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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL: L’heure du dégel


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Les amours entre Boni Yayi et la classe politique auraient-elles repris ? C’est la question que l’on se pose depuis le vote du budget 2009 par les députés. Cette loi des finances est en effet passée comme une lettre à la poste, déjouant tous les pronostics qui prévoyaient déjà une nouvelle guerre de tranchées entre mouvance et opposition. Ce dégel aussi surprenant que brutal intervient après la tempête provoquée par la conclave de Bohicon et les résolutions qui en sont issues ainsi que les réactions en chaîne de la mouvance présidentielle. On s’attendait à des échanges verts, surtout que les analyses offertes par les spécialistes invités par la cellule d’analyse  politique de l’Assemblée nationale, n’ont pas caché leurs impressions sur les erreurs contenues dans cette mouture de la loi des finances. Mais au finish, les erreurs  ont été corrigées grâce aux amendements.

En réalité, l’accalmie n’aurait jamais pu exister si le gouvernement n’avait pas fait des concessions notables en acceptant les amendements proposés par les députés. Le cas le plus palpable est celui de la domiciliation des fonds de l’escorte qui quittent désormais la BCEAO pour les caisses du Trésor Public. C’est une avancée pour l’opposition notamment le PRD qui en a fait son cheval de bataille. Il y a aussi les mesures incitatives prises en faveur du secteur privé. Ces mesures intervenues après des mois de négociation entre gouvernement et opérateurs économiques, ont fait l’unanimité dans le monde des affaires. Les principaux responsables du G13 dont on connaît l’ancrage dans ce milieu, ont sans doute apprécié. Il y a aussi le cas de la RB et notamment des dissensions au sein de la famille Soglo qui ont fait pencher la balance en faveur de l’apaisement. Il se raconte notamment que Rosine Soglo  voudrait renvoyer l’ascenseur au gouvernement pour les sollicitudes diverses dont elle a été l’objet sur son lit de malade. Mais Nicéphore Soglo n’en veut guère. Il veut en découdre et continuer à tirer à boulets rouges sur le pouvoir. C’est finalement la volonté de son épouse qui a triomphé à l’hémicycle, la faisant passer désormais pour une apôtre de paix, celle par qui le calme arriva. Certaines mauvaises langues voudraient faire croire que cette accalmie passagère a été négociée à coups de millions versés aux députés. Et chacun d’eux a démenti qui pour soutenir que ce budget est bon à 95%, qui pour admettre que le gouvernement a fait des efforts pour le secteur privé ou pour se féliciter de la clarification des objectifs du programme de micro-crédits aux plus pauvres.
Tout ceci cache bien des pièges. L’opposition, notamment le PRD, redoute qu’une entente véritable prépare le lit de son échec à fomenter une véritable fronde anti-Yayi jusqu’en 2011. De sorte que les diligences de l’ex-première dame sont vues comme une fragilisation du bloc des G et F. A ce train, les mêmes qui revendiquent aujourd’hui la qualité du budget, seront encore aux premières loges pour s’en prendre au gouvernement, parce que leurs intérêts du moment commanderaient qu’ils s’opposent. Parce que l’opposition volatile en place au Parlement a une logique de courte vue, toute projection à long terme est une erreur véritable. Elle a habitué la population à toutes les contorsions, passant d’un bord à l’autre sans cesser par ailleurs de se réclamer de la mouvance présidentielle. Ces fantaisies épidermiques n’étonnent plus personne. Ici, l’opposition la plus viscérale cache bien souvent des revendications personnelles. Pour ainsi dire, toute alliance comme d’ailleurs toute accalmie est un feu de paille.
Olivier Djidénou

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