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Le triomphe de la vérité

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Dr Amédée Joseph Odunlami, Chef du Département de sociologie de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac), « Nous devons désormais former des praticiens et non des théoriciens »


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Avec assurance, l’actuel Chef du Département de sociologue de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac) a posé l’une des conditions de développement sur le capital humain. Le renforcement des capacités des citoyens doit être le premier objectif des gouvernants qui aspirent véritablement au développement. Ainsi à travers, les colonnes de votre canal, Docteur Amédée Joseph Odunlami a priorisé la recherche scientifique. Pour ce spécialiste des sciences de l’Education et problèmes sociaux, la formation des étudiants aujourd’hui doit être pointue avec des mesures d’accompagnement, capables de faciliter la recherche des solutions favorables pour l’essor du pays. Des recherches qui selon lui nécessitent la descente régulière de ces futurs cadres de notre pays sur le terrain afin de s’adapter très tôt aux réalités des institutions et des problèmes sociologiques. Directeur d’un Projet d’innovation en système éducatif durant 20 ans,  l’actuel locataire du Département de sociologie a aussi souligné les difficultés auxquelles font face le département de sociologie de par son matériel et son personnel.

 L’Evénement Précis : Vous venez d’être élu à la tête du département de sociologie. Quelles sont vos premières impressions ?

 Dr. Amédée Odunlami : Sentiment de joie et de satisfaction pour la confiance qui a été placée en nous par mes collègues. A travers votre canal, nous leur transmettons une fois encore nos remerciements. A cet effet, nous invitons tous les enseignants de cette entité à prendre à bras le corps les situations auxquelles nous seront confrontés puisqu’il n’en manque jamais. Tout est à faire. Malgré tout ce qui a été fait, rien n’est fait.

 Justement, parlant des difficultés auxquelles ce département a souvent fait face, citez nous en quelques unes.

D’abord, vous allez remarquer qu’il n’y a qu’un seul bureau qui doit occuper le chef, les deux adjoints, le secrétaire et tous les professeurs. C’est une situation qui  rend mal à l’aise. Parlant des problèmes d’infrastructures, nous n’avons pas d’enseignants qualifiés. Actuellement, il n’y a que six (06) sur la vingtaine. Donc nous avons de problèmes de qualification du personnel. Or actuellement nous avons près de 4.000 étudiants. Ce sont ces mêmes enseignants qui alimentent les campus d’Abomey-Calavi et de Porto-Novo. En dehors de ces difficultés majeures, nous avons d’autres, par exemple celle d’équipements informatiques. L’absence de documents appropriés fait que nous répétons certains de nos anciens cours au lieu de se remettre à jours en s’informant des nouvelles avancées.  Même en restant au niveau pédagogique, le matériel pédagogique est inexistant. La documentation est rare, l’usage de l’informatique est difficile parce que ayant un coût. Nous avons récemment pu monter un site. Au niveau de la recherche, les moyens n’existent pas non plus. Chacun se débrouille en trouvant des contrats à gauche et à droite pour permettre aux étudiants d’aller sur le terrain et souvent il faut  mettre les étudiants à contribution pour leur propre formation, ce qui est normale mais les conditions dans lesquelles ils évoluent ne sont pas favorables. Ceci parce que quand ils vont faire deux jours sur un site, ils n’auront pas toujours la chance de recevoir le maximum de ce qui est programmé. Vous voyez dans quelles conditions cela se passe ? Alors  donc tout cela fait partie des défis à relevés. Maintenant, il y a le profil des étudiants. Quand vous  voyez les conditions de travail, sinon d’abord la qualification des enseignants à travers l’effectif et l’absence du matériel pédagogique la formation est décevante. La conséquence du manque de matériel est qu’on forme plus d’étudiants théoriciens que praticiens. Alors le profil des étudiants n’est pas désiré. Nous formons plus de citoyens théoriciens que praticiens, or c’est des praticiens qu’on a besoin. On doit former des gens qui règlent les problèmes de leur environnement, ils doivent être capables de régler les problèmes de leur société. Il y a des maux dont souffre la société auxquels il faut apporter des remèdes.  Quant à nous, nous ferons de notre mieux avec la volonté que manifestent les collègues. Il est fort probable que si nous n’arrivons pas à réussir de changer les choses, que nous puissions quand même arriver à les bouger un tout petit peu. Voilà un peu  ce que je peux dire par rapport aux difficultés que traversent le département.

