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Le triomphe de la vérité

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Interview de Mme Juliette Biao koudenoukpo,Ministre de l’Environnement : «La dimension environnementale est une priorité du gouvernement de Boni Yayi»


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Mme Juliette Biao koudenoukpo,Ministre de l'Environnement Après Boni Yayi, Juliette Biao KOUDENOPUKPO semble être l’un des ministres de Chef de l’Etat à comprendre que la gestion d’une entitée du pays passe par une présence permanente et constante sur le terrain lorsqu’on veut avoir des résultats concrets. En un temps record, elle a, grce au soutien ferme du Président de la République, Dr Boni Yayi, réussi à toucher les consciences béninoises avec la reprise effective des journées de salubrité, à entamer une éducation environnementale qui permettra à terme de ressusciter le civisme dont notre pays a besoin pour se mettre sur le chemin de l’émergence. Au détour d’une tournée, le ministre de l’environnement qui a accepté spontanément de répondre aux préoccupations des journalistes explique dans cet entretien le bien-fondé de ses nombreuses descentes sur le terrain et situe l’opinion publique sur les axes du programme d’action du gouvernement en matière environnementale. Elle évoque d’ailleurs la volonté manifeste du gouvernement d’intégrer la dimension environnementale dans toutes les initiatives de développement

L’événement Précis : Madame le Ministre, comment se porte aujourd’hui votre département ?

Juliette BIAO KOUDENOUKPO : Merci monsieur le journaliste. Le Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature n’est pas dans un état alarmant même s’il y a encore beaucoup à faire pour qu’il se porte à merveille. Je serai plus à l’aise si, à ce stade, vous me posez plutôt la question de savoir comment se portera mon ministère. La raison en est qu’il est trop tôt pour apprécier de façon objective l’impact de nos interventions au niveau du département. Nous sommes en effet à un stade de diagnostic, une étape d’état des lieux et d’identification des défis majeurs auxquels nous devons faire face. Cependant nous pouvons oser espérer que tout ira pour le mieux en comptant sur une méthode de travail susceptible de créer de la plus value dans la gestion du ministère. On vous a vu effectuer des tournées dans les structures placées sous votre tutelle.

Que peut on retenir de ces tournées et qu’est-ce qui en résulte comme bénéfice ?

Les tournées effectuées dès ma prise de service dans les structures sous tutelle s’inscrivent dans le cadre d’un état des lieux et d’une prise de contact avec les collaborateurs. Lorsque vous avez à gérer un département, il faut le découvrir, le connaître pour espérer le maîtriser. Par ailleurs le renforcement d’un travail d’équipe passe en tout premier lieu par la connaissance aussi bien des ressources humaines que par la connaissances des règles du jeu, ce qui s’appelle « learning stage » dans un processus de « team building ». Quand je parle des règles du jeu, je veux également insister sur le concept de bonne gouvernance si cher au Président de la République et qui doit servir de toile de fond dans notre gestion quotidienne.

A quoi ont servi ces tournées et qu’est-ce qui en résulte comme bénéfice ?

Le bénéfice qui résulte de ces tournées, c’est surtout le point des évolutions faites au triple plan technique, social et statutaire. Ce point devra servir de point de départ et devra permettre d’éviter le double emploi et de « tisser la nouvelle corde au bout de l’ancienne » si tant est que l’ancienne corde reste solide.

 Si l’on doit évaluer ce qui est fait en fonction de la mission à vous assignée par le chef de l’Etat, dans quelle fourchette vous vous retrouverez dans l’exécution des tches ?

Cela pourrait vous paraître bizarre, mais croyez-moi, je suis à l’étape « zéro » par rapport aux tches. Non, je n’aime pas me voiler la face. Les défis à relever sont énormes, il faut pouvoir bien les identifier pour espérer y apporter des solutions idoines. Le plus gros défis est d’abord de faire prendre conscience de la nécessité aujourd’hui d’accorder l’importance qu’il faut à la dimension environnementale. Ce défi est d’autant plus difficile à relever que les populations africaines en général attendent d’ « être au pied du mur » avant de réagir. Malheureusement, il est possible qu’à ce stade les dégts soient irréversibles et là c’est non seulement la génération présente qui en souffre, mais c’est également la génération future.

Qu’est-ce qui est prévu dans le programme d’action du gouvernement pour juguler l’avancer du désert quand on sait que certaines villes de notre pays sont en proie à ce phénomène naturel ?

