Visits: 3
Six Chefs d’Etat africain, des dizaines de chefs de délégation et représentants d’organisations internationales ont signé aux côtés de l’ancien Président français Jacques Chirac, ce lundi 12 octobre 2009 dans la capitale béninoise un appel en faveur d’une mobilisation internationale contre les faux médicaments. Initiative de la Fondation Chirac, « l’Appel de Cotonou » vise à la fois, à sonner le glas de l’inertie observée dans la lutte contre les faux médicaments sur le continent et à créer une synergie d’actions en vue d’exiger le vote d’une convention contre les médicaments falsifiés au cours d’une conférence internationale prévue en 2010 à Genève.
Selon l’organisation Mondiale de la santé, un médicament sur quatre utilisé dans les pays en développement est un faux. Les mêmes statistiques révèlent que 200.000 décès par an pourraient être évités, si les médicaments prescrits contre le paludisme étaient conformes à la réglementation et capables de traiter réellement la maladie. A la tribune, le Président Boni YAYI du Bénin, a fait savoir que plus de 85% des béninois s’approvisionnent sur le marché informel. Une situation qui engendre, outre les échecs thérapeutiques, la pharmaco résistance, la toxicité, un manque à gagner annuel de plus de trente (30) milliards pour les pharmacies et quatre milliards de perte de recettes fiscales pour l’Etat. C’est pourquoi, en se réjouissant de l’appel de la Fondation Chirac contre les faux médicaments, le Président Boni Yayi a salué le parcours exceptionnel d’un homme d’Etat qui a su comprendre les attentes de l’Afrique et œuvre inlassablement pour le développement durable de l’Afrique. Pour le Dr Ponmek Delaloy, représentant de l’Etat du Laos aux assises de Cotonou, « la santé et l’environnement constituent le but ultime du développent durable car notre vie est éphémère ». Le Représentant du Secrétaire Général des Nations unies a fustigé l’envahissement des hôpitaux, des pharmacies par les faux médicaments avant de plaider pour un combat sans merci contre les criminels et autres falsificateurs de médicaments au mépris de la vie des populations notamment celle des pays les plus pauvres. Dans son intervention, le Président sénégalais Abdoulaye Wade a fait remarquer que la contrefaçon n’est pas limitative aux médicaments mais aussi aux produits cosmétiques et d’hygiène de même qu’à l’eau minérale. Pour Me Wade, il faut attaquer le mal par la racine en remontant aux usines spécialisées dans la contrefaçon médicale. Dans cette perspective, il a plaidé pour la mise en place d’une inspection générale des médicaments en Afrique. Pour sa part, le Président Blaise Compaoré du Burkina-Faso, a exprimé au nom de ses pairs, la gratitude de l’Afrique envers la Fondation Chirac pour son initiative salutaire pour les populations d’Afrique.
« De toutes les inégalités, la plus blessante est l’inégalité devant la santé »
Initiateur de cette campagne d’envergure mondiale, l’ancien Chef d’Etat français Jacques Chirac, président de la Fondation Chirac a réaffirmé l’engagement de sa fondation à servir la paix et à faire de l’accès aux médicaments de qualité l’un de ses objectifs prioritaires. Car, « de toutes les inégalités, la plus blessante est l’inégalité devant la santé », dira t-il pour expliquer son combat en faveur de l’accès de tous à des soins de santé appropriés. Ainsi, parce « qu’elle s’attaque aux pays les plus pauvres, et, en leur sein, à des familles sans protection sociale et sans moyens, concerne les médicaments les plus indispensables à la santé individuelle et collective… », dira le Président Chirac, « l’économie criminelle des faux médicaments me révolte ». C’est donc en écho à cette action de portée salutaire pour les pays en voie de développement que tour à tour, les présidents Boni Yayi, Jacques Chirac, Abdoulaye Wade, Mamadou Tandja, Faure Gnassingbé, François Bozizé et Denis Sassou N’guésso ainsi que les Chefs de délégation ont signé l’appel de Cotonou contre les faux médicaments. Par cet acte, les décideurs présents à Cotonou marquent leur volonté à mettre un terme à l’économie criminelle des faux médicaments pour faire de la santé le premier facteur de développement des nations.
Notons que cet appel, acte fondateur d’une campagne devant aboutir au vote d’une convention d’interdiction de la production et du commerce des faux médicaments devant les Nations Unies après la tenue d’une conférence internationale à cette fin à Genève en Suisse, s’est poursuivie par une visite des locaux du Laboratoire national de contrôle de la qualité des médicaments, structure de référence bénéficiant de l’appui de la Fondation Chirac.
Jean Claude Dossa