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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL:Le syndicalisme à l’épreuve de la politique


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L’apolitisme syndical fait la gloire des syndicalistes,  tout autant qu’il constitue pour eux un piège. Peut- on les priver de leur droit légitime de participer aux grands débats engageant la survie de la nation ? Assurément non, surtout que l’Organisation Internationale du Travail (OIT) a déjà tranché la question en reconnaissant explicitement que le syndicalisme peut revêtir à des moments donnés une forme politique que les travailleurs sont libres de déterminer. D’où les grèves politiques de contestation. Mais cette ambivalence induit des ambiguïtés fonctionnelles parfois graves. Peut-on permettre à un leader syndical  comme Gaston Azoua d’être membre du PCB ? Peut-on admettre que Théophile Dossou soit membre des FCBE ? En admettant même une telle éventualité, jusqu’à quel niveau de responsabilité la déontologie syndicale peut-elle permettre à ces leaders d’atteindre dans leur parti pour ne pas se compromettre dans la défense des droits légitimes des travailleurs ? Ce sont autant de questions qui touchent à la crédibilité même de nos mouvements syndicaux.  Rien ne garantit en effet que le travailleur n’est pas manipulé à des fins politiciennes lorsqu’il est invité à faire ou à ne pas faire grève pour des revendications situées à la lisière de la contestation partisane. En permettant à chaque syndicaliste de s’inscrire dans le parti de son choix et à y prospérer à volonté,   on l’autorise à se servir de l’arme de la simple revendication des intérêts corporatistes pour assouvir des desseins politiques. On l’autorise à instrumentaliser la lutte syndicale à des fins politiques. Le syndicat se paie le luxe dès lors d’être à la fois parti et syndicat, société civile et classe politique, juge et parti.
Cette forme d’extraversion trahit l’idéal syndical et asservit les travailleurs à un mouvement truqué représenté par des personnages douteux. Chargés de parler en leur nom, ils ne peuvent plus revendiquer une quelconque sincérité, quel que soit le bord idéologique d’où s’expriment leurs convictions syndicales. 
L’histoire récente de notre pays a déjà connu ce genre
 de déviances. On connaît le cas d’un certain
 Guillaume Fagbamigbé, militant UDD des années 1960 élu à la tête de l’un des arrondissements de Cotonou sous la férule de son parti. Timothée Adanlin a été nommé ministre de la fonction publique sous le Président Soglo alors qu’il était au faîte de son militantisme syndical. Ce fut une récupération historique. Léopold Dossou de la CSA, fut membre du parti de son frère Paul, le NGR. Et plus proche encore de nous, le syndicaliste Coovi Hessou, aujourd’hui DAC du ministère de l’enseignement secondaire, a été jusqu’à sa nomination un syndicaliste violent en qui les enseignants par exemple avaient une foi aveugle…Dans tous ces cas, un idéal initial a été trahi, des milliers de travailleurs ont été floués, leurs colères utilisées ou détournées par quelques-uns. S’il est vrai que la lutte des travailleurs est un pan de la lutte des citoyens pour une justice sociale plus franche,  il n’est pas vrai que l’on soit autorisé à s’abriter derrière leurs frustrations et leurs malheurs pour conquérir des strapontins administratifs et/politiques. S’il  est évident que les libertés publiques doivent être sauvegardées avec la dernière énergie, il est faux de prétendre que les syndicalistes politisés marchent pour la défense des justes causes du peuple des travailleurs.
 Et le mutisme de la loi ces déviances morales autorise le gouvernement à refuser les grèves politiques manipulées. Il est donc nécessaire de légiférer en la matière pour contrer les ravages cette grave duplicité qui est aussi attentatoire à la démocratie que les actes délictueux du gouvernement la semaine dernière. En un mot, comme en mille : qui veut faire la politique va à la politique à visage découvert, qui veut faire du syndicalisme reste syndicaliste sans prostituer son idéal dans l’arène fétide de la politique.
Olivier Djidénou

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