Il faut d’abord évoquer la volonté manifeste du gouvernement d’intégrer la dimension environnementale dans toutes les initiatives de développement. Le gouvernement est plus que jamais convaincu que la création de la richesse ne peut se faire de façon durable sans une prise en compte des questions environnementales. A ce titre, dans le tout premier axe prioritaire il est prévu de promouvoir la croissance économique à travers, entre autres, le renforcement du pôle sur la diversification agricole qui intègre bien entendu une gestion intégrée de l’environnement et des ressources naturelles. Il faut ajouter à cela tous les engagements auxquels notre pays a souscrits au plan international à travers les traités et conventions relatifs à la gestion de l’environnement. La mise en Å“uvre de ces conventions permettra dans une large mesure de juguler l’avancée du désert.

Qu’en est-il de la gestion des aires protégées ?

Les aires protégées du Bénin sont localisées au Nord et au Nord-ouest du pays, aux frontières avec le Burkina faso et le Niger. Elles font partie d’un ensemble de réserve de faune que partagent le Bénin, le Burkina Faso et le Niger. La superficie de tout cet ensemble est d’environ 1 250 000 ha comprenant la Zone Cynégétique de Pendjari (180 000 ha), la Zone Cynégétique de l’Atacora (125 640 ha) et le Parc National de la Pendjari (266 040 ha). La grande faune qui compte plus de 20 espèces est incontestablement le principal attrait touristique et la raison fondamentale de protection des Aires Protégées du Bénin. Ce sont essentiellement les buffles, les Eléphants, les Bubales, les Damalisques, les Cobes de Buffon, les Guépars, les lions, les Hyènes, les Phacochères etc. L’avifaune dans les Aires Protégées est aussi diverse que variée. On y compte près de 280 espèces d’oiseaux. Il s’agit entre autres des Grues couronnées, des Hérons, des Aigrettes, des Jabirus, des Marabouts, des Calaos, des Sertpentaines, des Rolliers etc€¦.. Les communautés riveraines de ces Aires Protégées font plus de 500 000 habitants. Les deux parcs nationaux ne sont pas au même niveau de développement et de valorisation de leurs ressources. Si, en effet le Parc Pendjari a bénéficié de beaucoup d’aménagements à travers plusieurs appui sur le FED et procure des retombées substantielles aux populations riveraines, ce n’est pas le cas avec le parc du W du fleuve Niger. Ce dernier est limité par un certain nombre de contraintes qui se traduisent par : · Le cadre institutionnel chargé de la gestion des Aires Protégées est naissant, il manque d’expérience et de moyens (matériels et techniques). · La législation actuelle en matière de conservation et de protection ainsi qu’en matière d’exploitation / utilisation des ressources naturelles est inappropriée. Toutefois, de nouveaux textes sont déjà élaborés et sont en étude au Parlement. · La gestion de la ressource faune et du Parc est marquée par un flagrant manque d’efficacité dû au manque de formation des agents, au manque de motivation et au manque d’organisation. Les moyens matériels et d’équipements sont aussi insuffisants · Le braconnage dépasse actuellement de loin les capacités de régénération des populations de la grande faune.. · Les populations ne bénéficient pratiquement pas des retombées économiques de l’exploitation du Parc et des zones cynégétiques. Leurs rapports avec les forestiers sont · empreints de méfiance, voire d’hostilité.. · La transhumance transfrontalière conduit chaque année plusieurs milliers de têtes de bétail à l’intérieur du Parc · Le besoin croissant en terres disponibles pour la production agricole et surtout du coton amène les populations de la région à cultiver dans le Parc · La dégradation du couvert végétal, sans être irréversible, atteint un niveau alarmant. · La multiplicité et la diversité des ethnies compliquent singulièrement l’application des mesures participatives qui risquent, sans précautions particulières, de provoquer des conflits ethniques. · L’implication de plusieurs bailleurs de fonds implique une coordination parfaite, non seulement avec les autorités béninoises mais aussi entre les bailleurs de fonds. · Le Bénin ne dispose que d’un nombre limité de personnes-ressources capables de gérer efficacement des Aires Protégées. Il faut toutefois signaler que des améliorations considérables ont été induites à travers le projet régional ECOPAS dans sa composante « Bénin ». Certains atouts favorisent un meilleur développement et une meilleure valorisation de ce parc, il s’agit entre autres : · Des potentialités institutionnelles favorables au développement d’activités de conservation du Parc existent. Ce sont : · L’autonomie de l’institution CENAGREF ; · La composition multisectorielle du Conseil d’administration du CENAGREF, comprenant entre autres des représentants des privés, des AVIGREF ; · La volonté politique de l’Etat béninois pour la conservation et la participation des populations riveraines ; · L’engagement de plusieurs bailleurs pour un long terme

Quel est l’Etat du patrimoine forestier béninois ?