 Vous êtiez la semaine dernière en atelier organisé par un groupe thématique de ce département. Quel intérêt cela apporte aux étudiants ?

Alors, pour cet atelier organisé par le groupe thématique « Gouvernance stratégique et programmation des organisations et des réseaux : Négociation, décision et stratégie », l’intérêt est de lier la théorie à la pratique. Les moyens sont tellement inexistants que lorsque quelqu’un de nous a une telle initiative, il faut l’accompagner. A travers,  les visites de sites de citoyenneté scientifique, les étudiants sont arrivés à mesurer réellement ce qui leur est appris à ce qui se fait sur le terrain. Donc ils ont visité 78 sites. Ces sorties pédagogiques permettent d’illustrer et de renforcer le cours théorique. Ce qui fait qu’au moins,  ils approchent la réalité. L’idéal serait qu’ils fassent plus de temps sur le terrain. Sinon avec deux jours sur le terrain, ça ne suffit pas mais vue les moyens, on est tenu de le faire ainsi. Il faut qu’ils passent plus de temps dans les entreprises afin qu’on puisse former des sociologues d’entreprise, de la santé, spécialiste de la gestion. Donc les prochaines fois, nous  essayerons d’organiser tout cela de manière qu’ils puissent rester un peu sur le terrain comme le recommande le système, Licence Master Doctorat (Lmd). Il faut maintenant que l’école soit en relation avec la vie productive. L’étudiant que nous formons est forcement imprégné des réalités tout en étant sur les bancs. Donc cet atelier mérite d’être soutenu et nous espérons que d’autres collègues puissent classifier cela de manière plus fréquente parce que nous n’avons pas la possibilité de faire deux sorties par spécialité. Le Lmd est un système d’alternance où l’étudiant est aussi sur le campus mais aussi dans l’entreprise. Qu’ils partagent les réalités avant d’intégrer la vie active. Ils ne sont plus des hommes rêveurs mais plutôt actifs.

 Sur quelle base les entreprises et administrations acceptent vos étudiants sur les sites ?

Nous n’avons pas besoins d’avoir des relations particulières puisque nous sommes en recherche. Donc à ce niveau en général les institutions ne rejettent pas les demandes.  Aussi nous avons des collègues qui sont déjà dans certains services, et là ils nous facilitent plus la concrétisation. Maintenant vis-à-vis des institutions privées, nous n’avons pas trop de relations avec les unités de production avec autres services.

 Vue l’importance de la recherche aujourd’hui pour notre développement, quel appel avez-vous en tant que chercheur à lancer aux autorités de notre pays ?

Franchement, nous souhaitons que les gens prennent la recherche à cœur. Le développement est tributaire de la recherche. Jusqu’ici, nous ne faisons que copier les modèles occidentaux. Mais si nous mettons l’accent sur  l’importance de la recherche par rapport aux problèmes qui sont les nôtres, nous pouvons décoller le développement. Nous avons des tomates qui pourrissent, les terrains incultes, de vastes espaces inoccupés,  il faut que la recherche puisse trouver de moyens pour y aller et les transformer. En réalité, les machines ne sont pas fabriquées pour nous, c’est conçu pour d’autres cieux et  préoccupations. Lorsque nous les amenons croyant qu’elles nous sont à l’heure actuelle utile,  ça ne sait à rien. Vous avez vu que récemment on a importé des milliards de machines qui n’ont pas servi depuis bientôt huit (08) mois que c’est sur le terrain. Il faut partir de la recherche pour savoir ce qui est nécessaire pour notre environnement et changer le milieu. Les autorités doivent apporter  des solutions nécessairement financières puisque la valeur d’un pays est celle des hommes  qui le composent. La Suisse et le Japon n’ont pas de ressources mais sont  plus riches tout simplement parce que leur formation est très pointue. Leurs hommes sont formés mentalement pour apporter des solutions aux problèmes de leur société. Il faut que les gouvernants puissent aller dans ce sens pour aider les formateurs à former les citoyens qui ont envi de travailler pour leur pays.

 Réalisée par Emmanuel GBETO

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