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Le triomphe de la vérité

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Urbain Amègbedji, président de la coordination de Fors-Lepi: « Fors-Lepi est heureux que les acteurs politiques se parlent enfin»


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Secrétaire national du Centre Afrika Obota, Urbain Amègbédji est aussi le président de la Coordination du Front des Organisations de la Société civile pour la réalisation de la Liste électorale permanente informatisée (Fors-Lepi). Dans cet entretien, ce militant engagé pour les causes publiques se réjouit de la décrispation intervenue entre les acteurs politiques, se prononce sur l’élection de l’honorable Arifari Bako à la tête de la Cps-Lepi et en appelle à un esprit de dialogue pour mener à bon port la mise en œuvre de la Lepi dans notre pays.
L’Evénement Précis : Quel est votre sentiment avec le retour au consensus qui semble être amorcé par les acteurs dans le cadre de la Lepi ?

Urbain Amégbédji: Vous nous en voyez heureux. Nous sommes heureux que finalement les acteurs aient décidé de se parler, de se rencontrer pour identifier les griefs des uns et des autres, les différents blocages afin d’y trouver une solution. Depuis le mois de novembre que la crise s’est installée entre les acteurs de mise en œuvre de la Lepi d’une part et les partis politiques d’autre part, il fallait faire quelque chose pour amener à un dénouement heureux qui amène le processus à se poursuivre. Fors-Lepi a pris cette initiative, a écouté les acteurs, a produit un rapport validé par les mêmes acteurs le 28 décembre, rapport que nous avons discuté avec le Chef de l’Etat le 07 janvier 2010. Au sortir de cette audience que nous avons eue avec le Chef de l’Etat, nous avions retenu de poursuivre le processus mais auparavant, il fallait que les structures, Cps et Mirena, fassent une évaluation d’étape aux fins de nous sortir les forces et faiblesses, l’étape de la cartographie censitaire et de la mise en place des différentes structures afin de corriger éventuellement toutes les imperfections avant d’entamer la seconde phase. Je crois qu’aujourd’hui, où nous nous sommes rencontrés à nouveau pour apprécier les différents rapports, nous avons été heureux que les acteurs aient pu se prononcer sur ces rapports et que, ensemble avec le gouvernement, les présidents des institutions, les partis politiques, la société civile, nous nous soyons entendus de mettre ensemble un groupe de travail qui va travailler à lever tous les goulots d’étranglement, qui va travailler à faire des recommandations sur toutes les faiblesses notées dans le processus jusqu’à maintenant afin de nous permettre de les corriger et d’avancer. Nous sommes donc très heureux que le fil du dialogue soit renoué. Nous sommes heureux que les acteurs politiques aient décidé enfin de s’asseoir autour d’une table pour parler. Cela est bénéfique pour le processus et nous ne pouvons qu’encourager cela.

Pensez-vous que l’implication personnelle du Chef de l’Etat était opportune pour infléchir les positions?
Bien entendu, le Chef de l’Etat devrait jouer un rôle important dans ce dialogue parce que, même s’il n’était pas partie prenante directement dans les structures de la Lepi, le Chef de l’Etat y a ses représentants. Deux de ses ministres ils y sont et lui rendent compte. Donc, ayant désigné deux ministres qui participent à la Cps et au vu de la crise qui prévalait avec comme épée de Damoclès l’abrogation de la loi qui planait au parlement, je crois qu’il n’aurait pas été sage de la part du Chef de l’Etat de ne pas s’impliquer. Et je crois que  s’impliquer était non seulement de son devoir mais était de faire preuve de sagesse. Et nous saluons cette implication et voudrions l’encourager à aller plus loin c’est-à-dire discipliner un temps soit peu les gens de son camp, les amener à des concessions parce que quand l’on va à la table de négociation, l’on est prêt à faire des concessions, l’on est prêt à donner et à recevoir ; être dans une attitude qui permette d’avancer dans le dialogue. Que nous puissions solutionner les problèmes qui ont été identifiés dans un esprit d’ouverture et non dans un esprit de tout pour moi ou je dois avoir raison nécessairement. C’est pour cela que nous voudrions continuer par encourager le Chef de l’Etat, le féliciter pour ce qu’il a déjà fait mais l’encourager à aller plus loin, à jouer au facilitateur de telle manière que les uns et les autres, tout en se parlant, nous puissions avancer dans le processus et que le processus ne piétine point.

