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Le triomphe de la vérité

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Editorial: Le triomphe de l’antiyayisme


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L’union sacrée entre syndicats, partis politiques et ONG de défense des droits de l’homme sonne le glas du régime Yayi. Dans cet ensemble détonnant le cas des syndicalistes peut sembler pathétique. C’est une alliance contre nature principalement basée sur la défense des libertés publiques mais qui s’est vite muée en coalition anti-Yayi. Les déclarations des uns et des autres au cours  de la conférence publique ayant créé le Front de Défense de la Démocratie (FDD) ne laissent même plus de doute : Yayi doit partir. Voué à toutes les gémonies, le régime récolte simplement les fruits de sa mésentente avec les syndicalistes qui ont décidé de se venger de leur humiliation le mardi 12 octobre dernier. Sur le thème principal de la défense des libertés, c’est le procès du yayisme qui a été fait. Au plan économique par exemple, la déclaration de création du FDD a rappelé la mal gouvernance sous Yayi, en serinant un air déjà entendu : « Les marchandises ont du mal à se réaliser et la mévente se généralise. La désorientation n’a jamais autant frappé les activités portuaires. Les sociétés d’Etat et autres propriétés publiques meubles ou immeubles sont systématiquement bradées au profit d’étrangers, de dignitaires, de proches ou amis du régime. » Le même réquisitoire a été fait au plan social avec des accusations qui ne le cèdent en rien aux dernières remontrances de l’UN  ou de l’alliance ABT: « La mendicité prend des proportions inquiétantes. Le trafic des enfants s’accentue. Le banditisme est rampant. L’insécurité s’accroît et menace dangereusement la stabilité politique. » Affaires Cen-Sad, ICC, Sonapra, machines agricoles « et consorts » ont été mises sur la table, éclipsant au passage le souci premier des libertés publiques. La levée de bouclier des syndicats est ainsi profitablement attrapée au bond par l’opposition.

L’alliance incestueuse de mercredi entre société civile et partis politiques pour faire partir un Président, même en utilisant le couvert de la défense de la défense des libertés, ne s’est jamais vue au Bénin. Même le mouvement insurrectionnel de 1989 ne montre pas l’exemple d’une telle collusion. C’est en novembre 1957 qu’il y eut pour la première fois cette complicité active entre parti et syndicats, avec le soulèvement des travailleurs de la SHMD d’Avrankou qui a dégénéré en émeutes vite répandues à Porto-Novo et Cotonou. Elle s’est faite au profit de l’UDD de Justin T. Ahomadégbé alors relégué dans l’opposition et qui a pu trouver là l’occasion de remuer le fauteuil de son adversaire en s’alliant avec les syndicalistes. Le vice-Président Sourou Migan Apithy a dû démissionner en janvier 1958, sous le coup de boutoir des syndicats, avant de reconquérir plus tard son fauteuil. De fait, même si le FDD ne déclenche pas des émeutes semblables à celles qui ont fait démissionner Apithy,  il se présente comme une alliance objective pouvant aboutir à terme au départ de Boni Yayi, ne serait-ce que par le biais des urnes. Avec la rencontre de vendredi peut-on penser que les syndicalistes ont renoncé à leur projet ?

A

bsolument non. Cette rencontre de vendredi entre le Chef de l’Etat  et les centrales syndicales ne saurait briser la coalition objective formée contre lui, d’autant que les informations sûres que nous avons permettent de douter des sages assurances de l’archevêque de Cotonou. Les centrales n’ont certainement pas créé le FDD pour le saborder deux jours plus tard. On ne saurait les blâmer pour leur position claire en faveur des libertés publiques. Plus encore, on ne saurait condamner les syndicats pour leur ancrage politique. Dans aucun pays au monde, le mouvement syndical n’est complètement apolitique. La seule question de taille qui se pose est celle des problèmes éthiques que pose la présence des ONG de défense des droits de l’homme au sein du FDD. Ils ne pourront plus se prévaloir d’une quelconque neutralité. Pour les syndicalistes engagés désormais à faire partir Yayi, il faut se demander  si leurs prochaines actions ne seront pas ouvertement politiques, loin de  la couverture corporatiste qui en faisait la légitimité.

   Dans tous les cas, depuis mercredi et plus que par le passé, Boni Yayi est assis sur un fauteuil éjectable.

Olivier ALLOCHEME

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