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Le triomphe de la vérité

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An 1 du régime de la Rupture/Talon-Ajavon: Divorce précoce et guerre de l’ombre


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Le président Patrice Talon boucle ses 12 premiers mois de gestion du pouvoir, ce jeudi 06 avril 2017. Mais, sans l’accompagnement d’un grand allié de la présidentielle 2016 : Sébastien Ajavon. L’affaire de 18 kg de cocaïne et autres désaccords inavoués ont fini par distancier les deux hommes, pour une durée indéterminée.

Lorsque Sébastien Ajavon, alors candidat à la présidentielle 2016, arrivé troisième au premier tour, avec 23% des suffrages exprimés, avait décidé de porter ses voix sur Patrice Talon, 2ème sur la liste contre Lionel Zinsou qui était en tête, tous ses partisans ont applaudi. Les soutiens de Talon n’en étaient pas moins heureux et voyaient déjà la victoire de leur côté. L’ambiance était en tout cas, très conviviale entre ces deux puissants hommes d’affaires béninois qui ont pris d’assaut le terrain politique, alors qu’on les y attendait moins. Puis Talon gagna le second tour de la présidentielle 2016, avec un score fabuleux de 65% à la grande joie de tous les autres candidats malheureux qui l’ont rejoint dans la coalition de la rupture créée pour le soutenir jusqu’au bout. Dans le lot, Sébastien Ajavon était le grand faiseur de roi, et s’attendait évidemment à en jouir des fruits dans la gestion du pouvoir. Légitime attente ? Sans doute. Mais la déception arrive plus tôt avec la formation du premier gouvernement où Sébastien Ajavon n’a pu se contenter que de trois postes ministériels à sa charge, dans les vingt portefeuilles en jeu. A savoir le ministère de la communication, celui de l’agriculture et celui de l’enseignement secondaire. Des informations avaient circulé à l’époque sur son mécontentement, mais n’avaient pas fait grand bruit, jusqu’à ce que l’affaire des 18kg de Cocaïne éclatât. Une marchandise illicite découverte dans l’un des containers du Groupe Cajaf Comon au port, société dont Ajavon assumait la fonction de Président Directeur Général. C’était courant novembre 2016, avec comme conséquence immédiate, la mise en examen de Sébastien Ajavon qui fera l’objet d’une garde à vue de 08 jours, avec trois de ses collaborateurs avant d’être libérés tous, au bénéfice du doute. Cotonou et tout le Bénin avaient été secoués par cette affaire qui a suscité des contestations et des menaces de tous genres contre le pouvoir Talon. Le pire était à craindre, si jamais, le roi de la volaille était déféré en prison.

« Complot »

Sept mois à peine, après son installation au pouvoir, le déterminant allié de Talon dans sa victoire à la présidentielle 2017, vient de connaître ainsi une « grosse humiliation ». Pour Sébastien Ajavon, il n’y a pas autre chose à dire, c’est « un complot » savamment ourdi contre lui par le régime Talon, pour le déstabiliser. « L’image du pays a failli être déchirée dans cette affaire. Néanmoins, Dieu est au contrôle et aime le Bénin. Que l’apaisement revienne dans le pays. Nous n’allons pas refuser de discuter. Nous devons trouver des solutions », affirme-t-il cependant, sur un ton apaisant. Si ces événements l’ont assuré de sa popularité, ils ont aussi confirmé ses craintes. Le milliardaire béninois estime que le chef de l’État l’a trahi. « C’est un coup qui a été monté pour ternir mon image. La drogue ne fait pas de riches au Bénin. Les Béninois n’ont même pas les moyens d’en consommer, encore moins de la cocaïne. La drogue, c’est pour les petits dealers. Moi, je suis dans le secteur de l’agroalimentaire et des produits congelés. Ces deux choses ne vont pas de paire. Tous ceux qui font le vingtième du volume du groupe Cajaf-Comon sont milliardaires. Ont-ils fait eux aussi de la drogue ? Le Bénin n’est pas une plaque tournante du trafic de drogue. On ne peut pas ternir l’image de notre pays juste parce qu’on veut ternir l’image de Sébastien Ajavon qui devient gênant en politique », dénoncera –t-il dans une interview accordée au journal Le Monde Afrique. Il avouera aussi ceci : « On m’avait dit qu’en politique, on pouvait faire des coups tordus, mais j’ignorais que cela pouvait aller si loin. Cela fait sept mois à peine que le nouveau chef de l’Etat a pris ses fonctions et c’est avec notre concours qu’il est arrivé aux affaires. Peut-être que je deviens trop gênant. Donc il faut m’éliminer tout de suite pour que je ne sois plus important dans l’arène politique. Au temps du président Thomas Boni Yayi, il y avait déjà des menaces. Mais ils n’ont jamais osé violer des conteneurs pour y mettre des stupéfiants. ». Il ne s’y attendait pas. Mais c’est arrivé. Qui l’eut cru ? Certains béninois continuent de se poser la même question.

