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Le triomphe de la vérité

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Edito: « Après nous, c’est nous », c’est fini !


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Yayi Boni a des raisons de  s’inquiéter. Ce qui s’est passé mercredi à Cotonou et ce qui se passe à Ouagadougou depuis mardi et surtout depuis hier, aura des répercussions indéniables sur lui et ses partisans. « Après nous, c’est nous », c’est fini.
C’est fini parce que même les partisans de Yayi  qui n’ont généralement pas d’oreilles pour entendre les cris du peuple, ont vu au moins le déferlement populaire mercredi. Les milliers de manifestants qui ont battu le macadam ont chanté et dansé pacifiquement. Seulement, tout pouvait basculer si les forces de l’ordre tentaient d’empêcher la marche comme le 27 décembre dernier. Une petite étincelle pouvait déclencher l’émeute. Parmi ceux qui étaient arrivés, bon nombre étaient prêts à en découdre, y compris au prix de leur vie. Le professionnalisme des agents de sécurité aura permis d’encadrer le mouvement et offert le bel exemple républicain que nous attendions depuis longtemps.
Ce fut un message des plus clairs aux thuriféraires éhontés du régime finissant dont la morgue de ces dernières semaines  a été matérialisée sous un slogan abject d’inintelligence et de goujaterie : « Après nous, c’est nous ». C’est-à-dire, même si Yayi finit son mandat, nous nous arrangerons pour qu’il installe et contrôle encore les leviers du prochain pouvoir. Après Yayi, ce sera Yayi. Je me suis toujours demandé si ceux qui professent ces inepties se rendent compte de la provocation.
Les manifestations d’hier à Ouagadougou leur montrent, s’il en était encore besoin, que les « après nous, c’est nous » seront les premières cibles du déchaînement populaire. A Ouagadougou comme à Bobo-Dioulasso, les foules en furie ont saccagé et pillé les résidences et les biens des hommes et des femmes du pouvoir. Le feu qui a dévoré le siège de l’Assemblée nationale a fait fuir les députés dont beaucoup ont vu leurs véhicules brûlés. Les hôpitaux sont débordés et les morts commencent à s’accumuler. Un pays en état de choc, mais une population poussée à bout par la flagornerie sans nombre des pontes du pouvoir.  Voilà les débordements auxquels conduit  l’aveuglement de ceux qui se vautrent dans le miel du pouvoir, oubliant la torture morale et psychologique qu’ils infligent à la majorité bouillonnante et silencieuse. « Tant qu’un peuple est contraint d’obéir et qu’il obéit, il fait bien ; sitôt qu’il peut secouer le joug et qu’il le secoue, il fait encore mieux », disait Rousseau. Car le réveil cumulé de toutes les frustrations crée l’explosion nucléaire incontrôlée dont les révolutions sont les signes les plus palpitants. Après le printemps arabe et ses ravages, voici le printemps noir qui déferle sur Ouaga et guette âprement Cotonou.
Car la frayeur qui saisit le locataire du palais de Kosyam ne s’est pas arrêtée à Ouagadougou. Elle circule actuellement dans tous les fauteuils  présidentiels transformés en trônes impériaux où siègent des dictateurs d’opérette. Pas seulement eux, mais aussi leurs hommes et femmes qui n’ont de cesse que d’étaler l’arrogance de leurs postures dominatrices.
« Après nous, c’est nous », le cri de ralliement de la meute inconsciente, sera bientôt rangé au musée des inventions éphémères. A Ouaga, tous les pontes du pouvoir sont effrayés. Une bonne partie d’entre eux a été touchée par les pillages et saccages généralisés. A Cotonou, tout le monde s’interroge. Les résidences incendiées, les voitures mises à sac puis brûlées, les commerces vandalisés, tout cela a en effet une résonnance particulière chez nous. L’on  voit aujourd’hui l’extrême veulerie du slogan   fétiche des yayistes. Le mot d’ordre vole   en éclats en effet.  Pousser ce slogan peut attirer des malheurs au jour J.
Ce qui devrait réveiller les yayistes provocateurs, c’est non seulement la concomitance des deux événements de Ouagadougou et de Cotonou, mais surtout la similitude des révoltes. D’une capitale à l’autre, les régimes font face à la révolte des fous, celle de ceux qui sont ulcérés jusqu’à la bave et ne veulent reculer devant aucune menace. L’amoncellement des frustrations enregistré çà et là devrait ainsi empêcher les pontes du yayisme de brandir désormais leur slogan provocateur.
Mais il n’est pas exclu que se poursuive l’implacable rouleau compresseur, que les aveugles et les sourds continuent à singer l’autisme et que la provocation ne s’arrête qu’après 2016. Ils n’échapperont pas à la vindicte au jour de colère.

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