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Le triomphe de la vérité

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Grève d’avertissement des centrales syndicales: L’administration paralysée, le gouvernement défié


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 (Des mesures qui radicalisent la position des syndicats) Dieudonné LOKOSSOU

L’administration publique était hier au ralenti dans la capitale économique du Bénin. Et pour cause, les travailleurs ont massivement répondu à l’appel des centrales syndicales à l’observation d’une grève d’avertissement à l’endroit du gouvernement suite à l’interdiction de la marche du mercredi 22 juillet dernier.

Il est 9 heures 30 ce matin du jeudi 28 juillet. En cette matinée de travail dans l’administration publique béninoise, un lourd silence plane sur la Direction générale du Trésor. Les voix bruyantes d’usagers en attente de percevoir leurs émoluments sont absentes de cette direction tandis que vélos, motos et autres véhicules se font désirer sur le parking réservé pour les abriter. Cette atmosphère est identique à la Direction générale des Impôts et domaines (Dgid). Aucun travailleur n’est visible dans le voisinage. Seuls, deux agents de sécurité attendent dans une oisiveté mal voilée, l’arrivée des locataires de la Dgid. Venu vérifier l’effectivité de la grève au Ministère de la culture, de l’alphabétisation et de la Promotion des langues nationales, son opinion est vite faite : la grève est largement suivie et le travail inexistant. Ainsi, faisant fi de la menace de défalcation sur les salaires décrétée par le gouvernement, les travailleurs du secteur public béninois ont massivement répondu par l’affirmative à la grève décidée par les secrétaires généraux de toutes les centrales syndicales en l’occurrence Gaston Azoua de la Confédération des Syndicats des Travailleurs du Bénin (Cstb), Pascal Todjinou de la Confédération Générale des Travailleurs du Bénin (Cgtb), Dieudonné Lokossou de la Confédération des Syndicats Autonomes du Bénin (Csa-Bénin), Emmanuel Zounon de la Confédération Nationale des Syndicats des Travailleurs du Bénin (Cnstb). Ainsi, de l’Office de Radiodiffusion et de Télévision du Bénin (Ortb) à la Société nationale de commercialisation de produits pétroliers (Sonacop) en passant par les ministères de l’Agriculture, de l’Elevage et de la pêche (Maep), de la Reforme administrative et Institutionnelle (Mrai), de l’environnement et de la protection de la nature, de l’urbanisme, de habitat, de la reforme foncière et de la lutte contre l’érosion côtière (Muhrflec), le Centre National Hospitalier Universitaire Hubert Maga, le Centre national de promotion de la propriété intellectuelle (Cenapi), l’Université d’Abomey-Calavi, le succès de la grève n’a souffert d’aucun écueil.
Se prononçant à la mi-journée sur l’évolution de la grève, Pascal Todjinou observe que « Les travailleurs ont massivement suivi la motion de grève ». Ainsi, des départements du Borgou à l’Alibori en passant par les Collines, la Donga, le Mono ou encore le Couffo, « le succès de la grève d’avertissement est éclatant » selon le syndicaliste. Pour sa part, le premier responsable de la Csa-Bénin, Dieudonné Lokossou attribue cette forte mobilisation à la volonté des travailleurs de s’opposer à la « prédation des libertés publiques sous le régime du Changement ».
« Moi, j’ai décidé de boycotter le travail pendant ces quarante huit (48) heures parce que nos droits de protestation sont baffoués. Et nous ne pouvons pas attendre plus longtemps avant de réagir », confie à cet effet Théodore S. infirmier en service au Cnhu de Cotonou.
A l’instar de ce dernier, ils sont ainsi des milliers à avoir bravé la mise en garde gouvernementale en signe de défi au régime de Boni Yayi et de soutien à leurs leaders syndicaux qui ont fait le pari de passer outre les intimidations et autres manœuvres du pouvoir en place pour revendiquer les droits acquis au terme de longues luttes par les travailleurs béninois.
Jean-Claude D. DOSSA

 

Communiqué de dissuasion du gouvernement face à la grève des travailleurs
Des mesures qui radicalisent la position des syndicats

Les centrales syndicales ont respecté leur mouvement de grève générale annoncé pour 48 heures à compter d’hier. Et manifestement, la motion a été suivie par la majorité des travailleurs de l’administration béninoise. Le communiqué médiatique d’invite à la désolidarisation adressé par le gouvernement ainsi que les appels parallèles de groupes ad hoc dans ce même sens n’y ont pu grande chose. Au contraire !

Des mesures galvanisant
En réalité, au regard de ce communiqué gouvernemental aux allures intimidantes et dissuasives, l’on a bien l’impression que le gouvernement du Dr Boni Yayi n’avait pas eu grandes leçons de la situation d’interdiction de la marche des travailleurs du 21 juillet 2009. En même temps que le gouvernement par cet acte leur avait offert un motif de manifestation plus grave que celui qui soutendait leur première motion, il a permis à ces centrales d’élargir les actes de protestation à une grève paralysante de toute l’administration. Avec ce communiqué au ton menaçant, mettant en cause des intérêts directs et pécuniaires des travailleurs, le gouvernement n’a fait que fouetter la chaleur des syndicalistes à en découdre avec lui. Pour les responsables des centrales syndicales, il s’agit désormais d’un bras de fer qu’il faudrait à tout prix remporter afin de crédibiliser le mouvement syndical. Quant aux travailleurs, c’est plus une question d’orgueil pour montrer une image militante du travailleur. Des travailleurs qui observent  la grève nous confessent presque avec la même verve « notre liberté n’est pas à quelques francs déductibles de nos salaires ».
On se rend compte dès lors que les mesures dissuasives se sont muées en  stimulants pour les travailleurs qui en ont fait un défi à relever. D’un fait divers que constitue la marche des syndicats du 21 juillet, on avance vers une question d’intérêt national touchant aux libertés fondamentales et aux acquis de la conférence des forces vives de la Nation.
Médard GANDONOU

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