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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL: Femmes en guerre


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La célébration du 08 mars n’en finit pas de s’allonger. Il y a  plus d’une semaine que les femmes pavoisent en festivités  chatoyantes et colorées pour célébrer la quatorzième journée internationale qui leur est consacrée. A l’occasion, le riche folklore féminin s’est invité dans toute sa splendeur. Il n’est que de voir les déploiements fastueux au charme aguichant mis en branle de ministère en ministère, de commune en commune, d’association en association. Ici, des pagnes couturés en uniformes sous mille modèles originaux  avec les immanquables foulards en antenne parabolique, là des chaînes féminines formées au long des marches pour dire non aux violences qui leur sont faites, ailleurs des repas somptueux pris dans le luxe douillet de quelque hôtel lumineux de Cotonou, elles ont usé de leur imagination féconde pour agrémenter cette journée (ces journées en vérité) spécialement réservée à la réflexion sur leur condition. Célébration d’accord, fête d’abord. On aura peine à croire qu’il ne s’agit pas d’une manifestation spontanée de gaîté collective, tant les unes et les autres ont montré une forte cohésion joyeuse vers la réclamation des droits que leur dénient les stéréotypes machistes de nos sociétés.  On est loin de ces querelles infinies qui font leur lot quotidien, faisant croire à l’imagerie populaire que la femme est une louve pour la femme, exactement comme l’homme est un loup pour l’homme. L’épiphanie des femmes en liesse préfigure une conscience de sexe qui se répand dans tous les interstices de la société béninoise, encouragée par l’Etat.

Le régime Boni Yayi a flairé dans ces 52% de majorité féminine une manne électorale sur laquelle  pourraient se fonder des campagnes futures. On imagine que le Chef de l’Etat tout droit venu de New Delhi, n’a pas voulu rater cette nouvelle occasion de démonstration de féminophilie. Le voilà en marche ce 08 mars aux côtés des dames, toutes hilares pour la divine surprise offerte par le cœur présidentiel si prompt à s’épandre. Etreint par l’émotion d’être en si galante compagnie, Boni Yayi s’est fait courtisan aux pieds des dames. La déclaration d’amour qu’il leur a faite est digne de figurer dans les annales d’histoire.  Il a ainsi fait la liste des réalisations de son gouvernement en faveur de la gent féminine avant de sortir son joker : 30% de ministres femmes bientôt au gouvernement. Pathétique jusqu’aux larmes, le courtisan ne croyait pas si bien faire. Il sait les femmes avides de postes de responsabilité autant que leurs compagnons les hommes. Il sait aussi qu’après la mauvaise publicité d’un gouvernement en régression sur le thème de la promotion de la femme, il lui fallait reprendre la main. D’où le projet de création de l’institut de la femme. D’où aussi ce regain de féminophilie aux objectifs clairement politiques.
 Lorsqu’aux présidentielles de  2001 l’on demanda au Général Kérékou encore Président lequel des candidats lui faisait le plus peur, il eut cette pointe d’humeur en affirmant que c’était bien Marie Elise Gbèdo. Et Boni Yayi en s’entichant de féminisme à l’orée de 2011, n’en dirait pas moins. Son épouse, invitée aux différentes festivités, ne se lasse point de  faire la liste des réalisations de son président de mari en faveur des femmes. Et d’inviter ses sœurs à ne pas se tromper de bulletin dans deux ans. Au-delà de la fête, la gent féminine a ainsi une occasion historique de sortir de l’ornière. Il est clair que cette embellie ne saurait revêtir la seule forme d’une promotion factice au gouvernement mais dans la reconnaissance de l’égal mérite de la femme face à l’homme à tous les postes de responsabilité.
Olivier DJIDENOU

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