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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL: Les faux semblants du bilan


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C’est absurde, mais c’est avec un sourire amusé  que j’ai observé l’acharnement de la mouvance à s’auto congratuler à l’heure du bilan des trois ans de gestion sous le changement. Les chiffres de la croissance ont été brandis par le ministre d’Etat Pascal Irénée Koupaki et confirmés par le FMI: le Bénin est passé à une croissance économique de 5% en 2008, malgré la crise.  Le ministre de l’agriculture est passé revendre les mérites de la révolution verte promise à l’horizon 2015. Pour cela, un Plan stratégique de relance a été élaboré à cet effet et sept milliards cinq cent millions de FCFA de machines agricoles ont été acquis cette année. Celui des transports n’a pas été moins élogieux puisqu’il est venu revendiquer aussi soixante dix milliards de FCFA d’investissement gouvernemental dans le secteur. Au plan social,  on sait que le gouvernement réserve vingt cinq milliards en faveur des plus pauvres au titre du programme des micro-crédits qui leur est consacré. Les travailleurs ont bénéficié d’augmentations salariales diverses et d’indemnités qui ont pris le tiers des recettes douanières de notre pays. La masse salariale a ainsi bondi de plus de 27% en deux ans alors que l’on prévoit pour cette année une baisse des recettes. Si l’énorme  demande sociale s’accentue, le gouvernement sera contraint de choisir entre les fonctionnaires qui font 30% de l’effectif des travailleurs du Bénin et les autres secteurs de développement.
La célébration de ces trois ans de gestion a été ainsi une messe de chiffres et de réalisations qu’on reconnaîtra comme largement positifs pour le pays. Mais il faut se rendre à l’évidence : le meilleur bilan ne peut faire réélire un Chef d’Etat au Bénin. Même auréolé de sa gloriole socio-économique, il reste prisonnier des facteurs politiques. Nicéphore Soglo en sait quelque chose. Ayant pris les rênes d’un pays en banqueroute après dix-huit années de marxisme-léninisme, il a payé le prix de ses forfaitures politiques en faisant l’unanimité contre lui au sein de ses amis d’hier. En 1996, il remet le pouvoir à celui qui a conduit le pays au chaos, en une cruelle ironie du sort. Il eût pu renouveler son quinquennat s’il n’avait eu une foi aveugle en ses performances économiques à la base de son arrogance et de son aveuglement légendaires.
Il ne faut pas s’étonner de ce paradoxe. Même dans une démocratie sophistiquée comme la France, le bilan ne sert pas à grand-chose si l’on n’est pas doué d’une bonne dose de realpolitik. Lionel Jospin l’a appris à ses dépens au soir du 21 avril 2002, à la suite d’une élection présidentielle où ses brillants résultats en cinq années de primature pouvaient servir à le faire passer au second tour pour enfin battre Chirac dans le duel classique Gauche-Droite. Mais il n’en a rien été. Aux prises avec une hystérie sécuritaire savamment montée en épingle dans les médias, les Français ont voté Le Pen pour sanctionner Jospin. Malgré ses résultats économiques et sociaux sans égal.  Et c’est pratiquement sur le même schéma, relevant cette fois des angoisses terroristes, que Georges Bush a décroché son second mandat en 2004 alors même que son bilan à la tête de la Maison Blanche laissait largement à désirer.
Faut-il alors avoir foi en une donnée aussi versatile pour 2011 ? Pour le peuple, il n’y a pas autre chose à faire que de doubler ou quadrupler les réalisations actuelles. Mais pour Boni Yayi, il convient de manœuvrer dans les deux années à venir pour apaiser la situation politique en proie à une tension attisée en maints domaines par un activisme présidentiel sans bornes. Sinon, le passage de 2011 ressemblera à un fiasco à la Jospin.
Olivier Djidénou

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1 thoughts on “EDITORIAL: Les faux semblants du bilan

  1. godwill(USA)

    bonne analyse.si ceci peut servir les cauristes,ils vont revoir leur methodes dictatoriales.car le pays va mal au plan social.

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