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Le triomphe de la vérité

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Traitement de la Tuberculose Au Bénin : l’alimentation gratuite, un pas vers la guérison des malades


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 Au Bénin, la lutte contre la tuberculose se particularise par une innovation qui en fait un modèle en Afrique. En plus de la gratuité des médicaments et de l’hébergement, les patients bénéficient aussi d’un appui alimentaire au cours de leur traitement. Et l’impact positif sur leur guérison témoigne de l’efficacité de l’initiative.

 Il sonne 7 heures 43 mn en cette matinée du mercredi 20 janvier 2010. Le pas haletant, la mine encore sous l’emprise du sommeil, Tchikè Koffi Claude s’empresse de rejoindre la file des malades qui s’allonge déjà. Comme tous les matins, ceux-ci prennent d’assaut la cuisine pour se faire servir leur tasse de bouillie ou de thé au chocolat. « Nous prenons notre petit déjeuner 30 à 60 minutes après avoir pris dès 7 heures du matin nos médicaments sous le contrôle des infirmiers», confie cet homme frêle d’une trentaine d’années, interné au Centre national hospitalier de Pneumo-phtisiologie (Cnhpp) Lazaret d’Akpakpa depuis bientôt deux mois. A l’instar de quelques 3500 patients en moyenne chaque année, il bénéficie d’une prise en charge intégrale de son traitement allant des médicaments gratuits à l’hébergement en passant par la nourriture. « Sans cette prise en charge alimentaire, je n’aurai pas pu poursuivre le traitement », avoue Mlle Simone Allowôdô, jetant à l’occasion des regards furtifs vers la cuisine du Cnhpp où mijote le plat de couscous au poulet prévu au menu du déjeuner. Abandonnée par les siens depuis le dépistage de son mal, Simone Allowôdô ne cache pas sa joie d’être nourrie chaque jour  sans aucun frais. « Je ne pourrais pas travailler pour me nourrir pendant que je suis sous le traitement. Mais, grâce à cette initiative, je n’ai plus de souci pour manger à ma faim durant tout mon traitement. Et la nourriture qui nous est servie trois (03) fois dans la journée, est de bonne qualité et suffisante. Donc, durant toute la journée, je me repose afin que les médicaments agissent avec efficacité et m’aident à retrouver la santé».

Une solution à la problématique des « perdus de vue », une réponse à la pauvreté des patients

Maladie contagieuse, la tuberculose se transmet d’une personne malade à une personne saine par la toux, l’éternuement, la parole, la chanson etc. Elle ne se transmet pas par les ustensiles de cuisine, les repas, les habits, les nattes ou tout autre objet usuel. C’est une maladie due à un microbe qui se manifeste le plus souvent  par une toux prolongée sur trois semaines voire plus. Mais, de l’avis des spécialistes, ce mal trouve un terrain fertile dans les milieux insalubres et pauvres.

Cette situation explique le dénuement constaté chez la grande majorité des personnes infectées par le virus du Bacille de Koch. Il s’en suit des difficultés pour les patients de suivre efficacement leur traitement. C’est à juste titre que, explique Mensah K. Pascal, chef du service des Affaires administratives et économiques du Programme national contre la tuberculose (Pnt), « Nous avons jugé nécessaire de prendre en charge l’alimentation des patients parce que nous avons remarqué qu’à cause des problèmes qu’ils ont pour se nourrir convenablement, ils abandonnent leur traitement avec le risque d’une rechute et des cas de résistances aux médicaments». Pour le Dr Bérénice Awanou, la prise en charge alimentaire a une influence positive indéniable sur la guérison des malades. « Je peux dire que grâce à la nourriture qu’on leur offre gratuitement ici, la plupart des patients poursuivent leur traitement durant les deux mois prévus pour ceux qui se traitent pour la première fois ou trois (03) mois pour les anciens malades », explique t-elle. Selon les statistiques officielles, depuis son consécration officielle en 2004 au Cnhpp, la prise en charge alimentaire a contribué à une diminution substantielle des « perdus de vue », ces malades qui abandonnent pour divers motifs leur traitement, en suscitant une forte adhésion des patients. Ainsi, estimés à 1176 au 4ème trimestre de l’année 2007, les bénéficiaires de l’appui alimentaire ont franchi le cap de 1684 durant la même période au cours de l’année 2008 au Bénin.

Cet impact positif n’est pas le seul avantage à mentionner, selon la jeune Simone Allowôdô. « Avec cette prise en charge, je peux aussi dire que notre pauvreté ne s’affiche plus au grand jour. Car, il n’y a plus de discrimination entre les malades issus de familles aisées et nous qui sommes démunis. Nous avons droit à la même qualité et à la même quantité de nourriture. C’est vraiment important pour nous », estime cette jeune revendeuse d’une vingtaine d’années, « émigrée » du quartier Godomey dans la commune d’Abomey-Calavi pour le centre.

Innovation béninoise dans le traitement des malades, l’appui alimentaire du tuberculeux fait école en Afrique, selon le Chef du service des affaires administratives et économiques du Pnt, Mensah K. Pascal. « Je reviens de la République Démocratique du Congo (Rdc), du Togo et de la Côte d’Ivoire où j’ai été sollicité pour installer le même système», dit-il avant de préciser que cette initiative contribue au taux de succès thérapeutique élevé de 86% enregistré annuellement par le Bénin.

Ainsi, la subvention annuelle de 172 millions de francs Cfa de l’Etat Béninois et la contribution d’environ 92 millions de francs Cfa du Fonds Mondial contre la Tuberculose, le Paludisme et le Sida dans les cinquante trois (53) centres de dépistage et de traitement (Cdt) présents sur toute l’étendue du territoire national font du Bénin un modèle en matière de prise en charge des malades aussi bien en Afrique que dans le monde. Et pour l’attester, des milliers de patients étrangers franchissent les frontières nationales pour bénéficier de la prise en charge globale mise en place dans le traitement des malades au Bénin. « Il y a plus de malades étrangers au Cnhpp que de patients béninois », confie l’un des infirmiers du centre. Bénéficiaire de cette initiative,Tchikè Koffi Claude espère retrouver sa famille après deux longs mois dans les dortoirs du Cnhpp. Mais en attendant, il a une autre préoccupation : retrouver la cuisine où dans  quelques instants, son plat favori lui sera servi.

Car, estime t-il, « un malade qui a faim…n’est pas un homme libre ».

 

Jean-Claude DOSSA

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1 thoughts on “Traitement de la Tuberculose Au Bénin : l’alimentation gratuite, un pas vers la guérison des malades

  1. Nathan ASSOHOUNKPON

    La tuberculose n’est pas cassée par un virus mais plutôt par une bactérie comme stipulé dans l’article. Une nette différence entre virus et bactérie. Merci.

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