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Le triomphe de la vérité

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Editorial : Bio Tchané arrive


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La marrée humaine qui a accueilli Abdoulaye Bio Tchané à Parakou et Djougou le week-end dernier a donné le ton de la campagne pro-ABT. Pour une première fois, le Président de la Banque Ouest-africaine de Développement (BOAD), s’est offert un mémorable bain de foule dans ces deux villes, en forme de test de popularité dans son fief. C’est une  démonstration de force qui intervient en pleine tourmente gouvernementale liée à l’affaire ICC-Service. Il choisit donc de descendre sur le terrain en bénéficiant d’abord de son aura et ensuite de la  mauvaise image ambiante du Chef de l’Etat qui se débat comme un beau diable dans l’affaire ICC. Les you-yous de la foule de ses partisans sont venus saluer un homme qui se présente de plus en plus comme un challenger sérieux pour Boni Yayi en 2011. Le Chef de l’Etat aura même tout tenté pour le dissuader de se lancer dans la course, en usant comme on sait de toutes les formes de pressions et de menaces possibles. Et pour cause.

            C’est que le Président de la BOAD a un profil bien différent de ceux d’Adrien Houngbédji et même de Boni Yayi. Il faut lire son récent ouvrage L’émergence de l’Afrique, publié en avril 2010 avec Paul Biya et Youssou N’Dour, pour découvrir que l’ancien Directeur Afrique du FMI n’est pas un homme politique comme les autres. Contrairement à Boni Yayi qui se noie à petits coups dans le vaste marigot des scandales, contrairement à Adrien Houngbédji qui se fait expert en polémique, ABT, comme on l’appelle, a choisi de ne parler que développement. Il a de qui tenir, puisque son père a été ministre des finances dans notre pays. A la tête de la BOAD depuis janvier 2008, il a su imprimer ses marques à l’institution qui a doublé son capital en passant de 700 milliards de FCFA à 1400 milliards aujourd’hui. Dans une interview accordée à la presse ivoirienne puis reprise la semaine dernière par la presse nationale, l’homme a décliné quelques aspects de ses actions en faveur du développement de nos pays. Ainsi, lors de la crise économique de 2008, la BOAD a incité les Etats de l’UEMOA à investir dans l’agriculture au lieu d’opérer des importations massives comme chez nous. Elle a même financé les États à hauteur de 100 milliards de F CFA  devant générer  un peu plus de 300 milliards de F CFA. Par le système du revolving, l’institution entend investir la plus-value ainsi réalisée dans des projets purement agricoles dans l’ensemble des huit pays de l’UEMOA.  Pour ce qui est du secteur privé, les thèmes du Président de la BOAD s’énoncent sur des propositions novatrices qu’il n’a de cesse de partager. Alléger la réglementation, diminuer les tracasseries douanières et policières et accroitre l’accès aux services financiers, telles sont ses idées. Mais il ne s’est pas arrêté aux simples propositions puisque son institution les met déjà en application. Elle  entend doubler d’ici 2013 la ligne de crédits octroyée aux petits entrepreneurs qui ne bénéficient pas aujourd’hui de l’appui des banques commerciales, parce que trop petites. Et dans son livre L’Emergence de l’Afrique, Bio Tchané s’est montré résolument afro-optimiste en s’appuyant sur les dernières tendances de l’économie africaine. Crédité d’une croissance d’environ 4,5% cette année, l’économie africaine est annoncée comme l’attraction des prochaines années. Si les investisseurs ont commencé à affluer de partout pour se ruer vers ce nouveau pôle de développement, il apparaît clairement que ce sont les pays offrant une bonne visibilité internationale qui pourraient disposer de chances sérieuses pour rentabiliser leurs opportunités de développement.

En situant le débat de 2011 sur le terrain économique, le Président de la BOAD vient replacer la politique sur le terrain qui devrait être le sien dans un pays pauvre comme le nôtre, celui du développement économique. Son entrée en campagne (ou en précampagne) est comme le signal d’une voix autre, celle de l’alternative crédible, comme il aime à se présenter lui-même. Reste à savoir si ses challengers pourraient saisir la balle au bond pour proposer aux Béninois autre chose que l’affligeant spectacle des injures et de la polémique inutile.

 Olivier ALLOCHEME

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