Quelle lecture faites-vous de l’instabilité à la tête des structures de mise en œuvre de la Lepi avec la destitution du président de la Mirena et la démission du coordonnateur général de la Cps?
C’est simplement qu’il faut remarquer que le départ du Professeur Adam Sikirou de la tête de la Mirena et par la suite le départ de l’honorable Epiphane Quenum de la tête de la Cps démontrent, s’il en était encore besoin,  du niveau de dysfonctionnement au sein de ces structures. Je crois qu’en novembre et en décembre quand Fors-Lepi parlait de dysfonctionnement, de malaise, de crise qu’il fallait résoudre, il y avait encore quelques langues qui disaient que c’est parce que tel ou tel autre ne veut pas que nous en sommes là. Je ne crois pas cela. Je crois que la crise est profonde au sein de ces deux (02) structures, qu’il y a de réels problèmes au sein de ces deux structures. Et les deux évènements nous prouvent éloquemment qu’il y avait quelque chose à faire pour remettre ces deux structures sur les rails. Je ne sais pas si le départ de ces deux personnes va résoudre définitivement la crise. Je crois que si ces deux personnes étaient un problème pour l’avancement du processus, il y a lieu de reconnaître qu’il y a un état d’esprit qui anime certains membres de ces deux structures qui également, ne permet pas à ces structures d’avancer et de fonctionner normalement. Il y a donc lieu que ces personnes doivent revenir à un nouvel état d’esprit ; l’état d’esprit qui consiste à dialoguer, l’état d’esprit qui consiste à associer tout le monde ; l’état d’esprit qui consiste à faire en sorte que l’intérêt national prévale sur les intérêts particuliers, les intérêts partisans. Je crois que si nous sommes dans cet état d’esprit et dans cette ouverture, nous allons avancer, nous allons trouver des solutions idoines à nos problèmes. C’est cela que je souhaite pour que nous allions au delà des destitutions pour résoudre les réels problèmes. Et je crois que c’est ce que nous allons faire afin de pouvoir avancer définitivement.

Avec la relance du processus, croyez vous, comme l’Union fait la Nation, qu’il faut abroger la Lepi?
Je crois que nous avançons progressivement vers une rectification ou une amélioration de l’ancienne loi. S’il y a une constante que les rapports de la Cps et de la Mirena ont eux mêmes révélée, c’est que l’application de la loi 2009-10 du 13 mai 2009 s’avère difficile. Lorsqu’on parcourt le rapport du superviseur général et celui de la présidente de la Mirena, on note qu’il y a une divergence profonde dans l’interprétation des articles de la loi. On note qu’il y a un certain nombre d’incohérences entre certains articles. Toutes ces incohérences, ces difficultés d’interprétations nous amènent inéluctablement vers une modification, une amélioration de la loi que nous allons voter. Devrions-nous passer par une abrogation ? Peut-être pas. Mais, nous devrons absolument passer par une réforme de cette loi probablement afin de trouver les meilleures applications qui nous permettent de faire avancer le processus. Parce qu’il ne faut pas non plus faire de la loi un fétichisme. La loi est faite pour les hommes et non les hommes pour la loi. Dans cette condition, lorsque la loi nous empêche d’avancer, nous devons nous rendre compte que la loi que nous avons faite n’est pas parfaite et nous devrons l’améliorer. En ce qui nous concerne, ce que nous souhaitons, c’est que nous puissions consensuellement nous entendre sur les imperfections de la loi et procéder à leur correction de manière rapide et urgente pour nous permettre d’avancer. Je crois que dans cet état d’esprit où nous sommes actuellement au travers du résultat du groupe de travail, nous pourrions peut-être éviter l’abrogation et aller à la correction, à la révision de la loi.

Pensez-vous qu’avec l’arrivée de l’honorable Arifari Bako à la tête de la Cps-Lepi, le processus peut à nouveau amorcer sa phase de croisière ?
Je connais particulièrement l’honorable Bako Arifari ; il a été mon responsable à l’université. Je le connais pour son engagement, je le connais pour son intelligence, je le connais pour sa sagesse également. Et j’ose croire qu’avec tout ce qui s’est passé et qu’étant un homme de science, étant un observateur averti et également un politicien, je crois qu’il saura tirer leçon de tous les avatars et de tous les problèmes que son prédécesseur a connus pour prendre les mesures idoines qui lui permettent de sauver son honneur et de démontrer qu’il peut faire mieux. En tout cas, en ce qui nous concerne, nous lui faisons confiance. Nous faisons confiance à sa sagesse pour qu’il puisse prendre les dispositions qu’il faut pour que la Cps prenne réellement son envol, pour que la Cps soit une structure et non ramenée à une personne. Je le connais et je sais que l’honorable Bako, pour avoir été déjà un vrai militant, ne pourra pas se laisser prendre au piège. Et je crois qu’il pourra contribuer valablement au-delà des questions partisanes à ce que la Lepi puisse sortir du bourbier dans lequel elle est actuellement. Nous l’encourageons et nous allons le soutenir dans la mesure de nos possibilités, dans la mesure également de son ouverture d’esprit. Nous serons également à sa disposition pour faire ce qui est de notre possible pour qu’il puisse réussir son mandat.

