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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL: Le phénomène rasta


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Qui l’eût cru ? Depuis 27 ans, la mort de Bob Marley est un événement, un événement dont l’anniversaire est célébré à travers le monde par toutes les communautés négro-africaines. Il s’agit là d’un exemple unique, celui d’un homme, un musicien de surcroît, qui a laissé  dans le cÅ“ur des Noirs un message indélébile répercuté de génération en génération : le peuple noir doit lutter pour arracher sa liberté et retrouver son unité. L’appel angoissé et presque désespéré qu’il a lancé depuis les années 1970 résonne encore dans nos subconscients comme celui d’un homme intimement marqué par les souffrances de sa race et acquis à la cause de la nation nègre. Plus qu’un slogan  révolutionnaire, ce fut un retentissant cri de révolte qui est allé au-delà des frontières de sa Jamaïque natale, au-delà même de son Afrique originelle pour embraser le monde du feu de sa ferveur. Bob Marley est ainsi devenu une légende, plus grande à sa mort que de son vivant.

   Des millions de jeunes, d’adultes et de personnes du troisième ge arborent les insignes de leur foi en cet homme avec les fameux dreadlocks, la longue coiffure caractéristique des rasta, les tenues traditionnelles du terroir jamaïcain et les couleurs vert, jaune et rouge du drapeau éthiopien.  Ce sont les symboles d’un mouvement quasi messianique rêvant de sauver le peuple noir. La plupart de ses adeptes connaissent par cÅ“ur les chansons les plus engagées de leur idole et réfléchissent comme lui à la marche du monde aux prises avec les dégts de Babylone, de Satan. Le rastafarisme apparaît ainsi comme une sorte de manifestation spontanée qui unit les cÅ“urs et pousse à la réflexion voire à l’action. Et ce n’est pas le moindre de ses paradoxes. De Dakar à New York, de Kingston à Lagos en passant par Cotonou, Bob Marley a su unir des ges différents d’Africains et d’Antillais autour de  la question raciale en suscitant presque partout la saine révolte de ceux qui revendiquent à juste titre leur droit à la différence.

La chanson qui sert de véhicule à cette veine idéologique est portée par un rythme inusable depuis des générations. Contrairement au Bobaraba enfiévré ou au Soyoyo endiablé, le reggae est une musique d’engagement, l’une des rares avec le Rap et le Raga, à se faire cri, à se faire lutte, à se faire tension. Ce n’est pas pour rien que tous les épigones actuels et défunts de Bob sont des porteurs de messages forts à l’adresse de la communauté. De Lucky Dubé  on peut retenir la hargne pour l’unité et la liberté de son peuple, de Tiken Jah Fakoly la dénonciation sans concession des dictatures africaines et de Ménélik le cri ineffable des Africains de la diaspora pour l’égalité et la justice. Ce sont ces messages idéologiques qui rendent chaque jour plus actuel encore le combat du rastafarisme. Celui-ci trouve en toutes les formes d’oppression et d’injustice le terrain d’affirmation  d’un enthousiasme sans bornes pour les faibles. Le roi du rastafarisme est bien mort depuis le 11 mai 1981, mais l’aura qui a accompagné sa vie continuera pour longtemps encore à éclairer les Africains de tous les continents pour qui il représente un exemple de sursaut contre les forces du mal enchaînant leur marche vers le progrès.
Olivier Djidénou

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