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Le triomphe de la vérité

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Edito: L’UEMOA, 20 ans après


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Vingt ans déjà qu’est née à Dakar l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Malgré des difficultés plus ou moins tenaces, l’institution est demeurée l’une des plus dynamiques au plan régional et sous-régional, avec des projets concrets ayant impacté la vie des populations. Mais la  célébration de cet anniversaire, ce 20 octobre 2014 à Ouagadougou, a permis de toucher du doigt l’un des maux qui minent l’espace communautaire : la faiblesse des échanges intra-africains. Autrement dit, les pays de l’espace UEMOA n’ont que des échanges  commerciaux limités entre eux.
Aujourd’hui, moins  de 15% des échanges commerciaux extérieurs des pays membres se font avec leurs voisins. Contrairement à ce qu’on peut souhaiter, la plupart d’entre  nous préférons  les chaussures, les ustensiles de cuisine, les fauteuils ou les matériaux de construction importés de France, de Chine   ou des Etats-Unis. Mais des disparités existent. Par exemple,  le Bénin fait partie des rares pays à réaliser  40 %  de ses exportations vers d’autres pays africains. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, les produits que nous vendons aux autres comprennent très peu de produits agricoles. Ainsi, le Bénin ne vend pas vraiment son coton aux pays africains, mais figure parmi les rares avec le Cap Vert à vendre du riz à l’extérieur.
Bien sûr, cet état de chose creuse les déficits commerciaux et appauvrit davantage nos économies. Un rapport rendu public par la BCEAO en 2013 montre que le déficit commercial de l’UEMOA en 2012 s’établit à près de 2000  milliards de FCFA (1.931,0 milliards)  contre 1.695,8 milliards FCFA en 2010. Ce qui veut dire que le déficit s’accroit d’année en année, principalement face aux pays de l’Union européenne et de l’Asie qui nous vendent presque tout.
Néanmoins, cet élément cache les évolutions intervenues ces dernières années. Depuis 2008, on assiste à l’augmentation, en valeur, des exportations de l’UEMOA.  Les produits les plus concernés sont l’ananas (+215,3), le phosphate (+128,6%), les amandes de karité et autres oléagineux (+27,2%), les produits pétroliers (+18,6%), le coton (+17,4%), les produits chimiques (+13,1%), le bois et les ouvrages en bois (+12,9%),   l’uranium (+11,1%) et l’or (+9,4%).
Malgré la croissance rapide des échanges africains, ce continent reste un acteur marginal du commerce mondial, représentant seulement 2,8 % des exportations mondiales et 2,5 % des importations mondiales, selon un rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement rendu public l’année dernière.  Les parts de l’Afrique et de l’Afrique subsaharienne dans les exportations et les importations mondiales ont considérablement reculé entre 1970 et 2011. Cette tendance à la baisse a pu être observée dans presque toutes les régions d’Afrique et presque toutes les communautés économiques régionales africaines, selon le rapport.
Nous constatons que   les produits de consommation courante nous viennent pour l’écrasante majorité d’ailleurs. Consommateurs universels, les pays ouest-africains font face à diverses barrières tarifaires et souvent non-tarifaires lorsqu’il s’agit d’exporter leurs produits vers leurs voisins.
Tenez, si ce n’est pas le poids de l’informel qui permet de contourner les barrières officielles, le Bénin a du mal à vendre de l’huile de palme ou d’autres produits industriels au Nigeria qui représente tout de même au moins 20% de son commerce extérieur. Bien entendu, les traités et accords de la CEDEAO ou de l’UEMOA existent pour favoriser ce commerce, mais tout le monde connait les méthodes employées derrière le rideau par les Etats pour contourner leurs engagements communautaires. Par exemple, il a fallu attendre ces dernières semaines pour que le Bénin lève certains barrages routiers reconnus comme des freins à la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux dans l’espace CEDEAO, alors que les accords sur ce volet datent d’au moins une vingtaine d’années.  A ce facteur, il faut ajouter la qualité des infrastructures routières, portuaires et des prestations aéroportuaires. Pour transporter des titans de maïs de Glazoué à Lomé, il faut la croix et la bannière du fait de la dégradation des routes. Mais l’un des facteurs les plus importants qui freine le commerce intracommunautaire reste le suivisme.
Oui, tout le monde veut faire du coton, du maïs, de l’ananas ou du karité. Résultat, qui va vendre à qui ? Les efforts institutionnels engagés ces dernières années permettront peut-être de limiter les effets néfastes de ce suivisme commercial qui n’encourage guère les échanges. Disons-le enfin, nous avons tout intérêt à favoriser le commerce intra-africain, c’est-à-dire, l’intégration commerciale africaine qui ouvre nos économies à nous-mêmes.

Par Olivier ALLOCHEME

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