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Le triomphe de la vérité

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Déclaration de Laurent Mètognon, preuves à l’appui, suite à la polémique autour du coût des élections: La Fesyntra Finances conteste les montants de Yayi et sort les vrais chiffres


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Invité dimanche dernier dans  une émission de Radio Topka, Laurent Mètongnon, le secrétaire général de la Fesyntra-Finances, a fortement contesté les  montants des dépenses électorales antérieures, tels que présentés récemment par le chef de l’Etat, Boni Yayi, lors d’une déclaration qui fait toujours des vagues. Dans la présente interview, il apporte davantage de « preuves » sur les insuffisances de ces chiffres et exhibent ceux qu’il pense être les « vrais ». Il a aussi dévoilé les réels montants de plusieurs voyages effectués par le chef de l’Etat dans un passé récent.

L’Evénement Précis : On ne vous a pas trop entendu sur la déclaration du chef de l’Etat à Boko dans la commune de N’Dali où il confiait à la presse que le gouvernement n’a pas les moyens financiers pour organiser les élections communales et législatives, et que, mieux, les élections, de 2001 à 2011, ont coûté 100 milliards de francs Cfa. En votre qualité de secrétaire général de la Fesyntra-Finances, vous avez souvent parlé avec des chiffres. Dites-nous votre lecture de cette révélation.

SG Fesyntra-Finances/Laurent Mètongnon : Avant de vous donner mes premières impressions, je dois vous dire que sur cette déclaration de N’Dali, la Fesyntra-Finances s’est prononcée à travers certains organes. Maintenant, je dirai que nous sommes à une période très sensible où le chef de l’Etat  qui est soupçonné de briguer un 3ème mandat, embrouille, alors, qu’il a eu à déclarer devant des personnalités, des sommités comme Obama, Hollande, le Pape, qu’il ira du pouvoir  en 2016. Mais lorsqu’on voit les actes qu’il pose et ce qu’il dit, on se demande si effectivement il s’en ira. Du coup, lorsqu’il dit que les élections coûtent trop cher pour le Bénin et qu’elles ont coûté 100 milliards, je me suis dit que le président de la république vient alors de jeter le masque. Soit, ce qu’il dit contient une part de vérité, soit c’est parce qu’il ne veut pas organiser les élections parce qu’elles coûteraient cher. A y voir de près, c’est vrai parce que la démocratie, elle-même, coute cher. Pour l’avoir dans notre pays, on l’a eu au risque de lourds sacrifices. Des gens sont morts, des gens sont exilés, la famine a sévi dans notre pays où à un moment donné, le maïs s’appelait «  les yeux du chat ». C’est dans cette lutte que certains patriotes se sont organisés en comité d’actions, en partis politiques, en conventions pour que l’on ait la Conférence nationale en 1990. Donc, la démocratie coute cher et si elle coûte cher, son fondement, sa vitalité étant alors l’organisation des élections, c’est normal que cela aussi coûte cher. Donc, si elles coûtent cher, il faut qu’on aille voir les chiffres pour savoir les raisons de la cherté de l’organisation des élections dans notre pays. Est-ce qu’il n’y a pas des dépenses qui sont inutiles, qui ne sont pas de qualité ? C’est ce que devait faire  le chef de l’Etat, s’il voulait vraiment être crédible. C’est facile de venir le dire sans  brandir le contenu des dépenses pour une meilleure appréciation.

On constate que vous rejetez le chiffre de 100 milliards annoncé par le chef de l’Etat. Alors, c’est donc dire que vous, à votre niveau, vous avez les vrais chiffres. Parlez-nous-en.

Le président  n’aurait pas parlé de 100 milliards que la Fesyntra Finances ne serait pas sortie de ses gongs. Souvenez-vous qu’en 2006, quand le pouvoir  de Kérékou III a dit qu’il fallait faire le couplage des élections et qu’il n’avait pas de l’argent pour les organiser, la Fesyntra-finances s’est fait le devoir de sortir les chiffres. A cet effet, le directeur des douanes, Raymond Adékambi,  en son temps aussi,  avait sorti les chiffres. Ce qui lui a valu la perte de son poste. Et à moi,  c’est le ministre Cosme Sèhlin, le 06 février 2006, qui a sorti une note de service pour m’enlever du poste de chef service que j’étais. Je suis ainsi resté de 2006 à 2011 sans travailler pour  l’Etat, tout en percevant un salaire, puisqu’on ne me confiait pas de travail. Donc, les chiffres que je vais vous confier ici maintenant ne sont  pas des chiffres inventés. Il faut vous dire que le gouvernement fait des audits quand il fait les élections. Dites-vous que ce sont des audits qui nous coûtent cher. Les chiffres sont donc connus et il faut dire que quand la Fesyntra finances a été créée, elle ne s’est pas seulement donné comme objectif de défendre seulement les intérêts moraux des travailleurs et de ses militants mais, surtout le contrôle de la gestion des biens publics, de contrôler l’utilisation des ressources financières  au niveau des régies, que ses militants font l’effort de mobiliser pour permettre à chaque gouvernement de mettre en œuvre sa politique de développement. Lorsque des opérations de ce genre se font au Ministère, nous compilons aussi à notre niveau les chiffres. Nous les gardons pour nous et lorsque l’occasion se présente, nous disons au peuple ce qui est. Donc, le chef de l’Etat nous a donné cette occasion. Pour vous dire d’abord que les chiffres que  je veux vous présenter ne font pas cas de la Lépi parce qu’elle  est financée par les partenaires techniques et financiers, de même que les petites dépenses effectuées au niveau du budget national, mais sur les ressources propres mobilisées au niveau du trésor, de la douane, des impôts, c’est-à-dire, ce que le contribuable béninois paye. Je dis d’abord que le chiffre de 100 milliards avancé n’est pas bon. Le président a exagéré et il est le seul à savoir pourquoi il a parlé de 100 milliards, un chiffre rond. Je le dis parce que de 2001 à 2006, il y a eu quatre (04) élections qui nous ont coûté un peu plus de 23 milliards. Mais lorsqu’on voit comment ces 23 milliards sont répartis, il y a des rubriques  sur lesquelles, on peut faire assez d’efforts et réduire les dépenses. Si c’est cela que le président veut exprimer, je suis d’accord avec lui.

