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Dette intérieure:L’agence Fitch avertit le Bénin


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La ministre de l’Economie et des finances, Mathys Adidjatou

Le Bénin fait partie des trois pays africains mis à l’index par l’agence américaine de notation Fitch. En plus du Bénin, le Cameroun et le Gabon ont été accusés par l’agence d’accumuler trop de dette intérieure. A travers un communiqué en date du lundi 24 octobre dernier, l’agence de notation les a mis en garde sur les risques de dégradation de la note de leur dette souveraine à cause de l’accumulation de créances impayées dues à leurs contreparties nationales (PME, fonctionnaires, assurés sociaux…).

Fitch précise que cette accumulation d’arriérés « ne constitue pas un défaut » de paiement, mais « reflète souvent des difficultés pour réaliser les paiements ou des querelles contractuelles plutôt qu’une incapacité ou une volonté du pays de ne pas payer » mais « peut aussi indiquer des problèmes financiers, et les arriérés sont parfois consolidés formellement dans des obligations de dette, auquel cas ils exercent une pression sur la note. »

La note du Bénin est la note B tandis que celle du Cameroun est B-, le Gabon étant BB-. Fitch a alors invité les pays concernés à traiter de manière égalitaire les créanciers internationaux et les créanciers nationaux en raison des risques de fragilisation de l’activité domestique des fournisseurs locaux et de l’impact sur la consommation globale (retard de paiement des fonctionnaires). De plus, l’augmentation des retards de paiement de l’Etat a de graves conséquences sur la confiance des entreprises privées vis-à-vis de l’Etat et des banques vis-à-vis des entreprises.

L’agence estime que ces arriérés sont avant tout le signe d’une mauvaise gestion des finances publiques. Dans la zone franc, cela « peut aussi refléter une instabilité politique », comme le conflit en Côte d’Ivoire début 2011, ou être la conséquence de dépenses de période pré-électorale. Certains pays, tel le Cameroun, privilégient le paiement de leurs créanciers internationaux (dette libellée en devises) au détriment de leurs créanciers nationaux (dette libellée en monnaie locale), rappelle Fitch.

Ces arriérés « peuvent affecter la notation par leur impact sur la croissance de l’économie locale », explique Fitch. « Les retards de paiement du gouvernement au secteur privé peuvent affaiblir la confiance et l’activité, particulièrement là où les gouvernements jouent un rôle majeur dans l’économie. Un secteur privé faible peut affecter les équilibres des banques et leur capacité à prêter », prévient l’agence.

 Les entreprises béninoises dans la tourmente

Interrogé par nos soins en avril dernier, Maître Zakari Djibril Sambaou, avocat à la cour, avait alors estimé que les raisons qui expliquent ces impayés qui s’accumulent sont à rechercher du côté des entreprises elles-mêmes. : « Les entrepreneurs ne prennent pas le soin de se faire accompagner par des avocats-conseils lors de la signature des contrats. Au moment de faire respecter leurs droits, ils se trouvent bloqués parce que les procédures n’ont pas été respectées dès le départ », a-t-il dit.

Un expert en acquisition de biens confie que dans la réalité, les entreprises n’ont pas souvent le choix. Elles sont obligées de signer des contrats stéréotypés qui ne peuvent souffrir aucune modification. Dans un rapport datant de septembre 2010, le cabinet Benin Consulting Group (BeCG) indique que « la quasi-totalité des marchés sont exécutés au-delà des délais initialement prévus dans le contrat de marché.

Le retard accusé dans l’exécution des marchés va du double au triple des délais prévus ». La dette intérieure du Bénin a été évaluée à environ 73 milliards de FCFA fin 2010. Selon Fitch, le taux d’impayés aux contreparties nationales de quatre pays de la zone CEMAC s’est élevé à 3,6% du PIB en moyenne contre 1,8% pour la zone UEMOA.

Le Bénin apparaît ainsi comme le contre-modèle de la zone UEMOA. Le problème est si crucial qu’un Comité national de lutte pour la Survie des entreprises a vu le jour l’année dernière pour exiger de l’Etat le paiement à bonne date de ses créances intérieures. Fitch Ratings qui a rendu public le communiqué ce lundi est l’une des trois grandes agences de notation qui étudient régulièrement la santé de la dette souveraine des Etats et des grandes institutions bancaires.

Olivier ALLOCHEME

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