’après commercialisation. Ils se demandent s’ils auront leurs sous juste à la fin de la campagne. Que fait actuellement l’interprofession pour que cette inquiétude soit dissipée et que les producteurs soient rassurés que les ristournes viennent ?

Les ristournes sont déjà disponibles. Elles sont payées dans l’Alibori. Maintenant, ce n’est plus ristourne. On appelle ça un appui aux coopératives qui sont naissantes et qui n’ont pas encore suffisamment de ressources pour fonctionner. Cet appui a été payé à 800 francs Cfa, le kilo. C’est un reliquat des 200 francs payés lors de la commercialisation. Maintenant, nous avons décidé de payer aux coopératives 2000 francs cfa par tonne de coton commercialisée.

Nous venons de payer 1000 francs. En début de commercialisation, nous allons payer le reste pour atteindre les 2000 francs par tonne de coton commercialisée. Le payement est donc en cours. Certains ne sont pas informés. Ce sont des agences qui s’en occupent. C’est déjà fait dans l’Alibori. Ce sera bientôt les tours du Borgou, de l’Atacora, de la Donga et ainsi de suite. Il n’y a pas de problème à cela.

Quel avenir pour la filière coton au Bénin, selon vous ?

Un avenir radieux. Je suis optimiste.

Entretien réalisé par

Virgil A.P HOUESSOU

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