Citez-nous en des cas précis

De 2001 en 2006, la Haac qui est l’organe de régulation a coûté un peu plus de 200 millions. Lorsque vous prenez la Cour constitutionnelle, c’est vrai qu’elle joue un rôle, mais elle nous a coûté plus d’un milliard. Ensuite, quand vous prenez le Ministère de l’Intérieur, il a coûté à peu près 2 milliards. C’est vrai qu’on me parlera de la sécurité. Mais, dans le même temps que la sécurité a coûté cela de 2001 à 2006, vous avez des mesures de sécurité qui ont coûté plus de 600 millions. Venant à l’énergie, la SBEE a englouti  plus de 150 millions. L’audit en question a coûté bien plus comme je le disais ; plus de 60 millions. Les chiffres n’ont  jamais été communiqués au peuple pour qu’on sache ce que cela vaut. Je ne veux pas parler du service de renseignements et autres. Mais ce qui est important, de 2001 à 2006, l’organisation des élections, pour les législatives de 2003, on a acheté des véhicules pour plus de 3 milliards. Des véhicules achetés en 2003 ou 2006  sont aujourd’hui où, pour que l’on parle d’achat d’autres véhicules si bien qu’on a loué des véhicules à plus de 400 millions ? Je suppose que les véhicules qui ont été achetés devraient servir aux autres élections. Mais vous  verrez que dans le point de 2007 à 2011, on a loué plus de véhicules et ceux achetés ont disparu de la circulation. On a également acheté des motos qui ont disparu de la circulation. On nous dit même qu’on a loué des hangars et magasins  de 2001 à 2006. Mais ces matériels ont disparu. Lorsque vous voyez tout ça, on se dit que les élections ont coûté de 2001 à 2006, moins de 23 milliards. Si on enlève quelques dépenses, je crois que ça pourra aller. On a acheté près de 200 motos qui ont coûté près de 300 millions.  En réalité, on ne devait plus voir ces rubriques dans les budgets qui ont suivi. Et bien, la grande partie de la question sur laquelle vous m’attendez sans doute, ce sont les primes. Elles nous coûtent les yeux de la tête. Lorsque je prends les élections de 2001 à 2006, c’est plus de 3 milliards. Or, qui sont ceux qu’on déploie sur le terrain. Les jeunes déployés ne sont même pas payés. Je pense qu’on doit penser à comment créer des comités qu’on va appeler «  des bénévoles » pour pouvoir alors nous surveiller les élections pour leur  donner le minimum vital.

Parlez-nous des élections de 2007 à 2011

Maintenant de 2007 à 2011, les élections ont coûté plus de 30 milliards.  Donc, si vous faites la somme, vous vous trouverez à 53 milliards de 2001 à 2011 au lieu de 100 milliards annoncés par le chef de l’Etat. Voilà le vrai chiffre. Je trouve également ce chiffre exorbitant parce que, comme je lai dit tout à l’heure, les élections que le chef de l’Etat a également organisées, se sont appesanties sur la Haac. Donc, de 2001 à 2006 et de 2007 à 2011, le système a été maintenu. Simplement parce que les deux systèmes (Kérékou et Yayi) ont voulu avoir sous leur giron la Haac pour  pouvoir jouer le rôle à leur profit. Donc, il faut alors injecter beaucoup de fonds là. En 2011, la Haac a coûté plus de 379 millions. Et là, les élections présidentielles et législatives toujours ont coûté plus de 2 milliards du côté de la Cour constitutionnelle.

Voulez vous dire que le K.O  de 2011  a pris par là ?