De vaines tentatives de médiation

 Il y a certains hommes politiques et des personnalités qui refusent de croire qu’entre Ajavon et Talon, ç’ était fini. Le député Rachidi Gbadamassi en a fait son cheval de bataille, sans succès. Dans une série de points de presse qu’il a tenus au fort de l’affaire de drogue, il n’a pas varié dans ses soupçons : «Je persiste et je signe qu’il y a des mains invisibles qui tentent de diviser deux grands amis, qui de plus, ont les deux plus grosses fortunes du pays. Je me battrai de toutes mes forces pour les réconcilier ». Il n’y a rien pu. Le président Nicéphore Soglo aussi s’est mis dans la danse, mais a dû se raviser, chemin faisant, que la tâche était ardue, chaque protagoniste étant resté campé sur sa position. A l’occasion d’une déclaration qu’il fera dans le temps à Parakou, Patrice Talon a plutôt versé de l’huile sur le feu, en dénonçant des pressions qu’il a reçues partout dans cette affaire. « Nous faisons tous des bêtises d’une manière ou d’une autre. Parfois, çà passe inaperçu, parfois ça se voit. Quand ça passe inaperçu, il n’y a que Dieu pour le sanctionner. Mais quand ça se voit dans la cité, la communauté globalement doit sanctionner. C’est le seul moyen de préserver la paix, l’unité, l’équité et le progrès social. Si publiquement, les péchés deviennent des actions de gloire, je pèse mes mots, si chaque fois que quelqu’un doit faire un péché et ne sera pas capable d’apprécier que c’est un péché et que c’est au contraire une action de gloire, c’est dangereux pour le pays », a révélé le Chef de l’Etat. Il n’a fait allusion à personne. Mais c’était clair qu’il parlait de Sébastien Ajavon. La colère monta davantage dans le camp de ce dernier, et même s’il ne répliquera plus, il prend largement distance vis-à-vis de Talon.

Combat discret et distant

 Sébastien Ajavon n’a pas fini avec la politique. Sans doute aussi avec Talon. Son entourage le jure. Les deux hommes n’affichent plus aujourd’hui publiquement leur rancœur, mais ne doivent pas ne pas s’épier sur la moindre tentacule politique. Des informations ne manquent pas de ramener régulièrement la perspective d’un grand mouvement politique dont Sébastien Ajavon serait porteur pour contrer le régime de la Rupture dans ses futures velléités électoralistes. S’il est vrai que Talon s’est engagé à ne faire qu’un seul mandat, ses soutiens et ses partisans actuels ne laisseront pas non plus échapper si facilement un pouvoir qu’ils ont conquis à rude épreuve en 2016. Sébastien Ajavon, que déjà plusieurs soutiens politiques, attendent au carrefour de la présidentielle 2021, aussi, engagera sa revanche. Mais pour le moment, il vaque activement à ses affaires, selon une source proche à lui, et multiplie plusieurs voyages à l’étranger depuis quelques semaines.

Christian TCHANOU

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