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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL: Le dos au mur


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La surchauffe actuelle du front social met le gouvernement et tout le pays dans une position intenable.
 Le  communiqué du secrétaire général du gouvernement appelant à une trêve sociale apparaît dès lors comme une manœuvre inutile, un coup d’épée dans l’eau après la violente et mémorable colère de Boni Yayi sur les enseignants. Il  s’agit non pas simplement d’un aveu d’impuissance face aux revendications syndicales mais aussi de la reconnaissance officielle des erreurs du régime dans la gestion des grands équilibres macro-économiques aujourd’hui largement menacés. Au total, comme l’ont révélé plusieurs études depuis longtemps, la masse salariale a atteint le seuil critique de 45% du budget, un niveau historique qui paralyse la réalisation des promesses faites aux autres composantes de la nation. C’est dix points supérieurs aux normes communautaires de l’espace UEMOA qui exigent qu’au plus 35% des ressources de la nation soient consacrées à la masse salariale. Dans le cas du Bénin qui a un budget artificiellement gonflé à 1346 milliards, il est sûr que les 45% officiellement admis sont encore en-dessous de la réalité. Le trucage des chiffres se retourne ainsi contre le Chef de l’Etat…
  Le gouvernement se retrouve  dans une position qui met en péril sa capacité à répondre aux autres besoins nationaux sans hypothéquer le simple paiement des salaires. Car à ce train, c’est bien près de la moitié du budget national qui est consacrée à la satisfaction des revendications des 66 000 fonctionnaires sur les huit millions de Béninois ! C’est absurde ! Si les normes de l’UEMOA avaient été assorties de sanctions, notre pays se serait normalement retrouvé au ban des accusés pour indiscipline budgétaire et pilotage à vue.  Tout au moins, il aura à faire aux institutions internationales et aux partenaires bilatéraux dont la désapprobation est unanime face aux avantages en tout genre qu’obtiennent les fonctionnaires alors que le pays manque de livres pour les élèves, d’adductions d’eau dans les villages, de pistes de desserte rurale pour l’écoulement des récoltes… La présence d’une mission du Fonds Monétaire International (FMI) venue évaluer la situation vient à point nommé pour rappeler au gouvernement ses errements et aux travailleurs la nécessité de sauvegarder les grands équilibres macro-économiques qui donnent du sens à notre Etat. C’est pourquoi, il est réellement incongru qu’en plein XXIe siècle, des syndicalistes trouvent encore nécessaire de marcher contre les institutions de Bretton Woods qui ont perdu depuis longtemps leur manteau de gendarme économique du monde au profit d’un rôle de conseil des Etats qui ont ainsi la possibilité d’accepter ou de refuser leurs propositions. En l’espèce, les remarques du FMI, de la Banque Mondiale et de tous les partenaires bilatéraux du Bénin convergent vers la nécessité de mettre fin au pilotage à vue des finances publiques. A force de planter la tête dans le sable comme une autruche, tout le peuple béninois finira par payer le prix inéluctable d’un aveuglement volontaire totalement inexplicable au moment où toute la raison commande de faire attention à ne pas sacrifier l’essentiel pour le superflu. Encore que dans le cas d’espèce, ce sont les enfants qui meurent à l’intelligence parce que sacrifiés sur l’autel des primes de leurs enseignants, et ce sont des dizaines de patients qui meurent assassinés dans nos centres de santé faute de soin. Tous ces morts crient vengeance. Les âmes de tous ces enfants de pauvres mutilés par les grèves auxquelles ils ne comprennent rien, crient vengeance. Demain, et c’est sûr, le Bénin récoltera les fruits amers de ces générations sacrifiées, de ces petites vies brisées dans les grèves…
Où trouver alors le salut aujourd’hui dans l’impasse où nous mène l’affrontement suicidaire entre syn dicats et gouvernement ? Face à la colère présidentielle qui a tout l’air d’une politique de la terre brûlée, face à la radicalisation de la position des enseignants qui n’entendent pas reculer, il est plus qu’impérieux que le Haut Commissariat  à la Gouvernance Concertée  ou le Conseil Economique et Social montrent aux acteurs le désastre national qui se profile à l’horizon. Ces deux institutions devraient maintenant s’employer  à les calmer et à proposer une voie de sortie de crise, tant il est vrai que l’extrémisme entretenu dans les deux camps nous mène au chaos.

Olivier ALLOCHEME

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