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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL: Le douloureux apprentissage


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Le discours flatteur du Président de l’Assemblée nationale  Mathurin Nago à l’ouverture de l’actuelle session budgétaire  n’aura donc pas suffi à huiler les rouilles d’un circuit parlementaire entièrement colonisé par les corrosions politiciennes. Le vote consécutif de son rapport d’activités devrait être un jauge parfait du dégel de la tension. Mais aux propos courtisans et imprévus de leur Président, les députés des groupes parlementaires opposés aux actions de Mathurin Nago ont répondu par une attitude tout aussi inopinée : le  rapport d’activités du Président de l’Assemblée n’a pas obtenu le quitus de ses pairs. Et pourtant, sous un faciès hypnotiseur, ces députés regroupés au sein de l’Alliance  Union fait la Nation ont agréé, avec la caution retentissante de la presse, cette allocution d’ouverture de la session budgétaire. Un député reconnu pour ses prises de position radicales contre la majorité présidentielle parlementaire s’extasiait même (sans doute dans un sarcasme) à la suite de ces propos “… c’est maintenant que nous reconnaissons notre Président …”.  Et porté par les sourires illusoires d’une opposition passée maître dans la fourberie politique, ce discours s’est répercuté dans l’opinion tel l’incantation magique, panacée des malheurs du parlement béninois depuis 2007. Le peuple a cru à une nouvelle ère engendrée par l’amour retrouvé entre l’opposition parlementaire et le Président. Un hémicycle où les sessions parlementaires stériles cèderont à la pleine activité et la pleine productivité. Un parlement qui aura rompu avec les querelles d’épiciers pour substituer aux débats de personnes, des discussions fouettant le développement national. Une Assemblée nationale où les Honorables députés s’identifieront sur la base des visions et idéaux de leur formation politique…. Mais ces illusions d’un peuple naïf, n’aspirant qu’au bien-être social dans un climat sociopolitique apaisé, n’auront duré qu’un feu de paille. La désillusion a été à la dimension des illusions qui l’ont engendré. A la courte période d’espérance qu’aura semé le discours complimenteur de Mathurin Nago, a succédé une ère d’opposition plus choquante veloutée dans l’hypocrisie politique. Désormais au parlement, ce sera ” du blaguer tuer ” pour reprendre le refrain populaire d’un artiste ivoirien. En réalité, il ne s’agit en l’espèce que d’une succession de stratégies et de manœuvres politiques d’ouvriers politiques de dimensions disparates dans une arène parlementaire faite essentiellement de vieux briscards politiques. Au terme, la victoire a toutes les chances d’être du côté de l’expérience.
Alors le novice Nago dans ce champ d’éreintés politiques,  n’aurait rien retenu des leçons  politiciennes, si au départ de  son coup cajoleur, s’est cru en possession du sésame  susceptible de sauter tous les verrous de ses infortunes à l’hémicycle. Le discours d’ouverture de la session budgétaire d’Octobre 2009, demeure un utile geste politique d’ouverture à l’endroit d’une opposition qui se radicalise chaque jour davantage au point de se cristalliser en  une force mécaniquement antagonique à toutes ses initiatives. Ces propos adulateurs étaient donc venus à un moment très propice pour alanguir des positions étanchement hostiles à sa vision. Mais voir le mérite de ce discours au-delà, revient simplement à s’immerger dans des illusions doublées d’égarements politiques. En réalité, que pouvait penser le Président Mathurin Nago à la suite de son discours d’ouverture de session ? Que les députés qui l’ont pris en adversité depuis son élection au perchoir au point d’en vouloir à son fauteuil  présidentiel, succombent d’un seul trait à son opération de charme, abdique et rengaine ? Non. Le jeu est purement politique et l’enjeu, même s’il apparaît de plus en plus difficile à atteindre, était son fauteuil présidentiel. Le revirement de cette tendance ne saurait être la résultante d’un sacrifice politique isolé.   Mathurin Nago est en face de politiciens chevronnés à l’image de Me Adrien Houngbédji, Bruno Amoussou, Idji Kolawolé, tous locataires par le passé du perchoir.  La conquête de la confiance de ces patriarches politiques au crépuscule de leur parcours, ne peut se réaliser que sur le temps et la confiance. 
Apprendre à faire du temps, son allié fidèle. C’est l’exercice auquel Mathurin Nago doit se livrer. Ainsi il doit comprendre à travers l’acte des députés de l’opposition, un test pour  son degré  de conviction en son propre discours. Un appel à traduire ses déclarations en des actes au quotidien. Il doit également lire dans cette position surprenante de ces adversaires, la meilleure manière d’apprécier leur niveau politique qui est sans doute resté au-dessus de ses prévisions politiques sommaires. Des partenaires politiques avec lesquels le jeu politique doit se conjuguer avec davantage de hauteur et d’élégance d’esprit. Réduire l’évolution des convictions des députés Lazare Sèhouéto, Georges Bada, Tidjani Serpos etc. à une simple déclaration d’intentions à leur endroit, peut paraître une injure à leur parcours politique. Ainsi le rejet du rapport d’activités du Président Nago peut simplement s’inscrire dans un parcours d’apprentissage à la dure vie politique. Et sur ce chemin, la censure de ce rapport peut constituer un piège capital pour Mathurin Nago. De l’interprétation que fera le Président de l’Assemblée nationale de cette sentence, dépendra son égarement politique à la tête de ce parlement ou au contraire, sa lancée sur la voie de la réelle maturité politique, indispensable au raffermissement de son pouvoir. Car la voix de la précipitation et de l’impatience pourrait lui faire percevoir cette attitude de l’opposition comme une monnaie de singe. Dès lors, il voudra chercher à renouer avec ses vieux amours de discours de vassal et caudataires à l’endroit du gouvernement. Et il signera au fil de ses discours contradictoires, sa mort politique.  Par contre la voix de la sagesse politique lui présentera cette sanction comme une invite à la persévérance. Elle lui enseignera la multiplication à satiété des discours similaires dont sont friands ses adversaires. Cette voie est cependant jonchée de sacrifices divers parfois contre ses intérêts partisans. Mais il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’elle constitue le dur chemin de l’apprentissage de la vie politique. Le  seul itinéraire qui peut aider à conquérir et raffermir un trône politique. Et que veut Nago ?

Medard GANDONOU

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