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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL: TOUJOURS LE COTON ?


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Au total, environ 50 milliards de FCFA ont été investis dans la filière cotonnière depuis 2006. Malgré cet investissement qui traduit l’engagement direct de l’Etat pour le décollage de la plus importante source de revenu du monde paysan, le coton se porte mal. La campagne 2009-2010, s’est soldée par une récolte de 158 846 tonnes, la pire de toute la décennie. Dans les faits, le coton béninois a été confronté à des facteurs bioclimatiques peu favorables. Les pluies de l’année dernière, bien que surabondantes, sont arrivées en retard. Ce retard aura déréglé le rythme agraire, avant même que les pluies diluviennes ne viennent inonder les récoltes pour aggraver le désarroi des cotonculteurs. Selon les spécialistes, en 2007-2008, le coton béninois aura perdu entre 30 et 40% de son rendement du fait de ces bouleversements climatiques. Non seulement les récoltes sont perdues, mais encore les producteurs se retrouvent avec d’énormes dettes du fait des intrants achetés à crédit. La stratégie alternative est alors de réduire les superficies emblavées pour le coton pour augmenter celles des cultures vivrières. D’où l’augmentation rapide de la production vivrière sous l’impulsion du Programme d’urgence d’appui à la sécurité alimentaire (PUASA) mis en place en 2008 suite à la crise alimentaire. 150 000 tonnes de riz et 1 200 000 tonnes de maïs sont sorties de ce programme incitatif qui empiète toutefois sur les superficies du coton. Alors, la question est de savoir s’il faut continuer à investir dans une filière qui ne décolle pas alors qu’elle participe pour 5% environ au PIB et 49% au moins aux rares recettes d’exportation du pays.
Le gouvernement est ainsi pris en étau. D’une part, environ 140 000 producteurs ajoutés à des intermédiaires tout aussi nombreux ainsi que leurs familles vivent directement de la rente cotonnière. D’autre part, les députés qui ont vu la baisse tendancielle aussi bien des récoltes que des prix à l’international estiment pour la plupart que les investissements dans la filière sont mal orientés ou mal gérés. Que faire ?
I
l est clair que les revenus tirés du coton contribuent à la croissance économique du Bénin, mais aussi à la lutte contre la pauvreté dans le monde rural. De sorte que pour le monde paysan, la suspension des investissements de l’Etat serait un pur suicide aussi bien pour les paysans que pour l’économie nationale. Mais c’est l’industrie béninoise qui sera sinistrée dans ce cas de figure. Il s’agit notamment des dix-huit usines d’égrenage de coton dont la capacité totale d’égrenage avoisine les 600 000 tonnes l’an et qui sont actuellement dans un profond coma. Il s’agit également des triturateurs de graine de coton dont l’approvisionnement en matières premières est constamment menacé. Plus clairement, mettre fin à la culture cotonnière, c’est occasionner la chute de Fludor et de la SHB qui emploient des centaines d’employés et paient des centaines de millions de FCFA en taxes et impôts de toutes sortes. Et j’estime que la taxe sur l’huile payée par tout consommateur, devrait servir à leur venir en aide face aux périls actuels. Mais la taxe elle-même est versée dans le panier commun du budget national, alors que les industriels souffrent et que les emplois sont menacés. La quantité critique dont les usines ont besoin pour tourner localement n’ayant même pas encore été assurée, on se demande si l’Etat peut prendre sur lui d’exporter le peu de coton produit par nos paysans. La question se pose d’autant que les prix à l’international sont plus élevés que ceux localement pratiqués et que l’Etat a forcément besoin de rentrées de devises extérieures pour continuer à exister. La question reste donc ouverte.
Pour le moment, les perspectives du coton au plan mondial sont positives. La fibre est montée jusqu’à 84 dollars sur le marché mondial cette semaine, dopée par la demande indo-chinoise qui monte et les difficultés du Pakistan qui reste un grand producteur. En même temps, les tentatives de réorganisation de la filière par la mise en place récente d’un cadre institutionnel conséquent, peuvent servir à enrayer la désorganisation structurelle qui a entrainé le coton béninois aux abîmes les années antérieures. Il y a encore deux semaines, le prix du coton a été fixé à 200F le kilo, pour encourager les producteurs. De quoi remonter une filière qui avait vraiment besoin d’un nouvel essor.

Olivier ALLOCHEME

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