Oui, Oui ! Je me demande si ce n’est pas ça qui a fait le K.O ? D’un peu plus d’un milliard, on est passé à plus de 2 milliards pour 2011 seulement. Est-ce que le K.O ne se retrouve pas-là ? On constate plus d’un milliard de surplus. Ces chiffres sont à interroger et c’est ce travail que la Fesyntra Finances fait. L’ORTB est passé de 150 millions pour se retrouver à plus de 400 millions juste pour les élections présidentielles  et législatives de 2011. Pourquoi a-t-on assez investi dans ce domaine ? On doit alors également se  poser cette question. 400 millions comme frais de location  et près de 900 millions. Revenant à la sécurité, elle a coûté plus d’un milliard cinq cents millions. Pour ce qui concerne les primes, n’en parlons plus. Vous savez, on a même acheté des matériels de plongée lagunaire pour plus de 288 millions pour 2011. Donc, vous constatez que pour 2011, on y a accordé plus d’attention. Les élections législatives et présidentielles ont coûté plus de 21 milliards dans les 30 milliards dont j’ai parlé et qui concernent les élections de 2007 à 2011. Cela donne à réfléchir. J’oubliais. L’impression des bulletins a coûté de 2001 à 2006 plus d’un milliard. L’on retrouve quelque part même au niveau de la rubrique, bulletin, qu’on a dédommagé quelqu’un. Le dédommagement a consisté en quoi ? Je ne saurais le dire. Mais c’est un dédommagement de 25% pour 5.500.000 bulletins pour les législatives. Ce qui a donné 114.125.000 Fcfa. Ce qui a coûté le plus cher également sous Boni Yayi, ce sont les reprises partielles des élections communales. Cela a coûté prêt de 421 millions.

Alors quelles sont vos propositions pour amoindrir les dépenses,  cette fois-ci ?

Je pense que le chef de l’Etat n’a pas menti quand il disait que les élections sont chères. Mais, le montant qu’il a avancé est faux. Il a exagéré et c’est ça qui fait qu’on le soupçonne. On pouvait faire des élections à moindre  coût. Avec 30 milliards, on pouvait organiser les huit (08) élections dont j’ai parlé. Il suffit seulement que l’on voie ce qui est obligatoire. Le matériel lourd (les bulletins et autres) s’impose. Le reste qui concerne le déplacement et autres pouvaient être moindre. Parlant des institutions, ce qui concerne les membres, ce sont les perdiems. Lorsqu’on écoute même les membres du Cos Lépi, qu’ils nous disent combien sont rentrés dans leurs poches par rapport au travail qu’ils ont fait ? Les jeunes qui ont fait le recensement n’ont jamais coûté si cher pour le pays. Mais plutôt ce sont les coordonnateurs qui roulent à plein temps les véhicules loués pour faire leurs affaires et qui ne retournaient pas ces véhicules à temps quand ils finissaient. Il faut préciser que comme perdiems, ils prennent 63.000 fcfa par jour pour la mission au Nord du pays et 54.000 fcfa le jour quand c’est le Sud du pays. C’est tout cela qu’il faut comptabiliser. Donc, les élections coûteraient moins cher s’il y a un minimum de patriotisme auprès de ceux qui sont chargés de son organisation. Je me demande si les montants que j’ai cités au niveau de la sécurité vont vers les soldats qui sont souvent exposés à surveiller les urnes.  Ainsi, si le président dit que les élections ont coûté 100 milliards, il a oublié de déduire ces 21 milliards.

Les activités du chef de l’Etat coûteraient-elles aussi pour le pays ?

Bien sûr.  Depuis qu’il  est arrivé au pouvoir de 2006 à 2014, il nous a coûté plus de 21 milliards. C’est sans compter avec les frais de mission. On doit lui poser la question de savoir ce à quoi cela équivaut. Qu’on ne loue plus d’avion. De l’autre côté, on a chassé nos opérateurs économiques. On met les pressions fiscales et le redressement sur ceux qui résistent.  Donc, voila comment les fonds des contribuables sont gérés.

Votre lecture de la Cena et du Cos-Lépi

Je crois qu’il faut supprimer le Cos-Lépi. Il vaut mieux qu’ils  aillent se reposer. Je ne dirais pas de lancer des ordres de recettes contre eux parce qu’ils ont déjà coûté trop cher. J’ai écouté Elias qui a dit que si le 02 octobre,  le corps électoral n’est pas convoqué, on ne pourra pas faire les élections en 2014. Lorsque j’écoute l’honorable Nicaise  Fagnon qui dit que la thèse de Chabi Sika ne vaut rien, ça m’inquiète et je me demande le jeu auquel ces politiciens jouent avec nous. D’abord des députés et politiques qui ne sont pas spécialisés dans des domaines n’ont pas leur place dans cette affaire de Lépi. Et lorsqu’on les entend, on ne sait qui d’eux dit la vérité. C’est pourquoi, je demande aux jeunes de ce pays de se mettre en comité pour dire qu’on va organiser les élections de la façon où on l’avait fait en 2006 pour que Yayi viennent au pouvoir. Que Cos-Lépi range ses documents pour qu’on trouve une autre formule.

Propos recueillis par Emmanuel GBETO

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