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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL: Le long chemin vers le progrès


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Le Bénin a fait des progrès remarquables entre 1960 et 2009. Au-delà de la grisaille où nous enferme le sous- développement tentaculaire,  le chemin parcouru n’aura pas été qu’une rude traversée d’orages économiques et socio-politiques. Il a été parsemé d’avancées indéniables obscurcies par l’ombre de nos misères quotidiennes. Quarante neuf ans après son indépendance, le Bénin n’a pas fait un grand bond en avant, mais au plan économique, il a pu s’ancrer dans  une perspective optimiste. Il y a  quarante neuf ans, la principale ressource du pays était les immenses palmeraies qui apportaient l’essentiel des revenus d’exportation du pays. Cet ” or rouge ” constituait aussi bien pour les paysans du bas Dahomey que pour la classe moyenne des travailleurs des huileries et savonneries, sans parler du budget national, une importante source de revenu, même si les fluctuations de ses cours sur le marché international firent des ravages indéniables. La succession incontrôlable de ces malheurs a sonné comme un appel à changer  de cap vers une diversification des filières. D’où la mise en place dès les années 1970 de la filière cotonnière qui a fait les beaux jours du Bénin dans les années 1990. Entre-temps, l’option idéologique des années révolutionnaires, a coupé le pays de l’économie de marché et ralenti sa course vers une amélioration de ses performances agricoles, du fait de l’emprise désastreuse de la collectivisation sur la production. La libéralisation économique, fruit des décisions de la Conférence nationale de 1990,  va ouvrir de nouvelles perspectives en attirant des investissements de type nouveau tout en assurant une diversification très marquée des partenaires économiques et commerciaux du pays.
Car, contrairement aux années 1960 où l’emprise économique de l’ancienne métropole restait encore d’une vive
importance, l’expérience démocratique née de la Conférence nationale va favoriser l’ouverture du Bénin à d’autres marchés autrefois négligés ou craints du fait de la bipolarisation des relations internationales et des cassures subséquentes entre des blocs antagonistes chapeautés par des puissances très jalouses de leurs pré-carrés. Aujourd’hui, le Bénin peut commercer avec l’Inde, la Chine, les Etats-Unis ou le Brésil, sans craindre des représailles de la France. C’est une avancée majeure, même si les susceptibilités nées d’une trop grande ouverture sur la Chine et les pays du Golfe font craindre une certaine crispation avec l’Hexagone. Mais le discours, même en France, a radicalement changé au profit de la prise en main de leurs propres destins par les pays d’Afrique. L’acte fondateur à cet égard fut le sommet de la Baule.
Les difficultés structurelles et conjoncturelles ont mis en berne la filière cotonnière depuis 2000. En même temps, le port est devenu une source majeure de revenu grâce à la captation des ressources issues d’un florissant commerce de  réexportation en direction du Nigeria et des pays de l’Hinterland. Déjà, il est question de replacer l’agriculture au cœur des préoccupations économiques, notamment à travers sa mécanisation. Les efforts de modernisation du matériel agricole et des méthodes culturales, redonneront à l’agriculture sa place pionnière, en même temps qu’ils feront déconnecter notre économie de son ancrage fiscal trop prégnant. Là est le combat.
En dehors de ce défi économique, le chantier politique est encore plus vaste. Au sortir de l’indépendance, le Dahomey avait hérité d’une vie politique très agitée dont les stigmates demeurent encore aujourd’hui. La démocratie pluraliste, spécialité du pays depuis 1946, s’est ancrée au point de devenir notre marque de fabrique, avec ses heurs et ses malheurs. La pénétration, lente mais progressive, des vertus démocratiques dans les mœurs grâce à une élite libre par définition et une presse plurielle à souhait,  rend l’expérience alléchante et chaque jour plus prometteuse. Aujourd’hui, les coups d’Etat sont définitivement hors-la-loi, alors qu’ils pesaient comme une épée de Damoclès sur la tête de tous les Présidents dans les années 1960.
  Il est maintenant question pour les acteurs de faire l’heureuse jonction entre politique et économie, en définissant les linéaments d’une vie publique autrement plus axée sur les besoins du commun des Béninois. En évitant les pièges d’une vie politique auto-centrée qui se glorifie de sa propre floraison sans se préoccuper de l’efficacité économique du leadership public, les acteurs nationaux pourront répondre davantage aux besoins des populations. Voilà le chantier d’une refondation de l’action politique et donc d’une transformation des mentalités !
Olivier Djidénou

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