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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL: Si jeunesse savait


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Une flopée de jeunes a accouru au Palais de la Ma rina dans le week-end pour proclamer au Chef de l’Etat leur soutien ” massif “. J’ai revu en un éclair les images du ” forum ” national sur la jeunesse tenu en mai dernier. Toute cette foule d’élèves transportés de tous les collèges de Cotonou pour faire salle comble au Palais des sports, alors qu’ils n’y comprenaient rien, à leur ” forum “. Tous ces discours creux et vaseux, vacuité vide de la parole en action dans un champ aussi mouvant que celui de la jeunesse. Toute cette tromperie à ciel ouvert que de parler au nom de la jeunesse pour se positionner dans les arcanes du pouvoir… Donc, les mêmes stratagèmes ont repris ce week-end sous les espèces d’une certaine association Amour et Solidarité, afin de permettre au Chef de l’Etat d’avoir à donner de la visibilité à ses actions au profit des jeunes. Et c’est vrai que le Gouvernement par le biais du ministère de l’emploi des jeunes a mené un programme encore en cours pour intéresser les jeunes. Coordonnées par le Fonds national pour l’entreprenariat et l’emploi des jeunes (FNPEEJ), ces actions ont permis de financer directement six cents jeunes entrepreneurs dans différentes localités, y compris en zone rurale. Sans compter les emplois indirects créés par ce biais, ce Fonds fonctionne comme la réponse de l’Etat aux doléances des jeunes sur leur situation. Lors d’un forum sur l’emploi des jeunes en mars 2007, ceux-ci avaient en effet demandé la mise en place de structures viables de promotion de l’emploi. Ce qui s’est concrétisé un an après avec la participation du PNUD qui a répondu à leur cri de détresse. Aujourd’hui, le filon FNPEEJ fait des heureux, mais crée aussi des aigreurs chez ceux qui estiment qu’il faut être d’un certain bord politique pour bénéficier de cet apport. L’instrumentalisation politique de ces actions est une constante, étant entendu déjà que les jeunes constituent de toute éternité une proie facile sur le terrain électoral. Ne disions-nous pas déjà à l’université que c’est la fièvre de la jeunesse qui maintient la température du monde ? Depuis les vicissitudes de l’affaire du maire de Dangbo, la jeunesse mouvancière a définitivement jeté son masque de prostration (emploi et entreprenariat à tout prix) pour se lancer dans l’arène. Le plus bouillant de ces jeunes, reste le ” patriote ” Frédéric Béhanzin désormais estampillé dans la classe des purs et durs de la mouvance. Leurs répondants, ce sont les ” jeunes ” de l’Union fait la Nation (JUN) dont la coordination est dirigée par un jeune, Mathias Agon, lui-même Chef de l’arrondissement de Dangbo Centre. Leurs prises de position en faveur de l’opposition ne sont plus à compter. Le mois dernier encore, ils ont fait une déclaration publique encourageant leurs aînés de l’Union fait la Nation sur la voie de l’unité pour une alternance réelle en 2011. Dans un camp comme dans l’autre, les jeunes, ce sont ceux qui, au travers des jeux internes, ont pu s’imposer aux apparatchiks des deux camps. Leur coalition est faite de gens dont l’intérêt visible est de rester dans leur position. Emarger chez un leader de l’opposition dont vous êtes salarié, ou tirer ses émoluments des facilités de la Présidence de la République, impliquent une orientation claire du discours qui n’incite pas les jeunes ordinaires à un engagement citoyen et désintéressé pour les causes réelles de la jeunesse. De ce point de vue, qu’ils soient jeunes de la mouvance ou de l’opposition, ils jouent à leur échelle ” juvénile ” le rôle stéréotypé délégué par leurs aînés à la solde desquels ils sont. Cette jeunesse stipendiée qui veut bénéficier des ors du pouvoir aujourd’hui en chantant Yayi ou demain en vantant Houngbédji, n’offre pas une garantie de lucidité et d’intégrité. Elle est un anti-modèle qui fait le jeu des clientélismes divers dont l’arène publique est aujourd’hui empuantie.

Olivier ALLOCHEME

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