 Au Bénin le secteur forestier joue un rôle essentiel dans la survie de nombreuse communauté et dans le développement économique de nombreux pays. Les forêts et les zones boisées sont également des composants clés de l’environnement et fournissent des services essentiels et primordiaux pour lutter contre la dégradation des terres et les changements climatiques, ainsi que pour conserver les zones humides, les zones côtières et les systèmes d’eau douce Les Forêts et les zones boisées fournissent une large gamme de biens et de services qui créent des opportunités pour le développement et l’amélioration du bien être de l’homme. Certains biens comme le bois de chauffe et bois de construction sont assez évidents alors que d’autre comme les sources d’eau le sont moins de chauffe et bois de construction sont assez évidents alors que d’autre comme les sources d’eau le sont moins Les fonctions environnementales des forêts et zones boisées incluent la protection des bassins versants, la purification de l’eau et la régulation des débits des rivières, qui à leur tour assurent l’approvisionnement en eau pour la production d’énergie hydraulique, les forêts et les zones boisées permettent d’éviter l’érosion des sols et sont ainsi capitales pour l’agriculture et la production alimentaire. Elles fournissent d’autres services comme la provision d’ombre, d’habitat, de pturage et ont des valeurs culturelles (forêts sacrées, arbres et plantes de paix) et esthétiques. A cela s’ajoute le rôle de séquestration de carbone

Aujourd’hui, quels sont les problèmes réels de votre département ministériel ?

Les problèmes réels qui se posent au Ministère sont surtout d’ordre institutionnel, et matériel. Au plan institutionnel, le cadre législatif de gestion des ressources naturelles, en l’état actuel ne cadre pas bien avec la politique actuelle de l’Etat, notamment en ce qui concerne la décentralisation et la nécessité de renforcer la gouvernance locale dans la gestion des ressources naturelles. La nécessité d’une évolution du cadre institutionnelle est indispensable. En ce qui concerne la gestion de la dimension environnementale, la gestion des déchets solides qui constitue aujourd’hui un casse-tête, relève normalement des collectivités locales. Malheureusement, celles-ci ont du mal à y apporter des mesures correctives appropriées. Aussi la synergie qui doit contribuer à améliorer la situation ne semble pas encore fonctionnelle entre les mairies et les services techniques du Ministère de l’environnement. Par ailleurs, les conditions nécessaires, qu’elles soient d’ordre statutaire ou d’ordre matériel, ne favorisent pas bon fonctionnement de la police environnementale pourtant incontournable pour assurer un environnement sain à travers le respect des normes environnementales. C’est d’autant plus indispensable que le degré d’incivisme s’accentue. Toujours au plan institutionnel, il faut noter que les problèmes environnementaux ne sont jamais strictement linéaires, ils font partie d’une toile complexe ; L’amélioration de la gestion de l’environnement, ainsi que du développement humain dépasse bien souvent un secteur donné, et demande à la gouvernance, aux réponses politiques , et à la gestion de l’environnement de trouver de nouveaux niveaux de coopération et de collaboration. A titre d’illustration, la déforestation n’est pas seulement question d’arbres  mais c’est aussi question de modification de paysage, des écosystèmes et de transformation de l’environnement socio-économique proche de la forêt. Elle a des implications sur : – la biodiversité et la gestion du captage des eaux, – augmentation des écoulements et l’accélération de l’érosion des sols et l’alluvionnement des rivières – la modification de la fertilité des sols – les changements sociaux et inter reliés dans la société notamment la pénurie de choix de source de revenu, la survenue d’un environnement économique qui ne soutient pas les activités à valeur ajoutée – la réduction de la productivité agricole et du bétail – l’augmentation des problèmes de santé puisque l’accès au plantes médicinales, à la viande et aux frits sauvages aurait disparu. Ces nouveaux niveaux de coopération ont encore du mal à être fonctionnels.

Si on vous demandait de conclure cet entretien que diriez-vous ?

 Je tiens à lancer deux appels. Le premier appel que j’ai à lancer à l’endroit de mes compatriotes est de faire leur devoir citoyen en contribuant quotidiennement à assurer un environnement sain à travers le respect de l’environnement. Je tiens également à rappeler à tous les citoyens béninois que l’une des grandes conclusions auxquels sont parvenus les participants à la conférence tenue lors du sommet des Chefs d’Etats et de Gouvernement à Maastricht (Pays-Bas) en 1990 sur le Développement de l’Afrique, conférence à laquelle le Bénin a pris une part très active, est que les forêts participent à 90% aux moyens d’existence des populations vivant dans un état d’extrême pauvreté dans les pays en développement. Ceci voudrais dire que sans une volonté manifeste des citoyens de contribuer à la mise en Å“uvre de stratégies clairement définies, il n’y a pas d’avenir pour l’environnement et donc pas d’avenir pour l’Homme. Chacun de nous doit jouer sa partition à quelque niveau que ce soit.

Propos recueillis par Gérard AGOGNON

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