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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL: Sô Ava, Dassa-Zoum耦


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Les invalidations de siège de conseillers se multiplient à une cadence inquiétante. Après Avrankou, Sèmè-Kpodji, Cotonou ou Abomey-Calavi, les maires actuels de Dassa Bernard Tossou et de Sô-Ava Edmond Atchessi ont vu leurs sièges invalidés par la Cour Suprême. Ces citoyens honnêtes sont ainsi humiliés par la catastrophique CENA de Todjinou dont les larges limites sont en train d’être mises au jour par les décisions répétées de la Cour. Nous voici devant un cas unique dans notre histoire politique, non pas du fait des invalidations seules mais de leur ampleur somme toute inégalée. Si chaque semaine accouche de son lot d’invalidations, il faut craindre que les mairies déjà fonctionnelles ne soient bientôt sujettes à des crises dues à la reconstitution de leurs équipes dirigeantes. Sô-Ava et Dassa-Zoumè ne seraient alors que de simples épiphénomènes. Avec cette instabilité, il faut aussi craindre l’activisme des personnalités ainsi déboutées qui vont déchaîner leurs militants pour se faire justice.
Nous entrerions alors dans une sphère d’incertitude nuisible à la paix dans nos communes.
Ce qui arrive est heureusement moins grave. Malgré les déclarations irresponsables de Nicéphore Soglo à propos de Calavi, et les risques réels d’affrontement qui existent à Avrankou, les décisions de la Cour sont acceptées dans une relative sérénité. Ce n’est pas pour plaire au leader de la RB qui, appréciant le verdict de la Cour Suprême ayant arraché quatre sièges à son parti au profit de la FCBE à Calavi, a estimé qu’il s’agit d’une déclaration de guerre du régime. A la limite, ces propos sont constitutifs du délité d’outrage à magistrat, en même temps qu’ils sont une grossière conception de la justice au Bénin. Si la plupart des Béninois devraient réfléchir comme cet homme, ancien président de la République de surcroît, il y a longtemps que la démocratie aurait basculé dans la violence la plus abjecte. En même temps, ce calme citoyen est le signe que beaucoup de nos compatriotes savaient l’immensité de l’incurie de la dernière CENA. De la sorte, on arrive presque à penser qu’un maire qui descend de son piédestal après tant de tractations, après tant d’argent dépensé, est une chose normale. Le contexte électoral biaisé est apparu dans tous les esprits comme le signe d’une régression de l’institution électorale, entraînant du coup la nécessité d’une réforme du système. L’élection elle-même perd de sa solennité.
Chaque siège changeant de conseiller et chaque voix que l’on annule, est un coup de pied donné à notre mécanisme électoral définitivement inadapté. Il est même artisanal à la limite. On avait craint la fraude et la main-mise du pouvoir, et nous avons un système lourd qui favorise la fraude et crée l’incertitude. Aujourd’hui, ce qui est condamné c’est moins la fraude que cette CENA trop politisée qui a transformé le jeu électoral en un match ridicule. Et il est temps de le repenser sans attendre les échéances de 2011. Si les citoyens acceptent de se plier aujourd’hui aux verdicts de la Cour à cause de l’enjeu relativement faible par rapport à d’autres consultations, il n’est pas évident qu’ils se taisent en 2011, à l’heure où les législatives et les présidentielles seront probablement couplées. Cette perspective mérite que l’on y pense davantage pour corriger les failles du système actuel. Parce qu’il ne sera pas acceptable d’invalider l’élection d’un Président de la République comme l’on fait aujourd’hui et à tour de bras pour les conseillers.
Olivier Djidénou

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