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Le triomphe de la vérité

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Lettre ouverte au chef de l’Etat: Ismaël Kaffo appelle Talon à ne pas lâcher son projet de révision


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LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Monsieur le Président de la République,

Je viens très respectueusement, en tant que citoyen de notre pays, débarrassé de mon boubou de partisan et en toute liberté, vous donner mon sentiment sur le cataclysme politique que notre pays a vécu à l’Assemblée nationale le 4 avril 2017 à travers le vote qui a abouti au rejet de la prise en considération du projet de loi portant modification de la Constitution du 11 décembre 1990.

Sur cet événement majeur de notre vie politique, votre réaction était très attendue et vous l’aviez livrée au travers l’émission À bâtons rompus le samedi 8 avril 2017. Vous aviez fait preuve de pédagogie pour expliquer les articles qui ont suscité des questionnements. Vous aviez estimé ne pas pouvoir le faire avant, car vous craigniez que cela participe d’un parasitage du dialogue que vous aviez engagé avec les députés. Je suis heureux que vous ayez compris que le rejet ne procède pas d’un déni de l’opportunité du projet, mais plutôt d’une démarche purement politicienne ; je suis même tenté de dire qu’il s’agit d’un coup politique contre la Nation, étant donné que la Commission technique ayant étudié le texte a recommandé, à l’écrasante majorité, sa prise en considération.

Permettez que je vous dise que sur les vingt-deux suffrages exprimés en faveur du rejet de la prise en considération du projet, on peut dénombrer, entre autres mobiles :

  • la rumination d’une rancœur contre le Bénin depuis longtemps ;
  • la nostalgie de votre prédécesseur ;
  • la vengeance pour cause d’indigestion de la gestion d’un dossier précis ;
  • l’intoxication
  • le rejet du mandat unique

Tout cela est humain, et il est tout aussi humain que vous exprimiez votre tristesse. Croyez-moi, Monsieur le Président de la République, je me suis rendu compte, à travers diverses émissions radiodiffusées, que nous sommes très nombreux à être tristes, voire courroucés. Nous sommes,cependant, un certain nombre à jurer que votre nature de compétiteur-né ne vous fera pas jeter le manche après la cognée.

Monsieur le Président de la République, permettez que je vous dise alors que vous le savez très bien que modifier la Constitution du 11 décembre maintenant n’est pas une option, mais un impératif. Usez, je vous en supplie, de la prérogative que cette constitution vous permet de revenir devant les députés dans un délai de trois mois, et vous aurez ainsi prouvé que votre engagement dans ce combat citoyen est inébranlable.

Qu’il vous plaise d’écouter, Monsieur le Président de la République, le cri de cœur du président de l’Assemblée nationale dans son discours d’ouverture de la première session de l’année 2017, lorsqu’il égrenait les nobles idéaux qui motivent la modification de la Constitution du 11décembre 1990. Je veux citer la suppression de la peine de mort, la réforme du système partisan qui doit favoriser le financement public des partis politiques, l’amélioration de la participation des femmes dans les instances de décision, l’opérationnalisation de la Haute cour de justice, la création de la Cour des comptes, l’allègement des pouvoirs du président de la République.

Qu’il vous plaise de dépouiller humblement votre projet des articles nouveaux à polémique en considérant que tout ce que vous voulez ne se fera pas d’un seul coup, mais que vous devezréaliserce qui vous est possible dans cette noble tâche de construction de la Nation, à cette étape, à charge pour vos successeurs de la poursuivre ensuite.Aucun esprit sensé ne vous déniera le droit de renoncer,pour vous-même, au mandat unique si vous ne parvenez pas à le constitutionnaliser maintenant, et pour cause ; vous avez prouvé votre bonne foi en la matière en prenant des mesures courageuses parmi lesquels les désignations des chefs-lieux des douze départements, le marquage des esprits sur le respect de l’ordre et la discipline dans nos villes et le coup de frein au commerce des faux médicaments.

À travers les soixante voix exprimées, le 4 avril 2017, en faveur de la prise en considérationde votre projet de modification de la Constitution du 11 décembre 1990 et le discours d’ouverture, le 10 avril 2017, de la première session parlementaire de l’année 2017, les députés vous ont dit être prêts à vous accompagner efficacement dans la réalisation de votre programme d’actions du gouvernement. Vous avez ainsi les moyens d’engranger, à moyen terme, des résultats sur le plan économique et social, talon d’Achille de tout gouvernement. Si ce qui a tout l’air d’un cataclysme politique doit être ainsi relativisé, il ne doit surtout pas émousser votre ardeur.

Vous devez donc prendre en compte le fait que votre projet de modification de la Constitution du 11 décembre 1990 n’est pas rejeté, mais il a été simplement bloqué par un coup politique. Pour être une épreuve, je vous le concède, c’en est une, mais vous devez vous remobiliser et revenir avec une version qui transcendera le coup.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de mes salutations déférentes.

                                               Ismaël Kaffo

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