Avec l’évolution des différentes positions, peut-on croire que les élections de 2011 se feront avec la Lepi ?
On dit souvent « qui vit d’espoir, ne mourra pas de faim ». Nous, nous voulons vivre d’espoir. C’est vrai que le processus devient ardu, et laborieux. Et, à avoir les péripéties que nous avons connues pour la première phase à savoir la cartographie censitaire, des inquiétudes sont légitimes aujourd’hui par rapport  à l’achèvement de la Lepi pour les élections de 2011. Mais qu’à cela ne tienne, continuons le processus. Travaillons à faire ce qui est de notre mieux et nous verrons en 2011 de quoi disposons-nous, est-ce la Lepi, est-ce une partie de la Lepi et en son temps nous aviserons de ce que nous pourrions faire. Je ne puis pas, en ma qualité d’observateur,  de facilitateur aujourd’hui, vous dire avec certitude et force que nous aurons absolument la Lepi pour les élections de 2011. Et même les acteurs pourront-ils prendre le risque de prendre cet engagement là ?
Mais vivons et restons dans l’espoir que nous pouvons y parvenir autant que les spécialistes nous disent que c’est possible encore dans le délai. Vivons de cet espoir et travaillons à avancer méthodiquement, patiemment, consensuellement et nous verrons en 2011 ce que nous avons et ce que nous pouvons faire.

Dès lors, pensez-vous que l’implication de Fors-Lepi a contribué à faire baisser la tension pour remettre le processus sur les rails ?
Nous ne pouvons pas apprécier. Nous, nous ne faisons qu’un travail de citoyens. C’est un engagement citoyen que nous faisons. Nous ne faisons que notre devoir. Il reste à la communauté béninoise, à la population et aux acteurs d’apprécier et de voir si notre contribution est positive et permet d’apporter un plus au processus. C’est ce que nous, nous croyons. C’est notre foi et c’est notre engagement de pouvoir aider, de pouvoir faire quelque chose pour que nous puissions y arriver. Mais, est-ce que ce que nous apportons aujourd’hui a un impact, c’est à vous de le dire. Ce n’est pas à nous de le proclamer. C’est pour cela que nous laissons aux béninois leur libre appréciation des initiatives et des activités que nous faisons. Ils pourront au soir de la réalisation de la Lepi dire si fondamentalement, Fors-Lepi y a été pour quelque chose. Mais qu’à cela ne tienne, nous ne tenons pas aux fleurs et aux honneurs à recevoir par rapport à la réalisation de la Lepi. Un citoyen qui s’engage ne doit pas s’attendre à des félicitations ou à des honneurs. Demandes-toi ce que tu peux faire pour ta République et non ce que ta République peut faire pour toi. Tel est notre engagement et nous allons continuer même si nous ne recevons pas de fleurs pour cela. C’est un engagement citoyen, nous devons le faire et nous continuerons à le faire.

Votre appel pour conclure cet entretien
Mon appel ira d’abord aux acteurs principaux de réalisation de la Lepi, au Chef de l’Etat, aux différents partis politiques aussi bien de la mouvance que de l’opposition, aux responsables de structures mises en place, Cps et Mirena. Nous voudrions les appeler à leur responsabilité. Le peuple béninois les attend et les regarde. Les Béninois ne leur pardonneront pas de les avoir floués ou de les avoir trompés. Autant, nous n’acceptons pas de continuer des élections mal organisées, de continuer la fraude ou de continuer à utiliser un fichier manuel archaïque, autant nous n’acceptons pas non plus une Lepi manipulée, une Lepi non consensuelle. C’est pour cela que nous les appelons à faire un effort pour laisser de côté les intérêts partisans afin de privilégier l’intérêt national qui nous permettra de sortir de cette ornière là. Quant à la population béninoise, nous voudrions les encourager et leur dire de garder espoir et de répondre à tous les appels que leur lanceront les structures en place, Cps et Mirena, que leur lancera la société civile pour les sensibiliser, pour les informer sur le processus de manière à ce que la population également apporte son soutien. Que ceux qui sont fâchés et qui chassent les agents cartographes ou recenseurs, se ravisent. J’ai l’habitude de leur dire que l’Union fait la Nation, les partis d’opposition n’ont jamais demandé aux populations de ne pas recevoir les agents. Même s’ils ont des récriminations contre le processus, ils disent aux populations de ne pas chasser les agents. C’est ce que je voudrais leur conseiller aussi, de ne pas chasser les agents, de bien les accueillir et de leur donner toutes les informations.

Entretien réalisé par Jean-Claude D. DOSSA

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