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Le triomphe de la vérité

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Reconnaissance internationales des mérites d’un béninois hors paire :Le Prof. Albert Tévoédjrè décoré Commandeur de la Légion d’honneur de la République Française


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Pour une énième fois, le Professeur Albert Tévoédjrè, Médiateur de la République béninoise vient d’être distingué. Et pour cette fois-ci, c’est la France qui a honoré l’homme. Il est désormais fait Commandeur de la Légion d’Honneur de la République française, une distinction honorifique qui s’attribue de façon exceptionnelle à des personnalités aux mérites indiscutables.

 Très émerveillé par cette marque de reconnaissance de ses talents par le Président de la République française, Albert Tévoédjrè revient sur certains faits marquants de son enrichissante vie et exprime sa compassion pour la Côte-d’Ivoire, un pays dans lequel il a été envoyé représenter le Secrétaire Général des Nations-Unies aux temps forts de la crise aujourd’hui dénouée.

Lire l’intégralité du discours de l’homme qui renseigne sur ses rapports avec la France et lève un coin de voile sur certains aspects de sa vie.

Donatien GBAGUIDI

 

ALLOCUTION DU PROFESSEUR ALBERT TEVOEDJRE, MEDIATEUR DE LA REPUBLIQUE DU BENIN A L’OCCASION DE LA CEREMONIE DE DECORATION EN QUALITE DE COMMANDEUR DE LA LEGION D’HONNEUR SOUS LE PARRAINAGE DE MONSIEUR STEPHANE HESSEL, AMBASSADEUR DE FRANCE

Paris, Palais d’Iéna le 23 mai 2011

Excellences Mesdames, Messieurs

Cher amis de partout,

Très cher et très respecté Ambassadeur Stéphane HESSEL,

Oui vous aviez raison.

Oui, vous avez été vrai, juste et généreux,

Cher Ambassadeur Stéphane HESSEL, en saluant la présence à mes côtés ce soir, d’Isabelle mon épouse qui m’accompagne depuis bientôt soixante (60) ans, dans l’aventure de l’indignation, de l’engagement et de l’espérance.

58 ans de mariage, c’est une grâce que je vous souhaite, Chers amis !

Merci de nous accueillir avec tant de bienveillance au milieu d’amis et de compagnons venus de partout, des horizons multiples de l’esprit qui rassemble comme des profondeurs de l’affection, de l’amour, seule vérité qui transcende l’espace et le temps.

Merci également à ceux que la curiosité légitime a poussé ici vers la recherche de lendemains apaisés par l’audace de l’indignation et de l’engagement.

Merci à chacune, merci à chacun. Et laissez moi vous confesser qu’avec l’accord d’Isabelle je veux dédier la distinction dont m’honore le Président de la République Française, Monsieur Nicolas SARKOZY a une cause d’urgence, j’allais dire d’immédiateté brûlante.

Je veux dédier cette belle médaille offerte en ces lieux de lumière et d’audace au Peuple martyr de Côte d’Ivoire.

Oui au Peuple de Côte d’Ivoire qui depuis plus de dix (10) ans a subi des atrocités sans nom, n’a pas fini de compter charniers ou fausses communes, cadavres isolés femmes violées, jeunes amputés, enfants sacrifiés.

A ce Peuple qui sort miraculeusement de l’enfer de l’irresponsabilité à visages multiples nous devons apporter aujourd’hui nos encouragements sincères et dévoués pour un dialogue fraternel et une réconciliation des forts par l’intelligence et le cœur.

Je pose ce geste sous votre regard généreux Cher Grand Doyen Stéphane HESSEL devenu aujourd’hui l’une de nos consciences, l’un de nos Grands repères.

Vous êtes véritablement une Autorité.

Si nous l’avions oublié, Cicéron brillant Avocat presque jamais égalé et dont nous aurions grand besoin aujourd’hui nous le rappellerait mieux que quiconque Autorité c’est AUCTORITAS : la responsabilité de prendre les autres en charge pour les faire grandir.

Et c’est bien ce que vous êtes devenu après ce parcours si authentiquement et si universellement humain- profondément humaniste.

A tous les éloges dont l’on vous couvre désormais, je veux aujourd’hui ajouter un témoignage personnel, resté secret ou discret, qui paraîtrait peut être anodin aux yeux de certain. Pour d’autres qui savent lire à travers les signes, les gestes ou les mots, ils percevront le fond des choses, l’authentique vérité la profondeur d’une âme.

Un matin donc à Paris où à Genève je ne me souviens plus très précisément, vous me faisiez la grâce de partager le temps d’un café.

Et à propos d’un dossier embrouillé et confus je m’attendais tout naturellement à vous entendre m’avouer comme je le pensais moi-même « là vraiment je suis dans le noir….. ».

Vous m’avez devancé et comme si vous lisiez dans ma pensée, vous avez sorti spontanément : « Je suis dans le bleu…. ». Inattendu, désarmant, simplement génial.

