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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL: La morale à l’université


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Les étudiants de l’université d’Abomey-Calavi nous ont donné un exemple étourdissant avant-hier. Ils ont destitué le président de la Fédération nationale des étudiants du Bénin (FNEB), le sieur Irénée Quenum. Il a été accusé de détournement  de deniers et d’autres malversations portées sur la place publique par ses camarades. Chiffrées à plusieurs millions de FCFA, ces malversations présumées peuvent faire bondir n’importe qui : sont-ce vraiment des étudiants ou des commerçants ? Malgré tout, l’on s’attend à tout chez ces jeunes dont l’impétuosité naturelle est une promesse d’outrecuidance et de naïveté. Surtout qu’ils sont acteurs d’une scène publique où ils sont exposés à diverses tentations plus ou moins alléchantes. Mais le pire, ce sont les déclarations de l’accusé lui-même. Pour se défendre, le Président de la FNEB, un syndicat qui se veut sérieux, a clamé son innocence en faisant entendre qu’il a l’habitude de recevoir des ” dons ” des autorités en guise de félicitation chaque fois qu’il mène des ” activités “. Et de récuser le mot détournement employé pour qualifier ces pots-de-vin qui, clame-t-il encore sérieusement,  sont une pratique courante au sein des mouvements syndicaux. Apparemment, le pauvre président ne comprend pas que l’on puisse en vouloir à son fauteuil puisqu’il n’a vraiment rien fait d’extraordinaire.
Le rappel de ces billevesées estudiantines montre une chose: notre société est en danger de pourriture morale.
Contrairement à ce qu’on aurait pu penser à première vue, ces faits ne sont que la face visible de la  montagne de pourritures que les jeunes côtoient tous les jours.  La société béninoise en proie à une véritable déliquescence morale montre à tous ces jeunes en quête de repère, une image déplorable qu’ils ont fini par prendre pour modèle. Si la corruption et le népotisme ne sont que les maladies ordinaires  présentes dans tous les rouages de la société, l’espace politique, lui,  est harcelé par des pratiques antinationales récurrentes. Comme le laisse penser le revirement annoncé du député G13 Rachidi Gbadamassi, les jeunes ont l’impression que l’espace public est celui de la perfidie et où ne doivent se manifester aucune conviction, aucune idéologie, aucun patriotisme. C’est une arène sauvage où il vaut mieux être une  hyène dévergondée  qu’une douce brebis. Les anti-valeurs promues en ces politiciens à la félonie massive, semblent crier aux plus jeunes qu’ils n’ont aucun devoir de pureté morale. Que diable ont-ils à chercher la vertu quand la norme est le vice ? La marchandisation effrénée de l’espace public sert d’alibi à toute cette jeunesse souffrante, ravagée par les doutes de l’avenir, assommée par la misère ambiante et qui cherche le salut dans la manne souillée des pots-de-vin.
Et lorsque les jeunes sont munis de ces armes redoutablement nocives, ils deviennent des fléaux pour leur pays. Que de guerres ont été allumées parce qu’une jeunesse corrompue et sans repère a été manipulée par des marchands d’illusions ! Que de soulèvements inutiles a-t-on mis en branle en instrumentalisant des jeunes déboussolés et inquiets ! Derrière la banalité des millions prétendument ” détournés ” à la Fneb, se profile l’impératif d’un réarmement moral. L’avenir de notre pays dépend désormais des dispositions pédagogiques et institutionnelles qui doivent être mises en œuvre pour créer un environnement social et politique propice à la promotion de la vertu. Il s’agit pour tous de relever les défis que soulève chaque jour l’ignoble énormité d’une vie politique sans âme, d’une société civile soupçonnée de tricher avec l’éthique, d’une administration publique politisée à outrance.
 Olivier Djidénou

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1 thoughts on “EDITORIAL: La morale à l’université

  1. Xavier

    J’admire votre manière de stigmatiser ces comportements. Le mauvais exemple est vite et bien copié surtout quand il vient du sommet. Nous avons du pain sur la planche mais je crois qu’il n’y a pas de situation insurmontable. Nous sommes tous interpelés, aussi bien les vicieux que les vertueux, mais surtout ces derniers qui doivent prendre des rôles et donner l’exemple. Malheureusement ils sont les premiers à se retrancher dans leur coin et à laisser le mal gagner du terrain. C’est la conjugaison des efforts qui est le plus important et il faut qu’on s’y attèle, même si les Béninois n’aiment pas se mettre ensemble pour lutter tant chacun voit ses petits intérêts !!!

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