Et c’est cela Stéphane HESSEL, un homme toujours attentif à la dignité de l’autre, au respect qui lui ai du en toute circonstances.

Alors vous comprenez ma sincère admiration et mon attachement. Je n’ai pas hésité un seul instant à rechercher votre parrainage pour ce jour où je veux être sincère en remerciant une France que je dois définir pour la reconnaître comme mienne, comme nôtre. Elle doit avoir un visage qui en rappelle d’autres ceux par exemple de Francis AUPIAIS, de Jacques BERTHO, de Pierre MENDES France, de Claude GERARD, de Henri GROUES, dit Abbé PIERRE.

Je tiens de ceux là comme de mes parents ce qui a permis que par l’Ambassadeur de France en poste au Bénin, Hervé BESANSCENOT ici présent, le Président de la République Française estime avoir les éléments lui permettant d’inscrire mon humble parcours comme une contribution utile à la très longue histoire de notre solidarité humaine.

Ma contribution fort maigre en vérité est celle d’un africain ordinaire, je dirais sans vouloir faire campagne pour quiconque, d’un africain normal, aux racines bien « souchées » en terre dahoméenne du Golfe du Bénin et donc en terre d’esclaves jamais oubliés. D’où mon indignation exprimée dans quelques éditoriaux du bulletin de la Fédération des Etudiants d’Afrique noire en France, exprimée aussi dans « l’Afrique révoltée » publié par Présence Africaine en 1958.

D’où notre engagement porté par « la Pauvreté, richesse des Peuples », le contrat de solidarité remarqué par l’Académie des sciences morales et politiques, la lutte pour le minimum social commun, la promotion de « l’audace unique défit pour une Afrique Nouvelle ».

Dans ce combat, ne fut jamais oublié comme l’atteste le Manifeste du Cinquantenaire adopté à Cotonou en novembre 2010, jamais ne fut oublié l’apport de « tous ces compagnons d’infortune, humanistes engagés de tous bords et de toutes nationalités même des anciennes métropoles (et donc de la France) tous ceux là que nous ne savons même plus entendre en ces temps d’inertie ou le manque d’audace semble avoir plombé jusqu’à nos mémoires et nos âmes. »

Et encore vous Stéphane HESSEL figurez en bonne place parmi les résistants de l’extérieur qui furent auteurs et acteurs dans l’histoire de nos indépendances et au-delà….. !

Et vous restez à nos côtés pour nous rappeler :

que « tenir au pouvoir est une faiblesse qui obscurcit le jugement »

« Que tout pouvoir livré à lui-même devient fou. »

Ici au Plais d’Iéna où tout rappelle Napoléon BONAPARTE vous nous enseignez dans la noblesse de vos démarches, la mesure de vos gestes et de vos paroles que l’Empereur avait raison quand il proférait à ses Ministres et Généraux: « Un homme placé dans un lieu élevé et que tout le monde regarde ne doit point se permettre des mouvements violents. »

Mais à l’opposé de l’Empereur héros de tant de guerres de conquête vous êtes vous héros de la non violence dont vous nous apprenez la supériorité dans l’action de longue durée pour le salut de l’humanité.

Du haut de votre expérience bientôt centenaire vous avez tout vu. Vous avez vu comme dit le proverbe sénoufo, tout et le contraire de tout.

Vous pourriez face aux vaines agitations dont vous connaissez la pauvre issue rappeler Shakespeare et sa cruelle leçon « Life is but a walking shadow

A story told by an idiot

Full of sound and fury

Signifying nothing. »

Et pourtant vous ne renoncez pas.

Vous nous commandez de nous indigner, de nous engager, de nous méfier de nous mêmes comme l’actualité nous y contraint chaque jour : « Der Maan hat einen grossen geist und ist so klein von taten. » L’homme est grand d’esprit mais quel roseau fragile dans le quotidien

Ne reste et ne dure que l’immense réseau des hommes et des femmes de bonne volonté, ceux qui avec Gaston BERGER osent faire barrage aux barbaries agonisantes et dont les cris de ralliements parviennent jusqu’à nous pour qu’ensemble avec eux nous reprenons l’hymne de notre engagement

«Nous ne voulons pas de leur réalisme qui n’a jamais engendré que notre misère.

Nous récusons leur fatalisme qui se propose de justifier notre misère et quand bien même les apparences leur donneraient provisoirement raison nous entendons demeurer le refus dressé devant eux tout comme les montagnes de la foi »

Notre foi en l’homme chers amis ici rassemblés notre audace d’indignation et d’engagement font déjà de nous un des premiers réseaux porteur d’une autre Afrique, d’une autre France et d’un autre Monde.

Que nous puissions le dire ici à Paris qui inscrit désormais en son Panthéon le nom de notre Illustre devancier Aimé CESAIRE après avoir reconnu dans la loi Taubira que l’esclavage est crime contre l’humanité voilà qui nous permet de clamer ensemble dans la joie et l’espérance.

« Comme c’est beau, comme c’est grand, comme c’est généreux… la France ! »

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